« Ce journal ne s'est jamais laissé embrigader »

Michèle Bernier, fille du Professeur Choron, l'un des créateurs de « Charlie »

Michèle Bernier.
Michèle Bernier. (LP/Frédéric Dugit.)

    « J'ai été élevée par mon père, le professeur Choron, avec Cavanna, Reiser, Wolinski, Cabu et tous les autres membres de Charlie Hebdo. Ils faisaient ce journal, qui est guidé par l'esprit de doute, l'esprit libertaire, anarchique, par la liberté absolue, par l'humour, par la dérision. Ce journal ne s'est jamais laissé embrigader par des idées, quelles qu'elles soient. D'ailleurs, la plupart d'entre eux ne votaient ou ne votent pas. Douter leur permet d'avoir du recul et ainsi de faire avancer notre société, ne serait-ce qu'en se moquant, en étant sans concession. Je ne sais même pas s'ils sont conscients d'être comme cela, mais c'est inhérent à leur caractère.

    Avant, on les interdisait, ils étaient punis par les gouvernements ou assignés par les tribunaux. Là, je n'arrive même pas à réaliser ce qu'il s'est passé. Et je pense très fort à la famille de Wolinski, de Cabu, de Charb et de tous. Mais de voir tant de gens se mobiliser me donne de l'espoir, malgré tout. La liberté d'expression et la démocratie, ce ne sont pas de vains mots. Je ne vois pas une France en berne, mais qui réagit, malgré tout. »