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Marie José Mondzain, radicale comme une image

La philosophe les analyse et les défend, les images, depuis plus de trente ans. Mais à sa manière unique, ce dont témoigne plus que jamais « Confiscation ».

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Publié le 06 juillet 2017 à 09h10, modifié le 06 juillet 2017 à 15h57

Temps de Lecture 7 min.

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La philosophe Marie José Mondzain,  2017.

On aura finalement beaucoup parlé de naissance, de ses naissances. Au-dessus du canapé où nous sommes assises trônent de nombreuses œuvres. Les images, Marie José Mondzain ne fait pas que les analyser depuis trente ans dans une œuvre savante, elle les aime. Ou peut-être serait-il plus juste de dire qu’elle les poursuit, de son amour, de sa fidélité, de son intransigeance – car l’image est toujours « déjà ailleurs », « fuyante et libre », écrit-elle dans Images (à suivre) (Bayard, 2011).

Est-il à ce point difficile d’échapper à cette course-poursuite quand c’est un peintre qui vous a donné la vie ? Un portrait de ce père, au fusain, est accroché parmi les œuvres qui nous surplombent. Il est signé Modigliani. Années 1920, école de Paris, toute une ambiance cosmopolite et colorée. Simon Mondschejn (dit plus tard Mondzain) en est, de ce cercle d’avant-garde, jusqu’à son installation, un peu fortuite, à Alger où il se marie sans cesser les allers-retours en métropole.

Sa fille naît ainsi dans la ville coloniale à une époque où il est préférable pour les familles juives de ne pas mettre les pieds en métropole. Elle se souvient d’un homme qui n’a pas fait une grande carrière : trop « inentamé et inentamable ». Et, comme pour preuve, le récit de sa fuite à 14 ans du ghetto de Chelm, en Pologne, pour pouvoir continuer à dessiner, sa volonté d’être artiste envers et contre tout – et contre tous (son propre père, très religieux, lui jettera l’anathème). Il voulait échapper à une religion qui interdit les images quel que soit le prix de cette rupture : la faim, la misère et même la guerre. Il s’engagea dans l’armée française et combattit à Verdun.

Premiers travaux, consacrés aux iconoclastes

Avec un tel géniteur, ce n’est plus vous qui poursuivez les images, ce sont elles qui vous poursuivent. Dans Images (à suivre), la philosophe raconte comment elle a commencé par les détester, par retourner, enfant, les tableaux dans la maison algéroise, et explique que ses premiers travaux furent, sans surprise, consacrés aux iconoclastes, aux destructeurs d’images. Elle a ainsi longtemps « chassé » ces dernières, dit-elle, dans les deux sens du terme.

Cette naissance, d’un père impénitent, ne fut, semble-t-il, ni une malédiction ni un destin tout tracé. L’origine paraît n’avoir laissé chez elle qu’une trace, celle d’une exigence : ne jamais trahir ce geste d’émancipation, ni en ternir l’éclat magnifique. Les années d’études sont comme une deuxième leçon, une deuxième naissance : alors qu’elle est élève à l’Ecole normale supérieure de ­Sèvres, les portes s’ouvrent. Marie José Mondzain suit les séminaires de Lacan, de Lévi-Strauss, de Canguilhem. « Ces gens-là ont marqué ma jeunesse, et puis Derrida, Foucault, les colloques de Cerisy… et bien sûr la Cinémathèque. » La scène intellectuelle française est alors bouillonnante.

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