Face à Sarkozy, la résistance s'organise
Les trois anciens Premiers ministres - Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin - s’apprêtent à diriger l'UMP. Nicolas Sarkozy accélère ses plans.
Sarkozy dans les starting-blocks
"J'accorde toute ma confiance à la direction collégiale menée par les trois anciens Premiers ministres." Cette phrase c'est bien… Nicolas Sarkozy qui l'a prononcée mercredi. Alors en Russie , il s'entretenait au téléphone avec Jean-Pierre Raffarin, l'un des trois "pachas" qui doivent être confirmés mardi soir pour mener le parti jusqu'à l'élection d'un nouveau président de l'UMP. Une manière de baisser les armes, alors que certains de ses proches s'acharnent contre ce triumvirat "hors statut"? Non, plutôt une manière de gagner du temps. Et surtout de tenter de déjouer l'opération anti-Sarko qui se met en place à l'UMP .
Les principaux dirigeants du parti se sont trouvé un objectif commun : empêcher son retour et verrouiller le principe de ces primaires dont Sarkozy ne veut pas. Dans cette course, chacun joue la montre. Convaincu qu'il doit vite prendre le parti, l'ancien chef de l'État n'en finit pas d'accélérer. Devant des sénateurs, il avait évoqué, il y a dix jours, une entrée en scène à la fin août . Il pourrait en fait se lancer dans la course à la présidence de l'UMP d'ici à la fin du mois. Il présentera son "plan de décollage" à son cercle rapproché lundi ou mardi rue de Miromesnil.
Un déplacement à L'Isle-Adam (Val-d'Oise) a été envisagé puis annulé. D'ores et déjà, les sarkozystes ont reçu leurs éléments de langage. "On n'est plus en tension, on est en crise." Ou encore : "Trois ans, ça va être long d'abord pour Hollande, pas pour Sarkozy." Autre variante : "Face à la crise, les Français attendent des solutions et un leader, pas Xavier Bertrand ou Bruno Le Maire." Vendredi, il a nargué les journalistes massés dans la tribune presse de Ouistreham , lors des cérémonies de commémoration du D-Day en leur lançant, bravache : "À très bientôt!"
On a bien entendu quelques critiques sur Alain Juppé, toujours "très raide". Mais les anciens Premiers ministres, qui sont tous les trois des adeptes de la modération, ont fini par se retrouver sur l'essentiel des solutions qui devraient être actées mardi en bureau politique. Le trio s'est accordé sur une position commune : le choix de Luc Chatel comme dirigeant exécutif avec sans doute un filloniste à ses côtés (les noms d'Éric Ciotti et de Bruno Retailleau circulent à présent) et le "déplacement" du directeur général des services, Éric Cesari, vers d'autres fonctions. S'il y a des contestations, elles viendront des copéistes dont certains menacent d'une manifestation mardi devant l'UMP. "Ce bureau politique, il peut durer trente minutes… ou trois heures", remarque un proche d'Alain Juppé.
Tous candidats contre Sarko?Comme Xavier Bertrand, qui cache de moins en moins son intention de se lancer dans la course à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire pourrait aussi être de la partie : "Sur le marché du renouveau, je suis le seul. Il faut rompre avec les pratiques politiques du passé. L'hypothèse que j'aille à la présidence de l'UMP est forte. Y compris contre Sarkozy", assure-t-il. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, "elle regarde toutes les hypothèses", assure l'un de ses proches, même s'il paraît improbable qu'elle se présente contre celui dont elle a été la porte-parole.
Mercredi soir, le député de Meaux tiendra un ultime meeting à Aulnay-sous-Bois , en banlieue parisienne, chez son soutien, le nouveau maire, Bruno Beschizza. Jeudi, il a prévu de rassembler tous le personnel de l'UMP à 12 heures pour un "moment convivial". Avant de partir, il a tenté d'attribuer des primes de départ à certains de ses proches. Selon nos informations, Éric Césari se serait opposé au versement d'une prime de 15.000 euros à Brice Rabaste, chef de cabinet de Copé.
Samedi, le maire de Meaux est attendu au Salon du livre de Nice pour une conférence sur la guerre 14-18. Et après? Le rendez-vous annuel de son club, Génération France, à la fin de l'été, n'est pas confirmé. De leur côté, les copéistes sont toujours persuadés que leur patron va être blanchi dans l'affaire Bygmalion . Copé a d'ailleurs fait savoir cette semaine à un élu qu'il n'avait nullement l'intention de protéger Sarkozy, dont la sincérité des comptes de campagne est mise en question. "Je ne suis pas né de la dernière pluie, a expliqué Copé. Il peut se mettre le doigt dans l'œil." Un de ses amis n'exclut pas qu'il prétende une nouvelle fois… à la présidence de l'UMP.
Source: JDD papier
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