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À Carnac, 39 menhirs détruits pour construire un Mr Bricolage: comment ce site a pu être dénaturé?

Près de 40 menhirs détruits sur un site à préserver en Bretagne : la polémique enfle sur ces destructions destinées à aménager un espace pour construire un magasin de bricolage à Carnac.

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Près de 40 menhirs détruits sur un site à préserver en Bretagne : à Carnac, la polémique enfle sur ces destructions destinées à offrir un espace pour un magasin de bricolage à venir.

C’est un habitant de cette ville du Morbihan qui a lancé l’alerte, début juin, sur le site de l’association Sites et monuments  : « Plusieurs aménagements brutaux ont été réalisés, cet hiver et au printemps, aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu », écrit Christian Obeltz. Résultat, « la destruction des 39 menhirs du chemin de Montauban. C’est totalement illégal ! »

Une demande de permis de construire a été accordée pour la construction d’un magasin Mr Bricolage, au sud de la zone d’activités de Montauban à la SAS Au marché des Druides, relate Ouest-France. Or le site en question est sur la liste indicative du projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ainsi que sur l’Atlas des patrimoines, une liste établie par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), référençant les sites archéologiques présents.

Une première demande de permis de construire refusée il y a presque dix ans

Une première demande de permis de construire avait déjà été déposée en décembre 2014. Laquelle avait été refusée après la réalisation d’un diagnostic archéologique. Les fouilles avaient permis de conclure qu’un « alignement mégalithique inédit » venait d’être découvert, rappelle Ouest-France.

Interrogé par nos confrères d’Ouest-France, le maire de Carnac, Olivier Lepick, renvoie vers les services de la Drac. Celui qui est par ailleurs président de Paysages des mégalithes – qui porte le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco – invoque ainsi une erreur de la Drac qui aurait placé le site en zone de prescription dans l’ex-Plan d’occupation des sols (POS)… mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU).

Olivier Lepick atteste auprès de l’AFP avoir «  parfaitement respecté la législation » et invoque «  la faible valeur archéologique » des objets retrouvés lors des fouilles préventives.

« Je ne suis pas archéologue, je ne connais pas les menhirs ; des murets, il y en existe partout »

De son côté, le gérant de la SAS Au marché des Druides, Stéphane Doriel plaide la bonne foi. « Je ne suis pas archéologue, je ne connais pas les menhirs ; des murets, il y en existe partout, déclare-t-il à Ouest-France. Si on avait su cela, on aurait fait autrement, évidemment ! »

Sur les réseaux sociaux, la polémique enfle et de nombreux internautes s’interrogent sur ces destructions de menhirs.

Pour Christian Obeltz, il ne fait aucun doute que cette destruction de menhirs est à lier au dossier de candidature du site au Patrimoine mondial de l’Unesco qui doit être remis fin septembre au ministère de la Culture : « Les élus de ce secteur, le département, le CMN se pressent ainsi de construire ou d’aménager à tout va car “après, avec l’Unesco, ce ne sera pas possible”. »

Une plainte déposée par une association de défense du patrimoine

Suite à cette destruction, une association de défense du patrimoine, Koun Breizh (« Mémoire bretonne », en breton), a déposé une plainte contre X, plainte qui n’a pu encore être confirmée ce mercredi soir auprès du parquet. « L’objectif de cette plainte n’est pas de mettre en cause tel ou tel élu mais d’éclairer le processus de décision qui a abouti à ces destructions malgré toutes les formes de protection prévues par la loi », a expliqué à l’AFP le président de l’association, Yvon Ollivier. «  Il s’agit de faire en sorte que de tels faits ne se reproduisent plus », a-t-il ajouté.

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