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de nombreux militants de gauche défilent derrière le cercueil de Pierre Goldman, le 27 septembre 1979 à Paris, lors des obsèques de cet activiste d'extrême gauche, juif, tantôt guérillero, gangster, intellectuel et écrivain, assassiné le 20 septembre 1979 à Paris par un mystérieux groupe
GABRIEL DUVAL / AFP

Aux obsèques du militant révolutionnaire Pierre Goldman, l’enterrement d’une époque

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Publié le 22 septembre 2023 à 05h30, modifié le 27 septembre 2023 à 16h46

Temps de Lecture 18 min.

Le 27 septembre 1979, entre douze mille et quinze mille personnes suivent, de l’institut médico-légal de Paris au cimetière du Père-Lachaise, le corbillard emportant Pierre Goldman, assassiné en pleine rue sept jours plus tôt, à 35 ans. Partie vers 15 heures des bords de Seine, la foule arrive vers 17 heures à l’entrée du cimetière, dont les larges portes ne peuvent avaler cette marée humaine. La cérémonie, à la fois digne et pagailleuse, se poursuit autour du corps mis provisoirement en terre dans un caveau dépositaire.

Des jeunes, beaucoup de jeunes, sacoche coincée sous l’aisselle, cartable ou casque de moto au bout du bras, tout droit sortis des amphis ou du premier boulot de leur prometteuse carrière. Des plus vieux, aussi, reconnaissables entre mille à leur cravate et leur costume : devenus professeurs, architectes, médecins, journalistes, ils viennent rendre hommage à celui qui n’aura pas transigé avec cette société honnie.

Sur les photos, les uniformes de la contestation : féerie de couleurs vives, pulls jacquard tricotés main, chemises fantaisie, Perfecto, sous-pull synthétique, pantalons pattes d’eph’. Pas de salopette d’ouvrier ni de blouse d’artisan. Multiplicité capillaire et pileuse, public de tout poil et de toutes chapelles révolutionnaires. Le peuple d’extrême gauche. Les années 1970, encore un peu, pas pour longtemps.

Il est des enterrements où des amis se retrouvent et d’autres où ils se séparent. Celui de Pierre Goldman reste ce moment où l’extrême gauche en deuil a fait ses adieux à un ami et – un peu – à elle-même. « Parfois, des événements éphémères marquent la fin de grandes périodes », résume l’auteur Marek Halter. « On enterrait toutes nos illusions. Les gens se dépouillaient de leur utopie, de leurs rêves. C’était un effondrement », confirme le réalisateur Frank Cassenti. « C’était l’épuisement d’une génération qui était allée au bout de ses rêves », assure l’historien Benjamin Stora. « Cet enterrement marquait la fin d’un cycle : le fleuve rentrait dans son lit », ajoute joliment l’universitaire Janette Habel.

Condamné pour meurtre puis acquitté

Tout ça remonte à plus de quarante ans, mais n’appartient pas encore au passé. Bien sûr, dans la quatrième division du Père-Lachaise, la tombe de Pierre Goldman est oubliée des guides qui déambulent avec leurs groupes de touristes. Le nom s’efface sur la dalle nue de béton, les souvenirs s’estompent. Goldman, pour le grand public, c’est désormais Jean-Jacques, le chanteur, le demi-frère de sept ans son cadet, et ses tubes qui accompagnent nos vies.

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