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«Inferno»: Robert Langdon dans l’enfer de l’ennui

Cette troisième adaptation cinématographique des aventures du célèbre symbologue créé par Dan Brown pèche par invraisemblance et paresse

Tom Hanks incarne Robert Langdon dans «Inferno». — © DR
Tom Hanks incarne Robert Langdon dans «Inferno». — © DR

Robert Langdon traverse une sale passe. Le célèbre symbologue reprend connaissance dans un hôpital florentin. On lui a tiré dessus, la balle a rebondi sur son crâne. Il ne garde aucun souvenir des 36 dernières heures. Pis! Il est en proie à des hallucinations apocalyptiques dignes de Constantine, mais en fait inspirées de L’Enfer de Dante. En plus, il a perdu sa montre Mickey!

Des tueurs cherchent à l’achever sur son lit d’hôpital. Heureusement, Sienna Brooks (Felicity Jones), une sémillante jeune doctoresse, l’aide à s’enfuir. Réfugié chez elle, il perce le secret du tube crypté trouvé dans sa poche, découvrant une carte de l’Enfer. C’est le début d’un dangereux jeu de piste. Pris en chasse par toutes les polices du monde, par les agents de l’OMS, dont Christophe Bouchard (Omar Sy) et Elisabeth Sinskey (Sidse Babett Knudsen), par un mystérieux tueur basané adepte du kriss malais, Robert et Sienna galopent à travers les jardins de Boboli, dans les combles du Palazzo Vecchio, puis filent à Venise, comme au gré d’un circuit touristique consacré à l’Italie de la Renaissance.

Le masque mortuaire de Dante et les quatre chevaux de Saint-Marc leur indiquent la direction d’Istanbul. Là, dans les cryptes aquifères de la ville, feu le Dr. Zobrist a disposé une bombe contenant un virus susceptible d’anéantir l’humanité. Seul Robert Langdon peut arrêter l’apocalypse – s’il réussit à aligner tous les symboles à temps…

Montre Mickey

Détruire l’humanité pour sauver la Terre de la surpopulation, pourquoi pas? Mais pourquoi le savant fou sème-t-il, tel un diabolique Petit Poucet, des indices conduisant à la machine infernale? Pourquoi implique-t-il Robert Langdon dans son plan machiavélique, sachant que ce cerveau américain est indéfectiblement attaché au Bien? Ces incohérences marquent les limites du système Dan Brown. Ecrivain sans style, il réussit à passionner ses lecteurs en multipliant devinettes, rébus et logogriphes abstrus pour les égarer dans des labyrinthes ésotériques fumeux placés sous le signe de l’histoire de l’art et de la théorie de la conspiration. Mais il ne se soucie ni de vraisemblance scénaristique, ni de logique, ni de psychologie.

Le cinéma amplifie ces carences, d’autant plus cruellement que Ron Howard ne s’est pas foulé. Entre un ersatz de Moby Dick (Au Cœur de l’océan), un documentaire sur les Beatles (Eight Days a Week – The Touring Years) et un biopic de Mrs Fitzgerald (Zelda, à venir), il signe le troisième volet de la franchise Langdon après Da Vinci Code (2006) et Anges et Démons (2009) – il a sauté Le Symbole perdu. Tom Hanks, 60 ans, semble un peu vieux pour incarner le symbologue et n’a pas l’air de croire à ce qui se passe autour de lui. Son ennui reflète celui du spectateur, assommé par tant de clichés et de mollesse. On voit à vingt mètres que cette policière à tête de camionneuse butée est une tueuse déguisée. Les traîtrises ponctuent le récit de manière schématique. Les courses-poursuites dont les fugitifs échappent miraculeusement sont mal fichues. Le rythme languit. Sans surprise, l’affaire se termine bien. Le monde est sauvé. Robert Langdon retrouve la mémoire et même sa montre Mickey!

Inferno, de Ron Howard (Etats-Unis, Hongrie, 2016), avec Tom Hanks, Felicity Jones, Omar Sy, Sidse Babett Knudsen, 2h01.