«Finances de Paris: la mandature des abus». La tribune de Jérôme Dubus (LREM)

« Dès 2014, les promesses électoralistes et les connivences politiciennes se sont muées en abus budgétaires »
Jérôme Dubus
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Jérôme Dubus  -  Sipa Press

Dans deux mois, les Parisiens seront appelés à juger l’indéniable réalité financière de notre capitale et la responsabilité de ceux et celles qui l’ont façonnée. Les dérapages, depuis six ans, n’ont jamais été maîtrisés et n’ont pas manqué. Ceux-ci ne sont-ils pas après tout la marque de fabrique d’Anne Hidalgo et de son exécutif ? Dès 2014, les promesses électoralistes et les connivences politiciennes se sont muées en abus budgétaires.

Abus de dépenses, tout d’abord. Les dépenses de fonctionnement ont crû de 7 % en six ans et celles de personnel de 11 %, un comble alors que la fusion ville-département aurait justement dû permettre de largement les diminuer. Avec 52 553 agents, Paris détient le triste record du plus grand nombre d’employés par habitant parmi toutes les grandes villes françaises, alors que ses rues n’ont jamais été aussi sales, ses voies aussi délabrées, ses quartiers excentrés aussi délaissés. Reflet d’une gabegie totale, injustifiée et injustifiable.

Abus de clientélisme ensuite. Depuis 2014, les subventions aux associations ont augmenté de plus d’un tiers. Soit, le soutien au milieu associatif doit être la marque d’une politique municipale ouverte sur son territoire. Pourtant, l’ouverture est précisément la valeur politique cardinale dont ne pourra jamais se prévaloir cette majorité. Effectivement, sur les 65 000 associations parisiennes, seules 2 500, soit 4 % d’entre elles, bénéficient des subsides de la Ville. Pire encore, 85 % de celles-ci se les voyaient déjà attribuer dès 2013… Bref, à Paris, le milieu associatif se divise entre les quelques amis de l’exécutif et l’immense majorité des oubliés.

Abus de promesses également. En 2014, alors que chacun pointait son irréalisme, la maire de Paris s’enorgueillissait d’un plan d’investissement de 10 milliards d’euros sur la mandature. Or, seuls 8,8 milliards ont pu être exécutés. C’était prévisible et, finalement, ce sera peut-être salvateur car le gouffre de la dette aura été suffisamment creusé ces six dernières années.

Abus de l’endettement, justement. En seulement six ans, la dette parisienne aura quasiment doublé, passant de 3,6 milliards à 6,1 milliards. Cette trajectoire est inédite et elle fait peser un risque terrible sur les finances de la Ville. Non contente d’obérer largement les marges de manœuvre des décennies à venir, cette Maire de Paris nous aura tous mis à la merci d’un retournement de la conjoncture économique.

En somme, Anne Hidalgo candidate veut réparer les dégâts d’Anne Hidalgo maire

Le dernier grand abus de cette mandature restera bien sûr celui des prélèvements. Non seulement beaucoup de projets n’auront finalement pas été réalisés mais parallèlement la charge fiscale aura explosé. Certes, les impôts directs auront été maintenus, mais au prix d’un accroissement terrifiant de l’ensemble des tarifs municipaux. Ponction des loyers capitalisés sur les bailleurs sociaux, triplement des recettes de stationnement, doublement de la taxe de séjour, dopage aux droits de mutation et j’en passe… Cette majorité aura essoré les finances des Parisiens.

Aujourd’hui candidate, Anne Hidalgo renoue déjà avec sa folie dépensière : à peine chassé, le naturel revient au galop. Prenons un seul exemple, qui pourrait être cocasse s’il n’était pas aussi hypocrite : la promesse d’investir 20 milliards (dont 3,6 milliards directement issus des caisses de la Ville) dans des logements pour les classes moyennes parisiennes. Elle ne fait que répondre à une crise que la maire aura elle-même sciemment créée durant six ans, en réduisant à peau de chagrin le parc intermédiaire de la Ville afin d’atteindre son objectif idéologique d’une ville constituée à 30 % de logements sociaux à l’horizon 2030. Ainsi, il s’agit maintenant de transformer du logement privé en pseudo-logements intermédiaires, à grand renfort de dépenses qui n’auraient jamais dû être nécessaires. En somme, Anne Hidalgo candidate veut réparer les dégâts d’Anne Hidalgo maire.

Alors que faire ? Tout d’abord, il faudra engager un grand audit des finances parisiennes afin de définir les biais d’amélioration du service municipal et de réduction durable des coûts de fonctionnement de l’administration parisienne. Il faudra aussi simplifier et optimiser l’organisation des ressources humaines de la collectivité pour économiser 150 millions d’euros par an. Il faudra également sortir du dogmatisme et ouvrir les grands travaux structurants de la prochaine mandature à des partenariats avec le privé et avec les collectivités voisines.

Priorités opérationnelles. Enfin, il faudra profondément revoir nos priorités opérationnelles afin de répondre aux attentes trop longtemps ignorées des Parisiens. Par exemple, il conviendra de créer une force d’action rapide chargée de combattre au plus proche du terrain la saleté de l’espace public. Il conviendra aussi de revoir entièrement la politique de l’habitat en réduisant drastiquement la part des logements conventionnés, tout en soutenant l’accession sociale à la propriété, la construction de logements neufs et la rénovation notamment thermique de l’existant. Il conviendra encore de réinvestir les enjeux sécuritaires en assumant la création d’une véritable police municipale et le renforcement de la vidéo protection dans la capitale. En somme, donnons-nous les moyens de faire plus avec moins, de rendre aux Parisiens des finances assainies pour à nouveau leur permettre de rêver au Paris de demain.

Jérôme Dubus est conseiller de Paris (LREM), Président du groupe PPCI.

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