Bernard Thibault désavoué par les cadres de la CGT

Le patron de la centrale a proposé Nadine Prigent pour lui succéder, mais il n'a pas eu la majorité nécessaire.

Le Point.fr

Bernard Thibault est le secrétaire général de la CGT depuis 1999.
Bernard Thibault est le secrétaire général de la CGT depuis 1999. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Bernard Thibault a proposé vendredi aux dirigeants de la CGT de soutenir Nadine Prigent, une de ses proches, pour lui succéder à la tête de la centrale l'an prochain, mais il a été mis en minorité et c'est le "parlement" de la CGT qui tranchera mercredi et jeudi prochains. Lors d'une réunion vendredi de la commission exécutive ("gouvernement" de la CGT), qui a duré jusque dans l'après-midi, Bernard Thibault, qui souhaitait ardemment qu'une femme lui succède, a présenté Nadine Prigent, membre du bureau confédéral, comme la personne la plus apte à prendre les rênes du premier syndicat français. Mais "la Commission exécutive confédérale n'a pas approuvé cette proposition par 20 voix pour, 21 voix contre et 5 abstentions", indique la centrale dans un communiqué.

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Le choix du futur numéro un de la CGT, selon les statuts, revient au Comité confédéral national (CCN, le "parlement") qui se réunira les 30 et 31 mai. Ce sont les dirigeants des unions départementales (une centaine) et des fédérations (une trentaine) qui éliront le futur secrétaire général. Lors de la réunion vendredi, Bernard Thibault a indiqué que, "sans mandat" de la Commission exécutive, il ne présentera pas de candidat au CCN, selon un participant. Il a prévenu ses camarades de faire attention pour que la bataille de succession ne mette pas la centrale sur une pente descendante. Le "parlement" de la CGT devra trancher entre les personnes qui se diront "disponibles" pour accéder à la tête de la confédération : il s'agira d'Éric Aubin, chargé du dossier de la retraite, qui ne cache pas son ambition, et probablement aussi de Nadine Prigent. L'issue reste incertaine.

Succession douloureuse

Les patrons de plusieurs fédérations, notamment des plus importantes - cheminots, service public -, ont, lors des débats internes, soutenu la candidature d'Éric Aubin, 49 ans, issu du privé et patron de la Fédération de la construction. Ils privilégient un leader venant du privé pour favoriser l'implantation de la CGT dans ce secteur, qui regroupe l'essentiel du salariat français. Nadine Prigent, ex-infirmière, est issue du secteur public (Fédération de la santé). Cette négociatrice pour la CGT au sein de l'intersyndicale est critiquée en interne par certains cadres qui la jugent trop "rigide". Une autre membre de la direction, Agnès Naton, 50 ans, directrice du bimensuel La Nouvelle Vie Ouvrière, pourrait également se mettre sur les rangs.

C'est en janvier dernier que Bernard Thibault avait annoncé sa décision de ne pas briguer, lors du prochain congrès de la CGT à Toulouse en mars 2013, un nouveau mandat à la tête de la confédération, qu'il dirige depuis treize ans. Sa succession s'est avérée d'emblée douloureuse, alors qu'aucune personnalité incontestée n'a émergé pour prendre la relève et qu'une crise interne secoue la centrale depuis plusieurs mois. Du jamais-vu. C'est la première fois que la CGT - depuis la rupture de son cordon ombilical avec le Parti communiste dans les années 1990 - est confrontée à un choix difficile de son numéro un, après quatre mandats consensuels de Bernard Thibault.

Cette crise tombe mal et rend la CGT moins audible au moment où le nouveau gouvernement de gauche relance le dialogue social. En tournée en province pour régler sa succession, Bernard Thibault était ainsi absent des rencontres avec les nouveaux ministres - Travail, Santé, Redressement productif - qui recevaient à tour de bras cette semaine les leaders des organisations syndicales. Il a eu toutefois un contact téléphonique avec le ministre du Travail, Michel Sapin. Mardi après-midi, Bernard Thibault sera reçu à Matignon, comme ses autres collègues syndicalistes, pour de premiers entretiens bilatéraux avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Commentaires (12)

  • cactus 22

    Commencez déjà par nous faire un exposé exhaustif et précis des comptes de l'UIMM, que l'on sache exactement où chaque cent d'euro est allé. Il a été dit en-effet que les dirigeants de ce syndicat plus que sulfureux en sont réduits à "supplier" (et oui ! "supplier ! ") les magistrats instructeurs de ne pas chercher les réponses à ces mêmes questions, ceci, je cite, au nom de l'"intérêt général". ça ne s'invente pas. Messieurs la droite bien pensante et bien propre sur elle (comme d'habitude évidemment), commencez déjà par balayer devant votre porte. [... ].

  • pinocchio

    Les comptes sont une chose, mais jamais la CGT n'a osé cité son vrai salaire ! Il a quel âge ce monsieur, fossoyeur de l'économie Française depuis des années, pour partir déjà à la retraite ? Je pense qu'il fait valoir "la pénibilité" de son travail de rond de cuir !

  • tequila

    ... départ, la justice va lui demander des explications sur la nébuleuse comptabilité de la CGT, qu'il préside depuis si longtemps... Il n'est pas normal qu'aucun compte ne lui soit réclamé.