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Jardinage au naturel

Le purin de tanaisie

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Le purin de tanaisie est une préparation végétale qui, pour être fort simple à réaliser, n’en est pas moins efficace. Elle va en effet protéger les plantes contre de nombreux insectes du potager et contre quelques maladies cryptogamiques. Légumes du potager comme plantes ornementales sont concernées par ces agressions et se féliciteront déjà d’avoir pour voisin un pied de tanaisie. La plante en elle-même est en effet très utile mais c’est une fois transformée qu’elle montre toutes ses capacités, notamment en purin. La recette requiert peu d’éléments et se décline en macérations et autres décoctions, chacune ayant ses propriétés insectifuges et/ou fongicides. Facile à trouver dans la nature la tanaisie peut aussi être installée au jardin pour profiter au mieux de ses bénéfices.

Le purin de tanaisie

Comment faire du purin de tanaisie ?

La tanaisie

Il s’agit d’une plante ornementale et aromatique que l’on trouve à l’état sauvage sur les bords de route, autour des champs, là où la terre est argileuse. La tanaisie, Tanacetum vulgare, est une plante herbacée touffue et de haute taille, jusqu’à 1m50. Appartenant aux Astéracées, c’est une bisannuelle. Les longues tiges peu ramifiées portent au mois d’août de belles inflorescences composées de boutons jaune vif. Son feuillage est particulièrement odorant, exhalant un fort parfum de camphre ou de citron selon les chémotypes (variations de certaines particularités chimiques suivant l’écosystème d’où vient la plante).

Cette plante est riche entre autres en tanins, flavonoïdes, ainsi qu’en tanacétine, une substance résineuse. Un autre de ses principes actifs notables est la béta thuyone, une substance neurotoxique pour les mammifères comme pour les insectes. La tanaisie est depuis fort longtemps (Moyen- ge) utilisée comme plante médicinale et en tant qu’aromatique pour son arôme poivré.

Très décorative, elle attire également de nombreux pollinisateurs et auxiliaires du jardin, notamment des syrphes et des abeilles. Elle pourra être semée au mois d’avril, directement en place, dans un sol sableux de préférence mais elle est relativement peu exigeante et s’adaptera à tout type de climat. Ses propriétés allélopathiques lui ouvrent les portes du potager :

  • Elle accompagnera les framboisiers pour éloigner d‘eux le ver de la framboise (Byturus tomentosus).

  • Elle sera plantée au pied des pêchers (pucerons), des pommiers et poiriers (carpocapses).

  • Les pommes de terre apprécieront son voisinage qui éloigne les doryphores.

  • La vigne peut être préservée du scolyte noir du Japon.

  • Les artichauts seront eux-aussi protégés des pucerons.

Plus généralement, elle sera plantée pour éloigner fourmis, vers gris, doryphores. La tanaisie agit comme un répulsif contre certains pucerons, mais elle en attire d’autres et pourra donc servir de plante-sacrifiée. Elle peut également être découpée et posée en paillis au pied des carottes pour éloigner la mouche de la carotte.

On pourra préférer planter la tanaisie à feuilles crispées, Tanacetum vulgare crispum, qui semble plus efficace. Pour ne rien gâcher, son feuillage très découpé et frisé la rend particulièrement esthétique au jardin et son arôme mêlant le camphre, le citron et le bois est très agréable.


La recette du purin de tanaisie

La recette du purin de tanaisie est facile à réaliser et ne demande qu’un peu de patience, le temps de la fermentation, avant de pouvoir utiliser la préparation.

Matériel

  • 1 contenant non métallique (la fermentation fait rouiller le métal) de 10 litres

  • 2 bidons de 5 litres opaques

  • Un entonnoir

  • Un sécateur et des gants. Ces derniers sont impératifs car la plante fraîche peut provoquer des réactions cutanées (dermites), voire une hypersensibilité au soleil.

  • Un tissu pour couvrir et filtrer, ou bien un tamis (le purin va être utilisé en pulvérisations, donc le filtrage doit être fin).

  • 2 kg de tanaisie fraîche (la plante entière). Si la saison est passée, il est possible d’utiliser la plante séchée. Elle est alors plus concentrée en actifs, il faudra dans ce cas diviser la quantité par 10.

  • 10 litres d’eau de pluie ou d’eau non calcaire et non chlorée. Si vous ne pouvez pas récupérer de l’eau de pluie, laissez-la reposer 24 heures afin que le chlore s’évapore et versez environ 8 cl de vinaigre afin de l’acidifier.

Recette

  • Hachez dans un des contenants la tanaisie en petits morceaux pour permettre une meilleure extraction de ses principes actifs et nutriments.

  • Versez l’eau dessus et installez votre préparation à l’ombre et à l’abri de la pluie. Le seau doit être couvert avec un torchon ou un tissu qui laisse passer l’air tout en empêchant les insectes d’entrer.

  • Brassez le mélange tous les jours jusqu’à la fin de la fermentation.

  • Lorsqu’il n’y a plus de bulles en surface, la fermentation est terminée, il est temps de filtrer. En fonction de la température, cette fermentation peut prendre plus ou moins de temps, comptez en moyenne une dizaine de jours.

  • Attachez le tissu sur le deuxième récipient et versez la préparation afin de filtrer le tout.

  • Versez ensuite votre mélange dans les bidons opaques et stockez-les au frais et à l’abri de la lumière. Votre purin de tanaisie pourra se conserver ainsi plusieurs mois.

Attention : contrairement aux résidus d’autres purins de plantes, ceux de la tanaisie ne doivent pas être mis au compost, cette plante a la propriété de bloquer la décomposition des végétaux.

Autres préparations à base de tanaisie

La tanaisie peut être employée pour d’autres préparations insectifuges ou fongicides :

  • La macération de fleurs séchées : hachez finement 30 g de fleurs et placez cette poudre dans 1 litre d’eau de pluie durant 3 jours. Exposez le contenant au soleil pour une meilleure extraction des molécules actives. Cette préparation s’utilise pure, en prévention contre le mildiou et la rouille. Vous la pulvériserez notamment sur les pommes de terre et sur les tomates.

  • La décoction de fleurs ou de plante entière : une fois hachées très fin, versez les 30 g de plantes (300 g si elle est fraîche) dans 1 litre d’eau de pluie et laissez macérer une journée. Vous ferez ensuite bouillir la préparation, puis vous la laisserez frémir une quarantaine de minutes, à découvert. Après avoir laissé reposer une journée, la décoction sera filtrée avant d’être utilisée dans les 30 jours. Elle doit être stockée au frais et à l’abri de la lumière. Elle aussi s’utilise en pulvérisations. La décoction de plante entière est efficace en prévention contre les carpocapses, les cochenilles, la mouche de l’oignon et la piéride du chou. Celle réalisée à partir de fleurs, plus concentrée en principes actifs, sera appliquée sur toutes les plantes sensibles comme répulsif. La sésie du groseillier et du cassis, papillon qui a tout l’aspect d’un frelon, peut ravager ces petits fruitiers. Des résultats tout à fait probants sont obtenus grâce à cette décoction pulvérisée en prévention.

  • L’infusion de plante entière : mettez 30 g de tanaisie sèche ou 300 g de plante fraîche dans un récipient (toujours non métallique) et versez-y 1 litre d’eau bouillante. Couvrez le mélange et laissez infuser une journée. La préparation s’utilise à une dilution de 10%, rapidement. Pulvérisez-la sur les petits fruitiers au printemps et à l’automne pour les protéger des acariens. Les semis de légumineuses, salades, épinards, seront préservés de la mouche des semis. Au printemps et en été, prévenez de la ponte des cécidomyies. (préventif ou curatif sur piéride du chou, pucerons, mouche carotte, altise : 2 applications à 2 jours d’intervalle). Plus généralement, cette infusion sera pulvérisée une fois par semaine dès le printemps jusqu’au mois d’août.

Acheter du purin de tanaisie

Le 27 avril 2016, le Ministère de l’Agriculture a établi un décret stipulant que certaines substances naturelles étaient autorisées pour un usage biostimulant, les rendant commercialisables. La tanaisie ne fait actuellement (août 2018) pas partie de la liste de ces substances naturelles. Les préparations, notamment le purin, réalisées à partir de cette plante ne sont donc pas considérées comme des PNPP, Préparations Naturelles Peu Préoccupantes. Comme “Seules les matières actives listées dans l’annexe I de cette directive peuvent servir pour la formulation de produits de protection des végétaux”, ces préparations ne peuvent bénéficier d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) et ne peuvent donc pas être trouvées dans le commerce.


L’utilisation du purin de tanaisie

Le dosage du purin de tanaisie

  • En pulvérisations, il doit être dilué à 20%. Vous utiliserez donc 1 litre de purin pour 4 litres d’eau afin d’obtenir 5 litres de préparation.

  • Pour arroser avec cette préparation, diluez-la à 10%. Il vous faudra également 1 litre de purin mais cette fois pour 9 litres d’eau.

L’utilisation du purin de tanaisie doit être régulière pour une bonne efficacité. Le mélange doit être pulvérisé en grande quantité sur les parties aériennes des végétaux, sans oublier le revers des feuilles. Le geste doit être effectué le soir, à la tombée du jour. En effet, les principes actifs de la tanaisie se dégradent rapidement une fois exposés à la lumière.


Le purin de tanaisie contre les insectes

Contre les ravageurs, le rôle du purin de tanaisie sera plus d’insectifuge que d’insecticide. Les substances volatiles qu’il émet sont de réels perturbateurs pour de nombreux insectes : fourmis, pucerons (pas toutes les espèces, certaines sont en effet plutôt attirées par la tanaisie), mouches, piérides, tenthrèdes, acariens, aleurodes, altises, ver du poireau, limaces, ... Il a également la capacité d’inhiber l’alimentation de certaines larves et la ponte de certains insectes : doryphores, piérides et pucerons du chou, carpocapses. La mouche du chou sera repoussée par le purin de tanaisie. Ce ravageur est difficile à éliminer une fois qu’il est installé, il vous fait agir en préventif. On l’utilise autant en pulvérisations qu’en arrosage pour éloigner les insectes nuisibles. Les plants doivent être traités tous les 4 à 5 jours.


Le purin de tanaisie contre les doryphores


Le purin de tanaisie contre les doryphores

Le doryphore est un petit coléoptère d’une dizaine de millimètres. Il est très reconnaissable par son corps jaune marqué de lignes noires. Dès que la température le permet (environ 15°), les adultes ayant hiverné sortent de leur abri et commencent à se nourrir de jeunes feuilles. Ils peuvent ensuite pondre au revers de feuilles de pommes de terre et autres solanacées (tomates, aubergines, ...). Une fois les œufs éclos, les larves dévoreront les feuilles de leur plante-hôte. Ayant moins de feuillage pour assurer le processus de photosynthèse, les plantes produiront moins de tubercules ou de fruits. Les jeunes adultes s’attaquent également aux pommes de terre. Les dégâts du doryphore sont repérables par des petits trous dans les feuilles, faits par les adultes comme par les larves qui s’attaqueront ensuite au bord des feuilles. Utilisez le purin de tanaisie contre les doryphores, en pulvérisations préventives.


Le purin de tanaisie contre les piérides du chou

Ce joli papillon blanc aux taches noires passe par un stade larvaire destructeur pour les feuilles de chou et autres brassicacées. Comme plusieurs générations se succèdent, les dégâts se renouvellent durant tout l’été. On repère la présence des larves par les feuilles grignotées jusqu’à la nervure et par une accumulation d’excréments au cœur des feuilles, rendant les légumes inconsommables. Très odorant, l’extrait fermenté de tanaisie perturbe totalement les papillons femelles et les empêche de trouver un lieu de ponte. Il sera employé dès le printemps, à partir du repiquage des plants de choux et autres crucifères, pour éviter l’arrivée des chenilles dévoreuses. Les variétés semées en été seront, elles aussi, protégées immédiatement grâce à des arrosages au pied. L’extrait de tanaisie sera également adopté en traitement curatif.


Le purin de tanaisie contre les aleurodes

Cet extrait fermenté sera notamment employé pour protéger les choux et les tomates sous serre. Il offre le grand avantage de bloquer la ponte de ces ravageurs.


Le purin de tanaisie contre les pucerons


Le purin de tanaisie contre les pucerons

Pulvériser un extrait fermenté de tanaisie repousse de nombreuses espèces de pucerons et peut agir également comme insecticide.


La tanaisie comme insecticide

La tanaisie est une proche cousine du pyrèthre, plante couramment utilisée comme insecticide. Cette propriété se retrouve chez la tanaisie, qui peut se révéler un insecticide puissant : Utilisez des fleurs séchées que vous mixerez pour en faire une poudre. Versez cette poudre dans un litre d’alcool éthylique et laissez macérer 20 jours en remuant régulièrement. Après quoi, il est nécessaire de filtrer cet extrait avant de le mettre dans un contenant, à stocker au frais et à l’abri de la lumière. Cet insecticide doit être dilué avant utilisation, 1 cuillère à soupe dans 1 litre d’eau, à laquelle vous pouvez ajouter une cuillère à café de savon noir qui jouera le rôle d’agent mouillant (il permet au produit de mieux adhérer sur le feuillage). Pulvérisez le soir sur les plantes infestées en évitant de toucher les légumes (si ce n’est pas possible, ne récoltez pas les légumes avant 3 jours et lavez-les bien avant de les consommer). Très puissant, n’utilisez cet insecticide qu’en dernier recours.


Le purin de tanaisie contre les maladies cryptogamiques

Le purin de tanaisie permet de protéger les végétaux de nombreuses maladies cryptogamiques, c'est-à-dire dues à des champignons. Il sera utilisé en prévention sur toutes les plantations sensibles, en arrosages.


Le purin de tanaisie contre la rouille

Plusieurs espèces de champignons sont la cause de cette maladie, selon les végétaux-hôtes. Ceux-ci sont très nombreux, peu de végétaux n’y sont pas sensibles. Au potager, les haricots, l’ail et la pomme de terre sont particulièrement touchés. Au jardin d’ornement cela concerne aussi bien les arbres que les arbustes, les plantes vivaces. Un manque d’aération au niveau des plants et l’humidité de l’air sont des conditions très favorables au développement de ces champignons. Les signes : on voit apparaître sous les feuilles des taches rondes semblables à de la rouille, le dessus de la feuille présentant à l’opposé des auréoles jaunâtres. Le feuillage finit par jaunir totalement puis par se dessécher et tomber. Les fruits ne sont pas touchés mais exhalent une odeur forte. Éliminer les parties atteintes dès l’apparition de ces signes. Pour prévenir le développement de cette maladie, réalisez des pulvérisations de purin de tanaisie.


Le purin de tanaisie contre le mildiou

Mildiou est un nom générique donné à plusieurs maladies cryptogamiques. De nombreux légumes peuvent en être victime : ail, artichaut, aubergine, céleri, chou, courges, épinard, fraise, laitue, oignon, pois, poivron, pomme de terre, tomate, … Les signes de la maladie : les feuilles se tachent de jaune qui vire au brun puis se dessèchent. Les fruits sont marqués de bosses brunes, de marbrures et mûrissent difficilement. Les tiges sont également touchées. La maladie évolue rapidement lorsque certaines conditions sont réunies : température comprise entre 12 et 25°, hygrométrie élevée. Éliminez rapidement les parties touchées pour éviter la propagation. Le purin de tanaisie s’utilise également en prévention.


Conclusion

Appartenant à une famille réputée pour ses nombreuses propriétés, la tanaisie est une plante précieuse pour le jardinier. Elle montre de réels effets répulsifs contre les ravageurs du potager ou du jardin d’ornement et son rôle comme fongicide est tout aussi reconnu. Elle peut être transformée en différentes “potions” suivant l’usage auquel on la destine. Le purin est la plus longue à réaliser mais la recette en est très simple et le résultat offre quelques avantages : il se conserve longtemps et s’emploie en traitement préventif ou curatif. Toujours à utiliser avec précautions car ces préparations, même naturelles, n’en sont pas moins puissantes, elles permettent néanmoins de s’affranchir des produits chimiques. Bien ciblées vers les bio-agresseurs de nos jardins, elles permettront peu à peu de rétablir la biodiversité si essentielle à l’environnement.