Dalida et Orlando, le triomphe d’un drôle de couple

CE SOIR À LA TÉLÉ. Sur Arte, un documentaire retrace, 36 ans après la mort de la star, la relation faite d’amour, d’admiration et de succès entre le frère et la sœur.

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La chanteuse Dalida et son frère Orlando à Cortina d'Ampezzo (Italie), lors d'une remise de prix en janvier 1963.
La chanteuse Dalida et son frère Orlando à Cortina d'Ampezzo (Italie), lors d'une remise de prix en janvier 1963. © Arta/©Getty Images

Temps de lecture : 4 min

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Décembre 1954. Iolanda Gigliotti va sur ses 22 ans lorsqu'elle décide, un titre de Miss Égypte et quelques apparitions dans des longs-métrages locaux comme seuls bagages, de quitter le quartier de Choubra, au Caire, où elle a vécu toute sa vie, pour les mille tentations de Paris.

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À la maison, la famille n'est pas enthousiaste de la voir partir s'aventurer sur les chemins de cette gloire dont elle rêve depuis si longtemps. Ni la mère, Pepina, qui craint de voir la jeune femme aux courbes avantageuses se faire happer par les vils désirs de vilains messieurs. Ni le frère aîné, qui porte sur les épaules les responsabilités familiales depuis la mort du père, neuf ans auparavant.

Seul, Bruno, le petit frère de 18 ans, croit en elle. Il sait qu'elle réussira. Et la vie lui donnera raison. Iolanda se transformera en Dalida. Quant à lui, il deviendra son producteur et protecteur sous le nom… d'Orlando. C'est cette relation fusionnelle faite d'amour, d'admiration et de succès mais teintée de tragédie qu'Arte raconte, ce vendredi soir à 22 h 30, dans Dalida et Orlando, les âmes sœurs, un documentaire produit par ITV Studios France et proposé dans le cadre du « Summer of Brothers & Sisters ».

Le prénom de son frère…

Quand Bruno débarque à Paris, dans les années 1960 naissantes, Dalida, sa sœur, est déjà une star. « Bambino », « Histoire d'un amour », « Come Prima », « Gondolier », « Love in Portofino », « Les Enfants du Pirée »… L'Italienne de naissance égyptienne a mis Paris à ses pieds, son pygmalion et futur mari, Lucien Morisse, a déjà commencé à façonner le mythe. Bruno, à son tour, rêve de succès, il ne le touchera que du bout des doigts en se lançant lui aussi dans la chanson. Sous le nom d'Orlando, le prénom de son frère aîné resté au pays.

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Si les ritournelles qu'il enregistre lui permettent de connaître un petit succès d'estime, son accent qui roule et qui roucoule ne fait que rappeler celui de sa sœur. Celle dont les animateurs ont pourtant l'interdiction de prononcer le nom quand ils invitent le jeune impatient sur les plateaux de variété.

… la carrière de sa sœur

« On dit que c'est mon frère qui chante quand je suis en vacances… pas vrai, pas vrai », s'amuse Dalida dans « Comme disait Mistinguett », un de ses tubes de 1979. Oui, Orlando a chanté, mais il ne chante plus depuis 1965. Il décide d'arrêter les frais. Sa carrière, il ne la fera pas sous les feux des projecteurs, mais dans l'ombre de sa sœur. « Et quelle carrière ! » s'enorgueillit-il encore aujourd'hui.

Dès 1970, il rachète le contrat de Dalida à Eddie Barclay et décide de la produire seul. En indépendant. Une gageure à une époque où les maisons de disques font encore la loi sur le marché. Le premier triomphe professionnel de ce drôle de couple porte le titre de « Darladirladada », une chanson folklorique grecque aux atours joyeux qui raconte pourtant un suicide.À LIRE AUSSI « Hôtel du temps » : Dalida « ressuscitée » et interviewée par Ardisson

Et ce duo fusionnel va prendre les années 1970 en otage et squatter tous les shows de variété de la télé française. Dalida est partout, Dalida chante de tout, Dalida ose tout : reprendre sans rougir du Léo Ferré, clamer, en vraie Callas des variétés, le « Je suis malade » de Serge Lama, inscrire dans un seul et même 45 tours « Il venait d'avoir 18 ans » et « Gigi l'amoroso » au Panthéon de la chanson française, repousser les avances d'Alain Delon dans « Paroles… Paroles », redonner vie à « J'attendrai », un vieux refrain de Rina Ketty, en lui injectant une piqûre de ce disco naissant qui s'apprête à balayer les États-Unis, et surfer sur cette vague qui, en 1979, lui permet de tenir le haut du pavé avec « Monday, tuesday, laissez-moi danser ».

Elle ne voulait pas de cette chanson, c'est moi qui l'ai convaincue qu'elle était faite pour elle, et elle n'a pas eu à le regretter », raconte Orlando, qui, il faut bien l'avouer, ne manque pas de flair parfois envers et contre tous. Comme lorsqu'une station alors aussi importante qu'Europe 1 snobe la sortie, en 1977, de « Salma Ya Salama », qui figurera pourtant parmi les tubes de la star.

Tragédie en trois actes

Mais la tragédie reprend définitivement la main, après avoir déjà marqué maintes fois de son empreinte la vie privée de Dalida avec les suicides de ses amants : Lucien Morisse (1970), Richard Chanfray (1983) et surtout celui de Luigi Tenco, en 1967, à San Remo, qui la poussera à tenter de mettre fin à ses jours une première fois.

Autant de drames qui la contraindront, en 1985, dans Le Jeu de la vérité, animé par Patrick Sabatier sur TF1, à parler du suicide en répondant à cette question nauséabonde mais pourvoyeuse d'audience, posée par un téléspectateur : « Dalida, êtes-vous une femme fatale ? »

En 1986, sa performance saluée par la critique dans Le Sixième Jour de Youssef Chahine, film peu plébiscité par le public, sonne le glas d'une carrière qui s'enlise, la star ayant elle-même perdu goût à la vie. Mais, après le fatal 3 mai 1987, ce jour où l'on prévient Orlando que « quelque chose de grave est arrivé » à sa sœur, le producteur se donne une nouvelle mission : celle d'offrir à Dalida un nouvel épisode à sa carrière, avec la volonté féroce de continuer à rassembler ses fans tout en mobilisant un nouveau public.

Mission accomplie : trente-six ans après son « départ » – Orlando refuse à son entourage de parler de mort –, Dalida est toujours présente dans les classements de chansons sur diverses plateformes, a fait l'objet de deux biopics et s'est invitée dans la BO d'un James Bond.

C'est l'histoire de cette success-story nourrie par l'amour d'un frère pour sa sœur qu'Arte raconte ce soir. Une collaboration faite de passion, de colères homériques en coulisse et du savoir-faire indéniable d'un producteur qui aura toujours su faire les bons choix pour sa star de sœur.

Dalida et Orlando, les âmes sœurs, documentaire de François Chaumont (France, 2023), 53 minutes, sur Arte vendredi 4 août à 22 h 30 et disponible sur arte.fr jusqu'au 1er novembre 2023.

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Commentaires (2)

  • familly

    Mais que croyez-vous encore ? Orlando a toujours été un maquereau de frère de Dalida et cela bien longtemps après la mort de l'artiste, aussi !

  • familly

    Mais que croyez -vous encore ? Orlando a toujours été un maquereau de frère de Dalida et cela très longtemps après sa mort aussi !