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Décryptage

Bourse : gestion active ou ETF, à qui vont profiter les doutes des marchés ?

Depuis une décennie, les fonds indiciels cotés ont particulièrement brillé. Le potentiel de hausse des actions s'amenuisant, la gestion active peut cependant retrouver quelques couleurs. Mise en perspectives de deux types de gestion qui ont chacune leurs partisans convaincus.

Les ETF sont dans le camp de la gestion dite « passive » qui se contente de répliquer un indice boursier alors que les fonds actifs tentent de faire mieux que leur indice de référence.
Les ETF sont dans le camp de la gestion dite « passive » qui se contente de répliquer un indice boursier alors que les fonds actifs tentent de faire mieux que leur indice de référence. (Michael Nagle/Xinhua-rea)

Par Emmanuel Schafroth

Publié le 14 juin 2023 à 16:00Mis à jour le 16 juin 2023 à 11:26

Rien ne semble pouvoir arrêter la course en avant des ETF. Ils représentent désormais près de 10.000 milliards de dollars d'actifs sous gestion (chiffres mondiaux). Et avril 2023 marque un 47e mois consécutif de collecte positive pour ce type de produit, selon la société de conseil ETFGI. Cela signe un triomphe de la gestion dite « passive », celle qui se contente de répliquer un indice boursier, sur les fonds actifs, qui tentent au contraire de faire mieux que leur indice de référence… et n'y parviennent que trop rarement.

Le niveau de frais est l'argument massue des ETF : par exemple, l'ETF Amundi S&P 500 cherchant à répliquer le célèbre indice américain est chargé à hauteur de 0,15 % par an, alors que les fonds actifs destinés aux particuliers peuvent allègrement subir des frais dix fois supérieurs.

« Depuis 2015, à profil de risque équivalent, notre gestion pilotée en ETF fait mieux que 96 % des fonds actifs. Par moments, la gestion active peut faire mieux, notamment dans les baisses de marché, mais il reste difficile pour un gérant actif de rattraper le différentiel de frais », explique Olivier Malteste, directeur des investissements de Yomoni.

Nouveau contexte

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L'avantage compétitif de la gestion passive continue de faire mouche en 2023. Selon les statistiques de Morningstar, en Europe, les fonds actions gérés activement ont encore décollecté à hauteur de 13 milliards d'euros sur les quatre premiers mois de l'année, alors que les fonds passifs équivalents ont attiré 44 milliards d'argent frais.

Le nouveau contexte issu de la brutale remontée des taux d'intérêt en 2022 pourrait toutefois changer la donne. D'abord, les banques centrales sont en train de retirer massivement des liquidités du marché. Les conséquences de ce phénomène restent à évaluer mais vont brider le potentiel de hausse des marchés, dont la volatilité est en outre plus élevée que dans la période prépandémie.

« Dans le contexte actuel, les fonds plus flexibles peuvent faire la différence, estime Nadège Dufossé, responsable de la gestion multi-actifs de Candriam. Deux éléments sont redevenus favorables : d'abord, la corrélation entre actions et obligations est redevenue négative, c'est-à-dire que si les actions baissent, à cause de doutes sur la croissance, les obligations sans risque de crédit vont protéger les portefeuilles. De plus, les obligations offrent à nouveau un rendement positif. »

La période des taux négatifs a été particulièrement difficile pour les fonds patrimoniaux, qui peuvent espérer retrouver des performances plus dignes de leurs ambitions dans un contexte normalisé. L'investissement indiciel pourrait aussi subir quelques revers du fait de certains déséquilibres. « La performance récente des indices américains est essentiellement due à un très petit nombre de valeurs. Il y a un vrai risque sur l'indice en cas de retournement, et la gestion active a du sens », indique Nadège Dufossé.

Sélectionner un gérant

Reste que le choix d'un fonds actif n'est pas si simple. « Choisir la gestion active suppose de savoir sélectionner un gérant, ce qui est à peu près aussi complexe que de sélectionner une valeur, juge Olivier Malteste. L'équipe de gestion d'un fonds peut changer et avoir des biais de style, donc il faut comprendre s'ils sont adaptés au contexte de marché. » Un autre risque est que l'équipe de gestion d'un fonds existant change, par exemple parce qu'un gérant star a été recruté ailleurs. Ce n'est pas exactement le genre d'information dont la société concernée fera grande publicité !

Dans une période marquée à la fois par un certain retour à la normale et par de nombreuses incertitudes, choisir des ETF pour constituer le coeur de son portefeuille financier reste pertinent sur le long terme, ces produits donnant accès de manière quasi gratuite aux grands indices actions.

La gestion active peut s'avérer utile dans plusieurs cas, notamment pour s'intéresser à certains marchés peu efficients. Les actions chinoises sont un exemple : la qualité de la gouvernance, très variable d'une entreprise à l'autre, entre autres choses, offre un terrain plutôt favorable à un gérant sachant être sélectif.

Typiquement, des secteurs très spécifiques, comme la biotechnologie, ou des thématiques encore émergentes, comme l'hydrogène vert, seront difficilement accessibles à la gestion passive, car il s'agit d'identifier les futurs gagnants de développements pas encore matérialisés dans les ratios financiers des entreprises concernées, ce qui nécessite des capacités de recherche. Le meilleur parti dans le nouveau contexte semble être celui de la diversification pour tirer profit de chacune des gestions, actives et passives.

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Emmanuel Schafroth

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