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Willy Ronis, grand photographe des « petites gens »

Un documentaire éclaire la vie et le travail de cet humaniste engagé, tombé dans l’oubli dans les années 1970, puis redécouvert dans les années 1980.

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Publié le 05 juillet 2020 à 16h00

Temps de Lecture 2 min.

« Le Petit Parisien » (1952), de Willy Ronis.

ARTE - DIMANCHE 5 JUILLET À 18 H 05 - DOCUMENTAIRE

Il rêvait de devenir compositeur. La musique aurait peut-être gagné un créateur talentueux avec ce violoniste amateur doué, mais la photo aurait perdu un maître. Car Willy Ronis, né à Paris d’un père juif originaire d’Odessa (Ukraine), gagnant sa vie comme photographe retoucheur, et d’une mère lituanienne, restera dans l’histoire comme un immense photographe. La plaque officielle posée sur le belvédère Willy-Ronis (1910-2009), dans le 20e arrondissement de Paris, indique joliment « photographe humaniste ».

Photographe engagé, proche des prolétaires mais aussi des politiques et des artistes, il aimait profondément les gens. Ce documentaire est richement illustré de ses photos mais aussi de films d’archives, en provenance de l’INA et du Parti communiste français (PCF) notamment. De larges extraits d’un film qui lui était consacré en 2005 permettent également de voir et d’entendre face caméra Ronis retracer sa vie avec douceur et clarté.

Premières photos à 18 ans, avec des clichés de la cité Jeanne-d’Arc (Paris 13e) et d’ouvriers dans les rues d’un Paris populaire. Après la mort de son père en juin 1936, Willy Ronis abandonne le studio de photo paternel et se lance comme photographe indépendant. L’époque tumultueuse est propice aux commandes : il photographie les grèves chez Citroën, les défilés communistes. Son sens du cadrage et sa rigueur technique alliés à une approche presque charnelle de ses sujets font sensation.

« Les Amoureux de la Bastille, Paris » (1957), de Willy Ronis.

Rien n’échappe à son regard

Mobilisé en 1939, il rentre à Paris quelques mois plus tard. Juif, il ne peut demander l’autorisation de photographier. Il part pour Marseille en juin 1941, c’est dans le Sud qu’il rencontrera Marie-Anne, la femme de sa vie. A la Libération, la presse illustrée a besoin d’images, Ronis remonte à Paris. Des amoureux, des prisonniers de guerre de retour, des ouvrières, rien n’échappe à son regard. « Ce qui m’intéresse, c’est la vie des quartiers, des petites gens… »

Willy Ronis : « Le photographe peut dénoncer des choses. Mais il ne doit pas avoir la prétention de changer les choses »

Là encore, l’époque est aux luttes sociales. En 1948, il photographie la grève des mineurs à Saint-Etienne. « Le photographe peut dénoncer des choses. Mais il ne doit pas avoir la prétention de changer les choses », confiera-t-il des années plus tard. Ronis épouse Marie-Anne, découvre Belleville, Ménilmontant, adhère au PCF. Et intègre la prestigieuse agence Rapho, qu’il quittera avec fracas en 1955.

L’intérêt de ce documentaire est de ne pas passer sous silence une zone d’ombre : le travail effectué par Ronis en juillet et octobre 1967 en République démocratique allemande (RDA). Acceptant une importante commande de l’Etat socialiste, il sillonne la RDA de long en large, accompagné en permanence d’un chauffeur et d’un guide. « J’ai travaillé en parfaite liberté et fait un très beau voyage ! », dira-t-il plus tard, se plaignant du peu de publicité accordée à ce travail, qui ne fut exposé qu’à Amiens et Montreuil, deux municipalités communistes.

Tombé dans l’oubli, Ronis retrouvera une forme de notoriété en 1980, avec la sortie de son livre Sur le fil du hasard, qui mêle clichés inédits et célèbres. Avant de disparaître à 99 ans, l’homme à la voix douce publiera une vingtaine d’autres livres. Entre octobre 2005 et juin 2006, l’exposition qui lui sera consacrée à l’Hôtel de ville de Paris attirera plus de 500 000 visiteurs. Un triomphe.

Willy Ronis, les combats d’un photographe, documentaire de Vladimir Vasak (Fr., 2019, 54 min). Sur Arte.tv jusqu’au 2 septembre.

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