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Hautes-Alpes : après deux ans de rebondissements, Fort-Queyras redevient propriété de… ses propriétaires

Par M.F.

Balade dans le QueyrasIci Fort QueyrasPhoto : Sandra BASSO

Fort-Queyras revient dans le giron de ses propriétaires d’origine après deux ans de rebondissements judiciaires.

Photo archives S.B.

Chateau Queyras - Gap - Château-Ville-Vieille

Après l’histoire, après le cinéma, c’est au tour de la justice de mettre Fort-Queyras dans la lumière. L’épilogue de deux ans de procédure.

Fort-Queyras, édifice du XIIIe siècle sur la commune de Château-Ville-Vieille (Hautes-Alpes), ne pouvait de nos jours encore qu’engendrer la curiosité, d’autant plus après moult rebondissements sur la scène judiciaire. La fin de la partie qui consistait en une série de mises aux enchères dont le premier acte était intervenu le 15 avril 2021, vient d’être sifflée. Les créanciers, dont la Caisse d’Epargne et de Prévoyance Côte d’Azur, désireux de recouvrer les dettes dues par la famille Marty, propriétaire du château, étaient à l’origine de la vente forcée. Mis à prix à 400 000 euros, le bien était adjugé à 661 000 euros à la SCI Melma, établie à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Mais le nouveau propriétaire ne le deviendra jamais car dans l’incapacité d’honorer son offre. La famille Marty reprenait possession de son bien tout en demeurant sous la menace de leurs créanciers. Le 3 novembre 2022, une nouvelle mise aux enchères avait lieu à la barre du tribunal judiciaire de Gap (Hautes-Alpes). Un entrepreneur gapençais, Nicolas Chabrand, président de la fédération du BTP 05, se voyait adjuger l’emblématique château-fort grâce à une offre de 811 000 euros. Mais une surenchère était formalisée par un groupe d’investisseurs du sud de la France auprès du juge d’exécution du tribunal. Un projet hôtelier se dessinait.

Une fois encore, l’enchère n’ira pas à son terme. En effet, le 2 mars 2023, date à laquelle le juge de l’exécution entendait effectuer la vente, il apprenait que la famille Marty était parvenue à régler ses dettes. Ce lundi 15 juin, Fort-Queyras revenait à la barre du tribunal de Gap. Le juge, Laurent Massa, constatant la réalité des créances réglées, mettait un terme définitif à ce feuilleton judiciaire. Il entérinait ainsi la convention de désistement intervenue le 6 avril dernier. "C’est un dossier qui finit bien malgré toutes les péripéties, et dans l’intérêt de tout le monde !" concluait le magistrat.

Histoire et cinéma

De ce fort implanté dans le Queyras, voisin de l’Italie, Vauban l’estimait "assis sur un assez haut rocher dans le milieu de la vallée, mais petit, fort serré et environné de montagnes qui semblent le vouloir écraser !" Jugeant nécessaire de le conserver quand même, il se rendit sur place en septembre 1700 et ordonna de compléter son appareil défensif. La silhouette massive est connue de nombreux Alpins du Sud et de Provençaux. L’édifice comportant plusieurs milliers de mètres carrés bâtis a accueilli des tournages cinématographiques. Les plus fameuses scènes sont sans doute celles du film de cape et d’épée réalisé par Philippe de Broca, Le Bossu, sorti en 1997, dans lequel le chevalier de Lagardère (alias Daniel Auteuil) vient à la rescousse du duc de Nevers (alias Vincent Pérez). Ce dernier est assassiné sur les remparts du fort. Dans un dernier souffle, il demande à Lagardère de recueillir sa fille, Aurore, âgée de quelques mois à peine. Ce qu’il fera tout en vengeant in fine la mort de son ami.