Le Cri de Munch s'expose à la Fondation Louis-Vuitton
La Fondation Louis-Vuitton présente, à partir de mercredi, dans le bois de Boulogne, à Paris, une sélection d’œuvres majeures du XXe siècle, fondatrices de la modernité.
Le Cri, d'Edvard Munch, hurle son désespoir, cueillant les visiteurs dès l'entrée d'un direct à l'estomac. Les jeunes gens de La Danse de Matisse concluent le parcours de leur sarabande sauvage et joyeuse, permettant de repartir avec un peu de leur énergie en bandoulière. Entre ces deux toiles célébrissimes, l'exposition "Les Clefs d'une passion", qui ouvre le 1er avril à la Fondation pour l'art contemporain Louis-Vuitton, à Paris, déroule une soixantaine d'œuvres majeures du XXe siècle.
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Les trois versions du Cri détenues par la Norvège ne quittent plus le pays depuis un vol rocambolesque en 2004. Mais la dynamique Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation, auparavant à la tête du musée d'Art moderne de Paris, a réussi ce tour de force remarquable. Et bien d'autres encore, puisque, aux côtés de ces deux trésors réputés inamovibles, sont accrochées des créations de Giacometti, Bacon, Malevitch, Monet, Rothko, Bacon, Mondrian, Léger, Picasso, Kandinsky, originaires de musées internationaux et de collections privées.
"Des icônes, sélectionnées parce qu'elles ont à leur façon cassé des règles et qu'elles s'imposent aux visiteurs ; elles ont en quelque sorte une aura, une présence réelle", détaille la directrice artistique. Les toiles et les quelques sculptures présentées – toutes "éruptives et irréductiblement singulières d'artistes eux-mêmes révolutionnaires" – ont contribué à changer le cours de l'histoire de l'art du XXe siècle. "Les artistes d'aujourd'hui s'inscrivent dans des lignées. Ces œuvres iconiques sont devenues des références." Des clefs irriguant les choix des amateurs d'art d'aujourd'hui, tel Bernard Arnault , PDG de LVMH et président de la Fondation. Quatre lignes sensibles sous-tendent sa collection contemporaine, et se retrouvent dans l'exposition. L'expressionnisme "subjectif" d'abord. Avec Le Cri de Munch en vedette, une toute petite toile extrêmement puissante, même sous vitrine, mais aussi avec un autre beuglement silencieux, celui sortant de la bouche béante de L'Étude, pour un portrait de Francis Bacon (1949).
"Le carré n'est pas carré, la croix est courbe et le cercle s'échappe"
Après cette première séquence très forte sur les tourments existentiels, place à l'apaisement, aux paysages, à l'eau, aux reflets. Place à la contemplation des Nymphéas, de Monet, dialoguant avec Le Léman peint par Hodler, La Mer du Nord de Nolde ou de Mondrian (des toiles pointillistes qui ne sortent pas non plus des Pays-Bas). Ne manquez pas la série des Lac Keitele par Akseli Gallen-Kallela, des étendues d'eaux zébrées par des courants argentés. L'un de ces paysages vient de la National Gallery, à Londres, où sa reproduction en carte postale est la plus vendue du musée.
La salle suivante bascule dans l'abstraction, avec, notamment, les mythiques Carré noir, Cercle noir et la Croix noire (1923) de Malévitch, venus de Saint-Pétersbourg. "C'est miraculeux de les avoir, ils ne bougent plus, se félicite Suzanne Pagé. Au-delà des reproductions, des images, les visiteurs les admireront en vrai ; ils découvriront que le carré n'est pas carré, que la croix est courbe et que le cercle semble s'échapper de la toile."
Hédonisme ensuite avec les portraits sensuels de Marie-Thérèse l'alanguie,peinte par son amant, Pablo (Picasso) . Le brouhaha du monde moderne – celui du sport, des chantiers, de la pub – surgit dans une séquence pop, où Les Constructeurs à l'aloès, de Fernand Léger (1951), s'activent avec optimisme sur des poutrelles d'acier. Le thème de la musique clôt cette sélection subjective, avec, une "symphonie" en quatre panneaux de Kandinsky, et bien sûr, La Danse, monumentale et légère. "Regardez la densité de la peinture de Matisse, intime Suzanne Pagé. Cela ne peut s'expérimenter que face à la toile réelle."
Source: JDD papier
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