Le pardon de Saint-Jean-du-Doigt est ancré dans la tradition depuis plus de 500 ans pour fêter le solstice d’été, la nuit du 23 au 24 juin. Dans son livre « Au pays des pardons (1894) », Anatole Le Braz le décrit comme une référence des pardons du feu, « le lieu le plus spécialement réputé pour être le centre et comme le sanctuaire des antiques cultes solaires ».
Vers l’an 500, le petit village alors rattaché à la commune voisine de Plougasnou était nommé Traoun-Meriadek (vallée de saint Meriadec en breton), jusqu’à ce que saint Jean Baptiste lui soit adjoint comme patron de l’église vers 1400. C’est en 1437, selon une légende racontée dans « la Vie des Saints de la Bretagne Armorique » par Albert Le Grand, qu’un jeune homme de Plougasnou aurait ramené de Normandie jusqu’à sa commune natale la fameuse phalange de saint Jean, « celle de son index qui désigna l’agneau de Dieu » et fut ramenée de Jérusalem lors des croisades. L’attrait de la relique en fit un haut lieu de dévotion et la petite chapelle originelle, devenue trop petite, fut transformée de 1440 à 1513, en spacieuse église. On renomma alors le lieu Saint-Jean-du-Doigt.
Si la légende raconte qu’Anne de Bretagne y serait venue en 1505 guérir ses yeux, des faits attestent que vers le milieu du XVIe s, c’était l’un des sanctuaires les plus visités de Bretagne. « Jadis, c’était par la mer que les pèlerins du littoral se rendaient au pardon de saint Jean. De la côte léonnaise et trégoroise, des centaines de bateaux se mettaient à la voile », écrit encore Anatole Le Braz. Les témoignages historiques, la presse ou les cartes postales d’époque attestent que le pardon du feu attirait au XIXe siècle jusqu’à 20 000 pèlerins.
À l’issue de l’office, une procession de croix et bannières se rendait en haut de la colline de Pen-ar-Ch’ra à la fontaine dont l’eau était réputée guérir les maladies ophtalmiques. Puis l’immense feu était allumé au pied du calvaire pour y brûler tous les péchés de l’année.