Thésée

Thésée et le Centaure.
Thésée et le Centaure.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Roi d'Athènes.

Qu'on enlève Thésée aux Athéniens, et Athènes n'existera pas, ou du moins n'aura pas autant de gloire.

Incapable de comprendre pourquoi il ne peut avoir d'enfant, Égée se rend un jour à Delphes pour consulter le célèbre oracle. La réponse est absconse : « Le pied qui sort de l'outre, grand prince, garde-toi de le délier avant d'arriver à Athènes. »

Dépité, le souverain d'Athènes prend le chemin du retour. À Trézène, il reçoit l'hospitalité du roi Pitthée. Ce fils de Pélops, qui est devin, sait que le fils engendré par son invité connaîtra la gloire. Aussi le souverain fait-il boire Égée plus que de raison, avant de mettre sa propre fille Éthra dans son lit. Cette version, suivie par Stace et Sénèque et mentionnée également par Isocrate, fait de Thésée le fils de Poséidon, le dieu ayant violé Éthra ; Égée n'est que le père déclaré.

Voir aussi : Éthra

Avant de quitter le palais, Égée y laisse, sous un rocher énorme, son épée et ses sandales. De son épouse d'une nuit, il obtient qu'elle lui fasse la promesse suivante : si un fils doit naître de leur amour, et qu'il se montre assez fort pour récupérer l'épée et les sandales, il devra rejoindre son père à Athènes ; mais l'enfant, jusqu'à cette date, ignorera tout des circonstances de sa naissance. Thésée naît bientôt.

L'enfance

Il passe son enfance à Trézène, entre son grand-père Pitthée, sa mère Éthra et son pédagogue Connidas. Déjà son courage et sa force dépassent la commune mesure. Un jour, son grand-père accueille Héraclès à sa table ; en déposant à terre sa peau de lion, le demi-dieu affole les convives réunis, vite dispersés, qui croient que le fauve est vivant ; seul, Thésée, alors âgé de sept ans, s'arme d'une hache et se prépare à affronter l'animal.

Il a seize ans lorsqu'il soulève, sans effort apparent, le rocher, et découvre les sandales et l'épée dissimulées par Égée. Sa mère, lui ayant dévoilé les secrets de sa naissance, Thésée part pour Athènes. Pitthée et Éthra, craignant pour la vie de leur enfant, lui conseillent de s'embarquer à bord d'un navire, moyen le plus sûr pour gagner l'Attique. Thésée ne tient pas compte des recommandations. Et son trajet est en effet ponctué de dangers, dangers que, manifestement, il est enthousiaste d'affronter à l'instar d'Héraclès, sans compter le déshonneur qu'il y aurait eu à se dérober aux combats, au lieu de purger la terre des méchants.

Les premiers exploits

Thésée se défait de nombreux monstres et brigands : à Épidaure, il découpe en morceaux le géant Périphétès qu'on appelle aussi Corynétès, le fils d'Héphaïstos et d'Anticlée. Thésée s'empare de sa massue qui ne le quitte plus ; près de Corinthe, il écartèle Sims (Pityocamptès), fils de Poséidon et bandit redoutable ; il tue une truie monstrueuse, Phaïa, qui ravage la contrée de Crommyon, non loin de Corinthe ; il précipite du haut d'une montagne de l'Attique, le cruel Sciron ; à Éleusis, il écrase le tyran Cercyon ; Érinéos, bourgade de l'attique, il décapite le féroce Procuste. C'est sur l'autel de Zeus Meilichios, au bord du Céphise que Thésée se purifie de ses crimes, avant de gagner Athènes.

Voir aussi : Sinis, Phaïa, Sciron, Cercyon, Procuste

Thésée retrouve son père à Athènes

La cité est le théâtre d'une étrange confusion : Égée, tombé sous le charme de Médée, laisse la magicienne gouverner le royaume ; il faut dire qu'elle lui a promis que, grâce à ses drogues, il aura bientôt un enfant. Ayant appris l'arrivée d'un étranger, déjà célèbre en raison d'exploits dignes d'Héraclès, dont il est l'auteur, et craignant de perdre son autorité, Médée décide de l'éliminer.

Médée envoie donc Thésée, avec la conviction qu'il y laissera la vie, combattre le taureau qui ravage la plaine de Marathon, ce même taureau qu'a déjà affronté Héraclès et que le demi-dieu a finalement laissé libre. Thésée tue l'animal. Il fonde le temple de Zeus Hécalésios, en souvenir d'Hécalé, une vieille femme qui lui a accordé l'hospitalité, et dont il vient d'apprendre la mort. Une fois revenu à Athènes, Thésée sacrifie l'animal à Apollon. C'est lorsqu'il brandit son épée, ou au moment où il lui en fait don, qu'il est reconnu par son père.

Sa présence est saluée par les Athéniens, mais pas par les Pallantides, les cinquante enfants de Pallas, frère d'Égée, qui espéraient bien succéder au souverain dépourvu de descendance. Un complot, destiné à assassiner Égée, s'organise bientôt. Mais il est découvert par Thésée. Un grand affrontement s'ensuit dans la cité. Thésée tue Pallas et ses fils. Pour ces meurtres, il est jugé au tribunal du Delphinion, et absous. On dit aussi que Thésée, banni de la cité, se rend à Trézène pour se purifier de ses crimes, et qu'il demeure une année dans la ville. Enfin, Thésée n'aurait tué qu'un fils de Pallas qui aspirait à régner ; Thésée choisit de lui-même de s'exiler pendant une année, en compagnie de Phèdre.

Thésée, Ariane et le Minotaure

L'inimitié est forte entre Égée et Minos. Le fils du roi de Crète, Androgée sort immanquablement vainqueur des jeux des Panathénées. Il est donc assassiné et la responsabilité de sa mort retombe sur Égée. Minos entre en guerre contre Athènes ; vainqueur, il impose au vaincu un lourd tribut : chaque année, neuf années durant, sept jeunes garçons et sept jeunes filles de noble famille seront livrés au féroce Minotaure.

Voir aussi : Androgée

Deux fois déjà la dette humaine a été payée. Égée est l'objet de l'indignation de ses citoyens qui clament qu'au bout du compte, le responsable de ce tribut, n'a pas sa part de châtiment. C'en est trop pour Thésée qui s'offre d'y mettre un terme (on dit également qu'il est tiré au sort). Il se porte volontaire pour accompagner ses jeunes compatriotes en Crète (parmi lesquels Périboéa, la fille d'Alcathoos) à bord d'un navire qui, en signe de deuil, hisse une voile noire ; Égée demande à son fils, si l'entreprise réussit, de la remplacer par une blanche, en signe de joie. Thésée, après un sacrifice à Apollon qui lui conseille de prendre Aphrodite pour guide, embarque pour la Crète.

À son arrivée sur l'île, Thésée se présente comme le fils de Poséidon, ce qui lui vaut les sarcasmes de la part de Minos. Celui-ci, par dérision, ôte l'anneau en or qu'il porte au doigt, et le jette dans les flots déchaînés, défiant l'Athénien de le repêcher. Thésée plonge et nage vers les profondeurs. Il émerge de longues minutes après, l'anneau dans la main et le front ceint d'une couronne offerte par Amphitrite.

La princesse Ariane, tombée amoureuse par l'intervention d'Aphrodite, offre à Thésée une épée et une pelote de fil (peut-être aussi une couronne de lumière, œuvre d'Héphaïstos) grâce à laquelle, en la déroulant derrière lui, Thésée pourra retrouver son chemin dans le Labyrinthe, demeure du Minotaure. Après avoir promis un amour éternel à Ariane, Thésée s'engage dans le Labyrinthe et, à l'aide de ses poings seuls, il tue la féroce créature.

Voir aussi : Minotaure

Thésée prend ensuite le chemin du retour, en compagnie de la jeune fille. Ils font halte sur l'île de Dia (Naxos) d'où, selon les désirs de Dionysos, amoureux d'Ariane, Thésée repart seul le lendemain matin.

Peut-être parce que Dionysos a jeté l'oubli dans son esprit, peut-être parce que malheureux de se retrouver soudain seul, peut-être parce qu'il est trop enthousiaste à l'idée de revoir sa patrie, Thésée néglige de hisser la voile blanche, ainsi qu'il l'a promis à son père. Mais Ariane, abandonnée, malheureuse, a invoqué les dieux, appelant le malheur sur Thésée et les siens.

Voir aussi : Ariane

Thésée fait escale sur l'île de Délos. Il consacre à Apollon une statue en bois d'Aphrodite, que lui a donnée Ariane. En l'honneur du dieu, il institue une danse qui demeure dans le folklore des Déliens ; cette danse, appelée « grue », rappelle par ses mouvements les allers et retours du labyrinthe.

Égée, cependant, qui scrute l'horizon, aperçoit le navire endeuillé comme à l'aller. Croyant son fils mort, il se jette dans la mer qui prend son nom.

Voir aussi : Égée

Thésée, roi d'Athènes

Thésée succède à son père sur le trône d'Athènes. Il unifie les villes de l'Attique autour de la cité (synœcisme) dont l'importance s'accroît dès lors ; la royauté s'efface devant la démocratie ; à la suite de quoi, Thésée établit le culte d'Aphrodite Pandémos (« Du peuple entier »). Il divise les citoyens en trois classes : nobles, artisans, cultivateurs ; les premiers ont pour eux la gloire, les deuxièmes l'utilité, les troisièmes le nombre. À Corinthe, en l'honneur de Poséidon, il réorganise les jeux Isthmiques ; on dit que Thésée consacre les jeux à Sciron afin d'expier le meurtre, car Sciron est l'un de ses parents, par Pitthée. Les Panathénées célèbrent non plus les seuls Athéniens, mais aussi les peuples des cités voisines ; il fait battre de la monnaie, promulgue des lois sociales en faveur des plus pauvres.

Sous son règne a lieu la guerre des Sept Chefs devant Thèbes. Quoiqu'il ne soit pas vraiment l'ami d'Adraste, à la demande d'Évadné, la femme de Capanée, il récupère les cadavres tombés sur le champ de bataille et il esta l'origine de la chute de Créon. À Colone, il accorde une généreuse hospitalité à Œdipe.

Thésée défait les Amazones, alors qu'elles cherchent à envahir l'Attique. Il épouse leur reine, Hippolyté ou Antiope. Ils ont un enfant, Hippolyte. (On donne parfois Thésée comme compagnon d'Héraclès, dans cette guerre, mais aussi dans l'aventure des Argonautes ; il faut néanmoins se rappeler que, selon la tradition la plus courante, Thésée est plus jeune qu'Héraclès d'une génération.)

Voir aussi : Amazones

Les exploits de l'homme mûr

La renommée de Thésée est telle que le roi des Lapithes, Pirithoos, veut se mesurer à lui. Pirithoos lui dérobe quelques bœufs, histoire de le défier. Mais au lieu de fuir, il l'attend de pied ferme. Lors de l'affrontement, chacun des protagonistes est si émerveillé par l'audace, la force, l'héroïsme de l'autre que, d'un commun accord, ils cessent le combat avant même qu'il n'ait vraiment commencé. C'est ainsi que Pirithoos et Thésée deviennent les meilleurs amis (amants ?) du monde, devant un verre de vin bu à Colone. Pirithoos invite son ami à ses noces avec Hippodamie. Lorsque les Centaures, invités eux aussi, créent la zizanie parmi les festivités, Thésée aide Pirithoos à faire place nette.

Voir aussi : Pirithoos

Après la mort de sa femme, Thésée épouse Phèdre, la sœur d'Ariane, qui lui donne deux fils, Acamas et Démophon. (Œnopion et Staphylos passent, selon les versions, pour les enfants d'Ariane et de Thésée, d'Ariane et de Dionysos.)

Alors âgé de cinquante ans, Thésée, avec l'aide de Pirithoos, enlève Hélène dans le temple d'Artémis, ou sur les bords de l'Eurotas. Ils la tirent au sort : le gagnant l'épousera mais aidera le perdant à contracter un autre mariage. Le sort est favorable à Thésée. Ils cachent Hélène avec Éthra, dans le village d'Aphidna, non loin d'Athènes, chez un certain Aphidnos, ami de Thésée. Pourtant, peut-être parce qu'il redoute Castor et Pollux, Thésée ne touche pas Hélène, tout juste lui vole-t-il quelques baisers.

Quant à la femme désirée par le Lapithe, elle n'est autre que Perséphone, l'épouse d'Hadès. Malgré la difficulté de ravir une divinité de ce rang, malgré la folie d'une telle entreprise, Thésée respecte l'accord qui le lie aux entreprises de Pirithoos. Tous deux descendent donc aux Enfers. Le fourbe seigneur des ombres n'est pas dupe : il prie ses visiteurs avant tout de s'installer confortablement, dans ces sièges qu'il leur désigne. À peine les deux compagnons sont-ils assis qu'ils demeurent immobiles, incapables même de songer à se lever. Ils viennent de prendre place sur les trônes du Léthé, de l'Oubli. Si Thésée est ensuite délivré par Héraclès, Pirithoos demeure au royaume des ombres où il est attaché à la même roue qu'Ixion ; on dit aussi que Cerbère le dévore. Quant à Hélène, elle est délivrée par ses frères Castor et Pollux, grâce à la dénonciation d'Académos ; les Tyndarides en profitent pour enlever Éthra, la mère de Thésée ; ils l'emmènent à Troie et font d'elle l'esclave de leur sœur.

Voir aussi : Hélène

Mais Thésée est également atteint dans sa vie privée : Phèdre, sa femme, tombe amoureuse de son indifférent et trop chaste beau-fils, Hippolyte, qu'elle calomnie avant de se donner la mort. Thésée, à peine revenu des Enfers, demande à Poséidon la mort de son enfant pour le crime qu'il n'a pas commis (le viol de Phèdre), après avoir absurdement attribué sa faute à son ascendance (les Amazones).

Voir aussi : Hippolyte

La mort de Thésée

Thésée aux Enfers, Ménesthée est mis sur le trône par ses anciens ennemis, les Dioscures. À son retour, impuissant à rétablir la situation, Thésée, haï, repoussé, se réfugie dans l'île de Scyros, où il a des domaines qu'il tient de son père. Il demande au roi Lycomède de les lui rendre, car il compte s'y installer. Le roi, sous prétexte de lui montrer ses propriétés, emmène Thésée au sommet d'un rocher ; puis il le pousse dans le vide. Une légende veut qu'Achille débarque en armes sur l'île de Scyros pour venger son ami ; mais que finalement, étant tombé amoureux de la princesse Déidamie, il se soit réconcilié avec Lycomède.

La dépouille de Thésée demeure longtemps isolée. Puis, après les guerres médiques, conseillés par l'oracle d'Apollon, les Athéniens font rapporter ses cendres à Athènes, au pied de l'Acropole ; reliques sacrées, elles sont placées dans le Théséion, sanctuaire qui devient un asile pour les fugitifs. La date à laquelle Cimon fait rapporter les cendres de Thésée est fixée à 470 av. J.-C. ; or le temple dit Théséion est construit en 425-430 av. J.-C... Il s'agit en réalité de l'Héphaïstéion.

Héros national, Thésée dépasse la légende. Pendant la bataille de Marathon, les Athéniens affirment qu'il leur est apparu, les incitant à vaincre les Perses. Quelques auteurs tardifs tentent de faire de Thésée un personnage historique.

On lui rend un culte en Thessalie, en Béotie, à Scyros, à Naxos, à Délos et à Marathon.

Voir aussi : Héros

Variante : Comment Égée reconnaît son fils

Parce que cet étranger est susceptible de s'emparer du trône, Médée suggère à Égée de l'inviter à un festin et de l'y empoisonner. Faible devant la magicienne, et n'ayant pas vraiment de raisons de douter de sa bonne foi, Égée se laisse convaincre. Lorsque Thésée se lève pour trinquer, coupe empoisonnée à la main, la garde de son épée heurte le bord de la table ; le tintement attire les regards vers l'arme. On dit aussi que le vieil homme reconnaît l'épée alors que Thésée l'a dégagée du fourreau afin de couper les viandes avec. C'est ainsi qu'Égée, reconnaissant son fils, l'empêche de boire. Médée, dont les perfides desseins viennent d'être révélés, est aussitôt chassée du palais. Les Athéniens, joyeux, chantent un hymne à la gloire du héros, qui résume ses principaux exploits.

Variante : Le taureau de Marathon

Certains placent, après le meurtre des Pallantides, le combat de Thésée contre le taureau de Marathon, histoire pour le héros de se donner de l'action et d'accroître sa popularité.

Variante : Thésée et Minos

Thésée et les jeunes Athéniens font route vers la Crète, sur le vaisseau de Minos. Celui-ci caresse la joue d'Éribée, geste qui déplaît à Thésée. Mais Minos, se sachant fils de Zeus, dédaigne la remarque de Thésée, fils de Poséidon. Et pour le mettre à l'épreuve, le roi de Crète lance son anneau d'or dans la mer, exigeant de son rival qu'il le récupère : Thésée, sans plus attendre, gagne le gaillard et plonge dans la mer. Cependant, le navire, poussé par Borée, continue sa route. Des dauphins mènent Thésée à la demeure de Nérée et d'Amphitrite. La déesse lui couvre les épaules d'un manteau de pourpre et pose sur sa tête une couronne. Quelques instants plus tard, il reparaît à la poupe du navire, parfaitement sec, à la surprise de tous, en possession de l'anneau que Minos a jeté.

Variante : Le fil d'Ariane

C'est sur les conseils de Dédale, qui lui révèle également où se trouve la sortie, que Thésée utilise une pelote de fil. À sa sortie du Labyrinthe, il enlève Ariane.

Variante : L'enlèvement de Perséphone

Plutarque et Pausanias mentionnent une version très evhémériste de l'événement : afin de remplir la partie du contrat, Thésée part avec Pirithoos en Thesprotie pour enlever la fille d'Aidonéus, le roi des Molosses : la reine s'appelle Perséphone, la princesse Coré et le chien royal Cerbère. Le souverain met aux prises son chien avec les prétendants à la main de la jeune fille ; seul le vainqueur l'épousera. Ayant appris que les deux hommes n'ont aucune prétention « légitime », le roi fait illico dévorer le Lapithe par son chien et retient Thésée prisonnier. Héraclès, invité d'Aidonéus, convainc le Molosse de le libérer.

Variantes : Thésée aux Enfers

I. C'est sur un rocher que Thésée et Pirithoos restent collés. Lorsque Héraclès vient libérer Thésée (Pirithoos demeurant aux Enfers), le héros athénien laisse bien malgré lui sur la pierre une partie de ses fesses ; ainsi les Athéniens passent-ils pour avoir un derrière plat. Mais on ajoute aussitôt que cette particularité physique concerne les rameurs, qui demeurent longtemps assis.

II. Si la tradition veut que Thésée ait été libéré des Enfers par Héraclès, il n'en demeure pas moins, pour certains, que sur le trône de l'oubli « l'infortuné Thésée est assis et le restera éternellement ».

Thésée, roi d'Athènes

Après la mort d'Égée, il conçut une grande et étonnante entreprise, qui fut de réunir en un même corps de ville tous les habitants de l'Attique, et de former un seul peuple, une seule cité de gens dispersés jusque-là, difficiles à réunir pour les affaires d'un intérêt commun, et souvent même en lutte et en guerre les uns avec les autres. Parcourant de sa personne les dèmes et les familles, il voit les simples citoyens et les pauvres adopter aussitôt son projet : quant aux puissants, il leur promet un gouvernement sans roi, une démocratie, où il ne se réservait que le commandement militaire et la garde des lois, laissant aux autres une égalité parfaite. Il en persuada quelques-uns : les autres, craignant sa puissance, déjà grande, et son audace, aimèrent mieux céder de bonne grâce que par contrainte. Il détruisit dans chaque bourg les prytanées, les conseils et les magistratures, institua un prytanée et un conseil commun, au lieu même où est bâtie aujourd'hui la cité, donna à la ville le nom d'Athènes et établit la fête générale des Panathénées. Il établit également le seize du mois Hécatombéon les métécies qui se célèbrent encore aujourd'hui. Puis, abdiquant la royauté, suivant sa promesse, il régla le gouvernement, en commençant par les dieux. Or voici l'oracle qui lui fut rendu à Delphes au sujet de la ville :

Fils d'Égée, ô Thésée, issu du grand Pitthée,

Mon père à ta cité rattache les destins

De cent peuples divers, ou proches ou lointains :

Bannis donc tout souci de ton âme attristée :

L'outre brave les mers et les flots incertains.

Le même oracle fut, dit-on, rendu plus tard par la Sibylle, au sujet d'Athènes :

L'outre peut se mouiller, mais n'enfonce jamais.

Dans le dessein d'accroître encore plus la population de la ville, il appelait tout le monde à l'égalité, et la proclamation : « Venez ici, tous les peuples ! » fut, dit-on, celle de Thésée, faisant d'Athènes une sorte de rendez-vous. Il ne permit pas cependant que cette foule indistincte et affluente composât une démocratie confuse et désordonnée : il commença par séparer les nobles les laboureurs et les artisans. Il donna aux nobles la connaissance des choses divines, le privilège des magistratures, l'explication des lois et l'interprétation publique des rites sacrés et des cérémonies, de sorte qu'il y eut égalité parfaite, les nobles ayant les honneurs, les laboureurs l'utilité et les artisans le nombre. Ce que dit Aristote, que Thésée inclina le premier vers le gouvernement de la multitude et se démit de la monarchie, semble confirmé par le témoignage d'Homère, qui, dans le catalogue des vaisseaux, donne aux seuls Athéniens le nom de peuple (dèmos). Thésée fit frapper une monnaie à l'empreinte d'un bœuf, soit à cause du taureau de Marathon ou du général de Minos, soit pour inspirer le goût de l'agriculture à ses concitoyens. [...] »

Après qu'il eut attaché par un lien indissoluble le territoire de Mégare à celui de l'Attique, il dressa dans l'Isthme la fameuse colonne sur laquelle il grava, pour indiquer la limite des deux pays, cette inscription en deux vers trimètres : du côté oriental, il y avait :

C'est l'Ionie ici, non le Péloponnèse.

Et du côté occidental :

C'est le Péloponnèse et non pas l'Ionie.

Plutarque

Thésée combat et vainc les Amazones qui envahissent l'Attique.
Thésée combat et vainc les Amazones qui envahissent l'Attique.
Thésée et le Centaure.
Thésée et le Centaure.