Stéphane Guillon fait son show
Après plus de deux ans de tournée, le spectacle de Stéphane Guillon passe enfin sur le petit écran. Un bon moyen d'oublier la crise...
On se dit que voilà une belle occasion de se marrer devant sa télé avec la diffusion du spectacle de l’humoriste intitulé Formule épicée, et que l’on a bêtement raté malgré deux ans et demi d’une triomphale tournée. La drôlerie troussée sans encaustique, doublée d’un cynisme à la limite de la curée, offrira, pense-t-on, une belle occasion de se dérider. Mais en fait, la promesse annoncée de causticité ne ressemble pas au verbe concentré dont ce "saigneur" est capable de servir les auditeurs en direct pendant ses irrévérencieuses chroniques de 7h55 sur France Inter.
Le "dark vanneur" de l’année semble, dans les premières minutes qui atteignent au final la demi-heure, souffrir de la vivacité d’un retour d’élastique médiatique. Rappelons que l’humoriste s’est fait un joli coup de pub en s’attaquant, de façon appuyée, au "penchant supposé" du président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, pour les femmes. Devenu un temps le martyr du Château en s’attirant, à cause de l’exercice, les foudres de la présidence, saint Guillon le sans-filet, qui s’imaginait un futur fataliste débarqué de la radio, confirme pourtant son retour au micro, fin août. Pas de meilleur avocat que les audiences. Chaque matin, deux millions de fidèles en moyenne l’écoutent comme le messie assassiner les invités politiques de la matinale orchestrée par Nicolas Demorand. Mais il est de rigueur de ne pas dire de mal de Guillon. L’auteur de la revue de presse trash de Salut les Terriens! d’Ardisson, sur Canal +, a déjà trop d’ennemis. A en remplir une rame de RER, ça vous pose le gabarit.
Mais de sa Formule épicée, on pourra juste avancer, tout comme on parlerait de la mousse au chocolat d’une brasserie, croulant sous les casseroles cuivrées, sur les Champs-Elysées, que les œufs en neige sont bien montés mais, à la chute, mal incorporés. Et pourtant, c’est pile au moment où l’on sera tenté de lâcher l’héritier d’une verve à la Guy Bedos, qu’il faut se rasseoir fissa sur le canapé. Parce que dès que Guillon attaque le sketch du dictionnaire des noms propres de 2030, ses définitions font mouche. Parce que le méchant se montre excellent dans son autoportrait, tourné façon imitations. Celui qui regrette de ne pas avoir décroché le bac, prépare un nouveau spectacle pour janvier prochain et, en octobre, publiera chez Stock, On m’a demandé de vous calmer. On le sait acide, on le dit rancunier, voyons le panache…
Formule épicée, mercredi, 22 h 35.
Source: JDD papier
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