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Sous "l'un des plus beaux ciels au monde", on a passé la nuit à l'Observatoire de Saint-Véran

Alpes
Les passionnés d'astronomie le disent : "A Saint-Véran, on a parfois des ciels dignes d'Hawaii ou du Chili." © Marc Lelièvre.

Eh non, il n'y a pas qu'au pic du Midi que les nuits sont plus belles que les jours. Dans le parc naturel régional du Queyras (Hautes-Alpes), à l'Observatoire de Saint-Véran – le plus haut d'Europe - c'est (presque) toujours la "nuit des étoiles". Reportage à près de 3000 m d'altitude.

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Des étoiles, je ne connaissais grosso modo que la Guerre, rapport à mon prénom. Jusqu'à mon embardée stellaire dans le parc naturel régional du Queyras (dont on ne prononce pas le "s"), à l'Observatoire de Saint-Véran (2936 m d'altitude, le plus haut d'Europe). Ici, au pied du pic de Châteaurenard (2989 m), pas de Faucon Millenium ni d'Empire galactique, mais des télescopes maous costauds et des planètes à gogo.

A défaut de pacifique Alderaan ou de menaçante Etoile noire, j'ai vu Saturne faire du hula hoop, un collier de satellites autour de Jupiter et la Lune - pleine - se remettre difficilement de ses crises d'acné passées. C'était en juin dernier, quand la saison devient propice à l'observation de la voûte céleste (privilégier de juin à novembre – idéalement en août - et de janvier à mars).

EN IMAGES
Parc naturel du Queyras : à Saint-Véran, l'observatoire astronomique le plus haut...
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La Lune pour lampadaire

Sous la coupole Eiffel - cousine de la coupole Arago de l'Observatoire de Paris, plantée là depuis 1974 -, trône le rustique et imposant T62 (620 mm de diamètre, 9 m de focale). Quand vient la nuit, il faut compter cinq bonnes minutes pour ouvrir le cimier à l'aide d'une manivelle. Perché sur une estrade en bois, le télescope se pilote à l'aide d'un gouvernail et d'une multitude de petits boîtiers en guise de télécommandes. "Vziou vziou", fait-il au moment de pivoter. Son côté droïde.

A la manœuvre, Capitaine Michel Mathieu, membre d'AstroQueyras, cette association de fondus des étoiles qui fait vivre le site depuis 1989, et accueille depuis 2015 de chanceux visiteurs désireux de mettre l'œil à l'oculaire (20 places dans des chambrettes façon refuge). Bien en évidence sur son t-shirt : le sigle de la Société lorraine d'astronomie. Entre Abraracourcix, Super Mario et Jean-Pierre Darroussin - la moustache et la malice - Michel ne cesse de s'émerveiller. "La Lune fait lampadaire, dommage que vous ne puissiez pas voir la nébuleuse d'Orion.... Elle a de ces couleurs... Pourpre, bleu... On peut passer des heures à la contempler, on est des grands malades."

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Au milieu des marmottes et des rhododendrons

Un grand malade, Dominique Menel ? Mi-Jacques Perrin mi-Harrisson Ford – le chic et le bagou - celui qui tient à se présenter comme "permanent du site" et non comme "directeur", est plutôt du genre extatique. "Etre seul ici, c'est grandiose. J'y passe sept mois de l'année. Un peu comme un ermitage. Pas de bagnoles ni de barres d'immeubles, juste celle des Ecrins", confie celui qui, amusé, propose à ses hôtes tartiflette et génépi au petit-déjeuner.

La veille, c'est lui qui nous conduisait en 4 x 4 du village de Saint-Véran (2040 m) aux trois champignons blancs de l'observatoire. Bling blang blang blang blang plonk… 45 minutes à 10 à l'heure sur un chemin caillouteux. Si l'on a trois heures devant soi (et de bonnes godasses), mieux vaut y aller à pied. Des marmottes à foison crapahutent au milieu des renoncules et des rhododendrons.

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"On se croirait parfois au Chili ou à Hawaii"

"Si l'on compare au pic du Midi, c'est peut-être le seul inconvénient : l'accessibilité, reconnaît Dominique, favorable à l'installation d'un téléphérique (que redoutent certains, ndlr). Mais nous avons davantage de nuits claires ! 150 environ, contre une centaine dans les Hautes-Pyrénées. C'est vraiment l'un des plus beaux ciels au monde. On se croirait parfois au Chili ou à Hawaii. Notre chance, c'est la quasi-absence de pollution chimique dans la région" (peu d'activités industrielles et moins d'habitants dans les Hautes-Alpes que dans un arrondissement parisien, ndlr).

L'observatoire – partenaire de celui de Paris - est également épargné par le fléau de la pollution lumineuse (la deuxième cause de mortalité des insectes nocturnes après les pesticides, ndlr). "Nous avons œuvré pour que les villages alentour éteignent leur éclairage public. Le seul dôme de lumière qui nous embête parfois, c'est celui de Turin."

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Future réserve internationale de ciel étoilé ?

Comme les Cévennes et le pic du Midi, Saint-Véran compte se lancer dans une démarche de labellisation RICE, réserve internationale de ciel étoilé. Un concept élaboré en 1988 par l’association Internationale Dark-Sky pour sanctuariser les zones qui jouissent de nuits vierges de lumière artificielle. "Nous pourrions nous associer à la réserve de biosphère du mont Viso, ce qui ferait de nous la première RICE transfrontalière", espère Dominique Menel.

En attendant, il se prépare à l'arrivée d'un nouveau joujou. L'an prochain devrait commencer la construction d'un télescope robotique d'1 m de diamètre, qui pourrait être piloté depuis l'Observatoire de Paris et permettrait d'étudier – entre autres – des quasars : ces cas particuliers de noyaux actifs de galaxies lointaines, très lointaines…

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🌟 En images : Saint-Véran, l'observatoire astronomique le plus haut d'Europe.

INFOS PRATIQUES

L'Observatoire est accessible uniquement à pied. Comptez environ trois heures de marche depuis le village. Là-haut, les astronomes amateurs et les animateurs de l’association AstroQueyras proposent au public des "Nuits découvertes" incluant une animation astronomique (autour de trois télescopes : le "T62" et deux" T500 RC500"), une nuit à l’observatoire et un petit-déjeuner.
Accès au site :
• En été : en randonnée, compter environ 3h de marche facile pour rejoindre le site depuis le village.
• En hiver : en ski de randonnée ou en raquettes pour les très bons marcheurs et pour bon skieur uniquement.
Tarifs : De 75€ à 85€ par personne selon les périodes. Sur réservation uniquement.

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Merci pour son aide à l'Agence de développement des Hautes-Alpes.

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