Mondial 2010 : l'Espagne triomphante, la France honteuse

L'Espagne profite de la plus belle de ses générations pour remporter enfin la Coupe du monde. L'équipe de France, elle, se saborde en faisant grève.

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L'Espagne brandit enfin une coupe du monde.

L'Espagne brandit enfin une coupe du monde.

© MEXSPORT DIGITAL / AFP

Temps de lecture : 5 min

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L'Afrique accueille en 2010 la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Le continent avait loupé de justesse l'attribution de l'édition de 2006, à une voix près, et se voyait alors récompensé de sa patience par la Fifa en étant désigné d'office pour celle d'après. Il ne restait alors plus qu'à sélectionner le pays. La Libye et la Tunisie se retirent de la course assez tôt face aux deux favoris Maroc et Afrique du Sud. C'est le dernier cité qui est finalement choisi pour accueillir le Mondial le 15 mai 2004.

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Le pays de Nelson Mandela est alors désigné tête de série... au détriment des Bleus, versés dans le chapeau 4. Finaliste il y a quatre ans, l'équipe de France entraînée par Raymond Domenech n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle réalise d'abord un Euro 2008 catastrophique, puis s'extirpe de justesse des éliminatoires de cette Coupe du monde. Elle retrouve l'Irlande en barrages pour la qualification en phase finale, mais sort son adversaire grâce à un but de Gallas, bien servi par Thierry Henry... de la main. L'arbitre valide l'action en dépit du geste de l'attaquant de Barcelone et envoie la France en Afrique du Sud. L'histoire fait le tour du monde et déclenche une énorme polémique.

Les Bleus font grève !

Les Bleus ne méritent pas d'être en Afrique du Sud et vont alors tout faire pour le démontrer une fois sur place. Après un résultat nul contre l'Uruguay dans le premier match (0-0), les joueurs de Raymond Domenech s'inclinent contre le Mexique lors du deuxième acte. À la mi-temps, le sélectionneur français est en désaccord avec Nicolas Anelka sur des discussions tactiques. Il décide alors de trancher en écartant le joueur à la pause pour le remplacer par André-Pierre Gignac.

Le lendemain, le journal L'Équipe fait sa une sur ce conflit et n'hésite pas à grossir le trait en inventant des insultes adressées par l'attaquant de Chelsea à son entraîneur. Derrière, l'affaire s'emballe. Nicolas Anelka est évincé définitivement du groupe. Ses coéquipiers contestent cette décision et se mettent alors à faire une grève de l'entraînement. La polémique enfle, l'opinion publique est scandalisée et les politiciens et intellectuels s'emparent du dossier pour étaler leur avis. Huit ans plus tard, Raymond Domenech reconnaît que la presse n'a pas relayé les propos exacts tenus dans le vestiaire ce jour-là.

Mais ce déballage a fortement perturbé l'équipe de France, qui ne remporte même pas le troisième match contre l'Afrique du Sud (défaite 2-1) et sort du tournoi la tête bien basse. Pour Nicolas Anelka, Raymond Domenech est le grand responsable de ce marasme sportif. Le sélectionneur les pousse même à la honte jusqu'au bout en refusant de serrer la main de son homologue pour d'obscures inimitiés personnelles à l'occasion de cette rencontre.

L'enfer des vuvuzelas

Côté tribunes, nos oreilles sont mises à rude épreuve à cause des vuvuzelas. Ces cornes de brume locales déclenchent un bourdonnement abrutissant mais sont hélas commercialisées en masse à l'occasion de cette Coupe du monde. Censé densifier la fête, cet instrument va contribuer à rendre ce Mondial pénible sur le plan auditif.

Sur le plan sportif, ce Mondial vient chambouler la hiérarchie des puissants. Les grandes nations de cette compétition comme le Brésil ou l'Italie (tenante du titre) ne réalisent pas un parcours satisfaisant. Les Auriverde, pourtant favoris en quart face aux Pays-Bas, perdent leur concentration et se font éliminer bêtement pour avoir pris leur adversaire de haut. Quant à la Squadra Azzurra, elle fait presque aussi pire que la France en terminant dernière d'une poule composée d'équipes terrifiantes comme... la Slovaquie, la Nouvelle-Zélande et le Paraguay.

L'Argentine, elle, est l'une des principales attractions du tournoi avec le duo Maradona (sélectionneur) et Messi (joueur) aux manettes. Mais le héros du Mondial 1986 ne s'avère pas être un bon technicien. Son équipe se fait balayer par l'Allemagne en quart de finale (4-0) et el pibe de oro ne va parvenir à rendre ses services par la suite qu'à des clubs émiratis. Le duo avec le prodige du Barça n'a donc pas tenu ses promesses.

Iniesta, un héros espagnol

D'autres équipes justifient en revanche leur statut. Favorite de la compétition en raison de son succès à l'Euro 2008, l'Espagne fait enfin honneur à son rang en décrochant sa place en finale et en gagnant ce match ultime contre les Néerlandais. Souverain en club depuis les années 1950 grâce au Real Madrid et au FC Barcelone, ce pays n'avait jamais vraiment dominé le football des nations. La faute à des antagonismes entre régionalistes castillans, basques et catalans qui pourrissaient le vestiaire.

Un footballeur est venu rétablir l'ordre. Il s'appelle Andrés Iniesta et présente la particularité de faire l'unanimité dans tout le pays. Joueur-cadre du FC Barcelone, il n'affiche pas une catalanité politique comme son coéquipier Gerard Piqué. Il est même né en Castille et ne se trouve, du coup, pas honni par les madridistes. Unique scoreur de la finale, Iniesta trouve le moyen de célébrer son but en dévoilant un tee-shirt qui rend hommage à Daniel Jarque, un footballeur de l'Espanyol Barcelone décédé quelques mois plus tôt. Ce geste à l'égard d'un joueur d'un club rival pro-castillan unit toute la nation, de l'Andalousie à la Galice, et fait d'Iniesta un héros transrégional.

La consécration du toque

Cette Coupe du monde entérine aussi la mode tactique du toque : l'équipe se focalise sur des passes courtes au ras du sol pour franchir les lignes et délaisse les ballons aériens. L'Espagne, via l'influence du club pionnier FC Barcelone, est la référence de ce style. Mais le Chili, entraîné par un certain Marcelo Bielsa, et même l'Allemagne favorisent le jeu à terre. La Mannschaft a quitté définitivement son jeu rudimentaire pour se calquer sur cette mode venue de la Méditerranée.

D'ailleurs le style latin va prédominer cette édition. Par le jeu, mais aussi par le vice à l'image de ce geste fou, à la fois héroïque et anti-fair-play, de l'attaquant uruguayen Luis Suárez qui sauve une balle de but adverse en détournant délibérément le ballon de la main. Le joueur est évidemment expulsé après ce geste et concède un penalty contre la Celeste. Sauf que l'attaquant Gyan Asamoah, écrasé par la pression, loupe sa tentative. Ce dernier aurait pu entrer dans l'histoire en permettant à son équipe d'être la première du continent africain à se hisser en demi-finale. Il s'agit de l'un des moments forts de cette Coupe du monde, où toute la dramaturgie du football est ici bien résumée.

SUAREZ © JORGE REYES MEXSPORT DIGITAL / AFP

Le geste fou de Luis Suarez qui repousse le ballon de la main.

© JORGE REYES MEXSPORT DIGITAL / AFP

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Commentaires (4)

  • Bellross

    Minable l'équipe de France de 2010... Un ramassis de racailles a quelques exceptions près !
    heureusement, les Nelka, Bzema et autres petites frappes ont été évincés indignes qu'elles étaient de porter le maillot

  • exquis mots

    Domenech n'était pas si minable que cela : il a amené l'Equipe de France en finale de la coupe du monde en 2006. Et qui bousillé la 2ème étoile qui était à portée de filets ?... Le grand chouchou Zidane !... Qui avec 1 ballon d'or n'arrive pas à la cheville de Platini (3) sans parler d'un CR7 ou de Messi avec, chacun, leurs 5 ballons d'or.

  • Nostradamus13

    Ce fut la France honteuse des Domenech, Anelka, Évra et autre Ribéry... Entre une fédération dépassée et des joueurs minables, on a donné l’image d’une France semblable à celle de 1940, celle qui perdait son âme dans une bataille mêle pas livrée parce que ses joueurs et son entraîneur ont été d’une rare nullité dans le comportement et l’intelligence...