Géorgie : un grand pas vers la Russie

Gatis Slūka (Lettonie)

L’adoption le 14 mai de la « loi sur les agents de l’étranger » par le Parlement géorgien pousse le pays du Caucase dans les bras de la Russie, et l’éloigne de l’Europe. Le texte, porté par le parti au pouvoir « Rêve géorgien » ouvertement pro-Kremlin, a été voté à 84 voix contre 30, malgré d’importantes manifestations. Les opposants à cette loi la surnomment « loi Poutine », et pour cause : elle prévoit de recenser et de faire payer de lourdes amendes à tout media ou ONG percevant plus de 20% de financement étranger, une mesure qui, en Russie, a permis de museler l’opposition. Plusieurs organisations internationales, et en premier lieu l’UE et l’OTAN, demandent le retrait de cette loi anti-démocratique, qui compromet notamment la candidature d’intégration à l’UE de la Géorgie.

Un festival de Cannes sous le signe de #Metoo

Kroll (Belgique)

Le 77e Festival de Cannes débute ce mardi 14 mai, inondant pour onze jours la croisette de films, de stars, et de paillettes. Ce rendez-vous mondial du 7e art sera également traversé par le sujet plus grave des agressions sexuelles dans le cinéma, et par le « #MeToo à la française ». Cette année a notamment été marquée par les accusations de Judith Godrèche à l’encontre de Benoît Jacquot et Jacques Doillon, par celles – nombreuses – contre Gérard Depardieu. Une enquête a été dévoilée ce lundi 13 mai sur le producteur Alain Sarde, accusé d’agression par 9 femmes. 

Gaza : l’offensive de l’armée israélienne sur Rafah

Osama Hajjaj (Jordanie)

Les appels à le retenue de la communauté internationale n’ont pas dissuadé Benjamin Netanyahou de lancer, lundi 6 mai, son offensive annoncée contre Rafah, dans le sud de Gaza, où s’entassent plus d’un million de Gazaouis à qui l’orde d’évacuer a été donné. L’opération a pourtant été lancée quelques heures après que le Hamas ait annoncé accepter une proposition de trêve de l’Egypte et du Qatar. Les espoirs d’un cessez-le-feu ont été déçus en quelques heures.

Iran : mobilisation pour le rappeur Toomaj Salehi, condamné à mort

Mana Neyestani (Iran)

Le rappeur iranien Toomaj Salehi a été condamné à mort le 24 avril par le tribunal révolutionnaire d’Ispahan pour « corruption sur Terre », un chef d’accusation gravissime aux yeux du régime des mollahs. C’est son soutien aux manifestations successives à la mort de Mahsa Amini qui a entrainé son arrestation en octobre 2022. L’annonce de sa peine de mort est une nouvelle preuve du durcissement du pouvoir de Téhéran vis-à-vis des voix dissidentes, notamment celles d’une scène de rap contestataire particulièrement vivace dont beaucoup d’artistes sont exilés. Si la sentence de Toomaj Salehi devait être appliquée malgré la mobilisation iranienne et internationale pour sa libération, il deviendrait la dixième personne exécutée en lien avec le mouvement Femme, Vie, Liberté. 

Etats-Unis : tensions autour des mobilisations étudiantes pro-palestiniennes

Chappatte (Suisse) dans Le Temps

Le mouvement universitaire américain contre la guerre à Gaza qui a débuté à l’Université de Columbia à la mi-avril continue de s’étendre à tout le pays. Des étudiants pro-palestiniens, d’origines et de confessions diverses, occupent les campus et exigent un cessez-le-feu, tout en critiquant le soutien de leur propre gouvernement à Israël. Ce mouvement massif, qui n’est pas sans rappeler celui contre la guerre du Vietnam il y a plus de cinquante ans, a déjà donné lieu à 800 arrestations selon le New York Times. A l’instar des manifestations en France à Science Po et à la Sorbonne, ces mouvements de soutien aux Palestiniens sont discrédités aux yeux d’une partie de la population et des autorités par le spectre de l’antisémitisme et de l’apologie du terrorisme.

Le Royaume-Uni sous-traite sa gestion de l’immigration

Main2Dieu (Burkina Faso)

Une « loi sur la sûreté du Rwanda » a été votée le 23 avril à la Chambre des communes britannique, et adoptée par le gouvernement malgré l’opposition de la Chambre des lords. Ce texte entérine le fait que le Rwanda est un « pays sûr », et permet l’application d’un accord passé en 2022 de sous-traitance des demandes d’asile au gouvernement du Rwanda. Dans les faits, les migrants illégaux et demandeurs d’asile arrivant sur le sol britannique seront donc dorénavant transférés vers le pays d’Afrique centrale, dédommagés d’une petite somme d’argent, et pourront procéder à leurs démarches administratives depuis là-bas. L’objectif annoncé est de dissuader les migrants de prendre des routes dangereuses… Cette décision, aussi absurde que coûteuse, constitue surtout une atteinte aux droits humains, dans le but de satisfaire un certain électorat à l’approche d’élections locales.

Élections en Inde : Modi cherche la victoire à tout prix

Rodho (France)

Une logistique pharaonique est actuellement déployée en Inde pour organiser les plus grandes élections au monde, qui ont lieu du 19 avril au 1er juin, et qui concernent près d’un milliard d’électeurs. La principale formation politique du pays, le Bharatiya Janata Party, a pour objectif d’obtenir 400 sièges sur 543, pour assurer un troisième mandat de premier ministre à Narendra Modi, au pouvoir depuis presque 10 ans. Un pari ambitieux, alors que le tournant autoritaire et nationaliste du gouvernement ces dernières années a en partie divisé la population. Mais Modi ne laisse rien au hasard : il s’est assuré la fidélité de la plupart des médias, et plusieurs figures d’opposition, comme Arvind Kejriwal, le chef de gouvernement de Delhi, ont été arrêtées pour soupçon de fraude. Les résultats seront connus le 4 juin.

Soudan : un an de guerre oubliée

Tayo (Nigeria)

Voilà un an que la guerre entre l’armée régulière et les forces paramilitaires du général Hemedti ravage le Soudan. Le conflit a déjà fait des milliers de morts et plus de 8 millions de déplacés, et l’ONU évoque « une des pires crises humanitaires au monde ». Les combats qui ont commencé dans la capitale le 15 avril 2023 se sont depuis étendus à tout le pays. Les réfugiés n’ont plus d’issues et les crimes contre les civils se multiplient. Une conférence internationale s’est tenue le 15 avril dernier à Paris et s’est engagée à verser plus de deux milliards d’euros d’aide humanitaire, remettant ainsi en lumière cette guerre souvent oubliée. 

La militante et dessinatrice iranienne Atena Farghadani arrêtée et maltraitée

Rodríguez (Mexique)

Alors que l’Iran est sur le seuil de l’escalade militaire avec Israël, depuis les bombardements iraniens du 13 avril, le régime théocratique de l’ayatollah Khomeini resserre également l’étau sur les voix iraniennes dissidentes. La dessinatrice et militante Atena Farghadani a été arrêtée et placée en détention le 14 avril, pour avoir tenté d’afficher une de ses œuvres non-loin du palais présidentiel. Elle a visiblement subi des mauvais traitements pendant son arrestation, et serait détenue dans la prison de Qarchak. Ses prises de position contre le régime lui ont déjà valu deux autres arrestations, en 2014 et 2023, pour blasphème et trouble à l’ordre public. Lors de sa seconde détention, elle avait été hospitalisée d’urgence après des maltraitances et une grève de la faim. Cartooning for Peace et plusieurs autres organismes de défense des droits humains expriment leur inquiétude et appellent à sa libération immédiate. 

L’Europe se munit d’un « Pacte sur la migration » controversé

Joep Bertrams (Pays-Bas)

Le Parlement européen a adopté mercredi 10 avril une dizaine de règlements et directives, réunis en « Pacte sur la migration et l’asile », après 9 ans de débats et de préparation. Ces textes censés faciliter la gestion d’un flux de migrants en forte augmentation (+17 % entre 2022 et 2023) sont d’ores et déjà critiqués par les organisations de défense des droits de l’homme. Ils instaurent davantage de contrôles aux frontières de l’Europe, des mesures d’expulsion simplifiées, et des procédures sur place qui dureront jusqu’à plusieurs mois, avec possibilité de détention, y compris pour des mineurs. L’accord prévoit également un « mécanisme de crise », en cas d’afflux massif et épisodique de migrants, autorisant des mesures d’exception particulièrement dures. Le pacte initie par ailleurs davantage de solidarité entre pays de l’Union, surtout au profit des pays du Sud qui accueillent une grande majorité de migrants venus d’Afrique, d’Asie ou du Proche-Orient.