Chanteuse sans filtre, Agnès Bihl passe trois soirs au Bijou

"C’est toujours chez les petites bonnes femmes que se cachent les grandes dames", disait Charles Aznavour d’Agnès Bihl. Depuis 20 ans, la "petite bonne femme" blonde promène sa verve et son verbe sur les itinéraires bis de la chanson française, de petites en grandes salles, loin des télés mais toujours au plus proche des gens. Son dernier album, "Il était une femme", accueille une mélancolie qui sera sûrement au cœur d’un spectacle qui "passera par toutes les émotions", promet-elle. "Il y a quand même des morceaux joyeux, objecte-t-elle au téléphone avant d’éclater de rire. "Il était une femme" parle d’une voisine, victime de violences conjugales ; "Les gens bien" évoque le personnel soignant que j’ai côtoyé auprès d’un ami malade ; "Ni faite ni refaite", c’est sur l’image de la nana dans cette société où est programmée l’obsolescence de la gonzesse…" Les mots sont précis, visent la tête et frappent en plein cœur. Les mélodies évoquent Anne Sylvestre (elles ont réalisé ensemble l’album "Carré de Dames"), Aznavour (il l’avait embarquée, lui qui ne prenait jamais de première partie, sur la tournée de 2007 – les Toulousains découvrirent son extraordinaire présence scénique à cette occasion, au Zénith – avant de produire ses albums) et Renaud, à propos duquel elle affirme : "Sans lui, je n’aurais jamais pu chanter en français". Le disque s’achève d’ailleurs sur "Ça va Manu ?", charge au bazooka contre le Président sur l’air de la ballade du Titi de Paname. "Je suis militante et indignée, comme beaucoup de gens ! J’ai d’ailleurs écrit la suite, "Manu est revenu" sur l’air de "Mathilde" de Brel !" Et la chanteuse de l’entonner à tue-tête et de rire, encore et toujours plus fort. Elle est comme ça, Agnès. Sans filtre, sans fard. Et sacrément attachante.