Les investisseurs se sont réchauffés à un rayon de soleil venu des Etats-Unis où des statistiques ont apaisé les craintes inflationnistes. «La pression sur la Réserve fédérale (Fed) de resserrer davantage le robinet monétaire s'est réduite», estime Stephen Gallagher, stratège de Société générale à New York. Il y a donc moins de chance qu'elle étouffe la croissance en tentant d'éteindre l'incendie de l'inflation.
Craintes pour la consommation
Le déflateur de la consommation, un indice des prix, est pourtant apparu en hausse de 2,9% en avril par rapport au même mois de l'an passé. C'est au-dessus de la zone de confort de 2% de la Fed. Mais cette dernière pourrait fermer les yeux sur un dépassement qui apparaîtrait comme seulement temporaire. Cette idée semble faire son chemin à Wall Street. Elle s'appuie sur l'observation que la hausse du prix du pétrole, principale cause de la hausse des indices d'inflation, ne se répercute toujours pas sur les autres prix. Les entreprises absorbent la hausse de leur facture énergétique grâce aux gains de productivité qu'elles réalisent et à la modération salariale.
Jeudi, les statistiques sur les augmentations de salaires avaient été revues à la baisse. De 5,2% à un très faible 1,6% au dernier trimestre 2005, et de 6 à 5,8% au cours des trois premiers mois de 2006. La progression relativement faible de la consommation en avril, 0,6% d'un mois sur l'autre, a confirmé l'impression que les ménages américains ne sont pas ceux qui s'apprêtent à souffler le chaud sur les prix. D'autant plus que leurs revenus se sont accrus moins vite, de 0,5%. Autrement dit, les Américains ont encore réduit leur épargne pour financer leur train de vie. La crainte inflationniste pourrait même rapidement laisser la place à l'angoisse de voir l'économie américaine ralentir trop vite. «Il est difficile d'imaginer une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 3% en 2006 si la consommation ne gagne que 2 à 2,5%», estime Stephen Gallagher.