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Mireille Mathieu au JDD : "Je ne parviens pas à m'endormir sans une petite lumière"

Mireille Mathieu, la chanteuse française la plus connue au monde, s'est recluse à Avignon dans la maison de sa maman, où elle s'active avec ses sœurs.

Ludovic Perrin , Mis à jour le
Mireille Mathieu photographiée par sa soeur Monique à Avignon cette semaine.
Mireille Mathieu photographiée par sa soeur Monique à Avignon cette semaine. © Collection privée Monique Mathieu

Ça ne lui était pratiquement jamais arrivé. Elle, jadis si bonne dormeuse, se réveille maintenant en pleine nuit. Impossible de se rendormir. "C'est revenu comme à la disparition de ma maman (en mars 2016). Je ne sais pas si c'est dû au confinement ou au déconfinement. Mais quelle situation anxiogène… Où que l'on se trouve sur terre, on ne voit pas la porte de sortie." Sa mère n'étant plus là pour la rassurer, Mireille Mathieu se contente de prier. "Je lui parle comme à la Vierge Marie, pour qu'elle nous aide, qu'elle nous protège."

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Depuis cet été, celle qui a chanté dans le monde entier vit cloîtrée dans la maison qu'elle avait offerte à sa mère à ­Avignon. Sa sœur et manageuse Monique, dite "Matite", veille à ses côtés. "Étant l'aînée d'une fratrie de 14 enfants, je me dois de prendre des nouvelles des uns et des autres. Mais j'ai besoin de la présence de Matite. Nous vivons ensemble depuis quarante ans. Elle me connaît bien. Elle sait quelle personne angoissée je suis. Et puis c'est bien de travailler en famille. Depuis que nous avons commencé côte à côte dans une usine d'enveloppes, à 13 ans et demi, nous ne nous sommes plus quittées." Polyvalente, Monique s'occupe même des brushings de son aînée. "Elle a des mains de fée", s'extasie la grande sœur star.

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J'ai besoin de la présence de ma soeur Matite. Nous vivons ensemble depuis quarante ans

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Si la voix de Mireille ­Mathieu possède toujours la puissance d'une F1, comme expulsant toute une colère rentrée, le virus semble avoir ravivé d'autres peurs primitives. Celle du noir, par exemple. "Je ne parviens pas à m'endormir sans une petite lumière, avoue-t‑elle. Je me souviens que lors de ma première tournée, à l'hiver 1965 en lever de rideau d'Hugues Aufray, j'étais terrifiée à l'idée d'être seule dans une chambre d'hôtel. Je me barricadais en mettant des chaises devant la porte!" Il lui fallait les bruits de son enfance avignonnaise.

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Ménage, gymnastique et vocalises

Aujourd'hui, la chanteuse conjure le sort chaque matin dès son réveil, vers 8 heures. D'abord un verre d'eau, puis des tartines de pain grillé sur lesquelles elle pose du miel d'amorpha ou bien fabriqué par des moines. Sa sœur ­Béatrice a débarqué entre-temps. Préposée aux fourneaux, elle s'occupe de préparer des jus vitaminés. Ensuite, elles se mettent toutes au ménage. "Il est hors de question que je ne mette pas la main à la pâte moi aussi, souffle l'aînée, 74 ans. Ici, on porte tous des masques et on se lave les mains au savon de Marseille. On nettoie, on désinfecte, à la javel, au bicarbonate et au vinaigre blanc. C'est d'une propreté impeccable." Si elle se dit incapable de faire la cuisine, Mireille ne rechigne pas à éplucher les pommes de terre et les carottes, ni à mettre la table.

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Je suis trop émotive, trop à fleur de peau

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Après quelques exercices de gymnastique, elle se lance dans ses vocalises. Quitte à réécouter ses anciens tours de chant. Elle écoute aussi la musique des autres, Queen, Abba ou bien Christophe Maé. Mais, à part le 13 Heures de Jean-Pierre ­Pernaut, elle préfère se tenir éloignée de l'actualité, se concentrant sur sa page ­Facebook ou le compte Instagram qu'elle vient de créer pour ses cinquante-cinq ans de carrière. "Je suis trop émotive, trop à fleur de peau, confie l'interprète de l'hymne pacifique Mille Colombes (1977). Les catastrophes succèdent aux catastrophes. Qui prend des nouvelles des sinistrés des pluies torrentielles dans le sud de la France ou des victimes des ouragans aux Philippines? L'information les a balayés."

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Pas question de créer un cluster familial à Noël

La recluse s'étourdit aussi ­devant ses émissions préférées, Les 12 Coups de midi, Le Jour du ­Seigneur, Des chiffres et des lettres ou bien les talk-shows de son ami Cyril Hanouna. L'animateur vedette de C8 ne manque pas de prendre de ses nouvelles. C'est le cas aussi de ses plus éminents fans en Russie. On lui demande si Vladimir Poutine l'a appelée. Mireille Mathieu préfère éluder. Elle s'étend en revanche sur le dévouement du père Gabriel, au côté duquel elle célèbre chaque été une messe pour sa famille, soit 40 personnes au total. "­Généralement, nous nous retrouvons tous ensemble après pour dîner, mais cette année c'était d'une tristesse infinie, chacun a dû repartir chez soi après la messe", regrette-t‑elle.

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Papa faisait des tombeaux comme si c'était des berceaux

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Ils ne se retrouveront pas non plus à Noël. "Ce n'est pas qu'on ne peut pas, c'est qu'on ne doit pas", martèle-t‑elle. Pas question de créer un cluster. La crèche est pourtant prête, fabriquée autrefois par son papa, qui a pensé à tout. C'est lui, le tailleur de pierre, qui a également conçu le caveau familial au ­cimetière Saint-­Véran ­d'Avignon. Il contient une place pour chacun des Mathieu. "Papa faisait des tombeaux comme si c'était des berceaux", confie-t‑elle.

Mais malgré son angoisse face à l'époque ou les larmes versées à l'évocation de sa maman, Mireille Mathieu n'en est évidemment pas là. Elle a encore tant de choses à faire. Elle a prévu de rééditer En ­direct de l'Olympia (1966), le tout premier de sa longue liste d'albums parus. Et celle qui aurait vendu plus de 130 millions de disques dans le monde compte bien repartir en tournée, quand les perspectives et les frontières s'ouvriront. D'autant qu'elle n'hésitera pas à se faire vacciner, si les tests sont concluants.

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