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Philippe Soupault et l'ivresse du voyage

Par MONIQUE PETILLON.

Publié le 11 juillet 1980 à 00h00, modifié le 11 juillet 1980 à 00h00

Temps de Lecture 6 min.

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• Un sens aigu du moderne.

L'ÉLÉGANCE, qui selon Brummel est l'art de ne pas se faire remarquer, Soupault l'a pratiquée, lui dont Aragon disait : " Philippe cherche à se faire oublier comme d'autres à se faire connaître. " Stratégie réussie : longtemps on a connu, cité Soupault presque uniquement comme fondateur, avec Aragon et Breton, du surréalisme. C'est seulement depuis quelques années que des rééditions permettent de mieux connaître une œuvre abondante, éparpillée aux quatre vents. Avant tout poète et voyageur, ce surréaliste de la première heure a aussi été romancier, essayiste, directeur de revue, éditeur, grand reporter, homme de radio. Il est temps de redécouvrir cet octogénaire à l'œil vif qui, au fil d'entretiens avec Serge Fauchereau, nous livre ses souvenirs de trois quarts de siècle.

Né à la fin du siècle dernier, à Chaville, " à l'orée des bois, comme un écureuil ", Soupault est issu de cette grande bourgeoisie qui a su profiter du conseil de Guizot : " Enrichissez-vous ". Son père, qu'il perd à sept ans, est un médecin connu, son oncle est un des frères Renault. Dans ce milieu, que Soupault dit avoir reconnu plus tard à travers les pièces de Labiche, être pauvre ou écrire est aussi répréhensible que tuer ou voler : " Cela ne se fait pas. " D'une enfance cossue et monotone passée entre Chaville, Cabourg et le huitième arrondissement, Soupault tire la désinvolture, le goût de la fuite, l'indifférence, un style en somme. Adolescent, il découvre en Allemagne et en Angleterre l'ivresse du voyage. Ne voulant pas être notaire, ne pouvant devenir botaniste, il décide d'être poète. Son premier poème, écrit en 1917 dans un hôpital militaire, s'intitule : Départ.

En dehors de Rimbaud, dont il a découvert avec éblouissement les illuminations, ceux qui l'influencent sont des contemporains : Reverdy. Cendrars, Larbaud et Apollinaire, qui l'encourage à publier et lui fait connaître André Breton. On sait ce qu'il est advenu de cette rencontre. Breton, Soupault et Aragon fondent la revue Littérature dont la première livraison est financée par l'héritage de Soupault et où, à côté de textes de " bonne compagnie ", paraissent des extraits du premier livre surréaliste, les Champs magnétiques, écrit en collaboration par Breton et Soupault. Dans les tapages dada auxquels il participe avec enthousiasme, puis dans le groupe surréaliste, Soupault apporte, selon Breton, un " sens aigu et moderne ". Le temps de demander à un garçon de café de quoi écrire, il improvise un poème, étonne par son agilité, sa liberté d'écriture.

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