Dans son dernier spectacle intitulé 0/40 et qui cartonne depuis près d'une année, Olivier de Benoist, nouveau quadra, dresse le bilan de sa vie, de son enfance à aujourd'hui. « 40 ans, c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes ». Très juste. "A 40 ans sonne la rencontre entre celui qui se cherche et celui qui se trouve. Ceux qui se sont trouvés sont plus apaisés". C'est de cette façon que "l'humoriste populaire à textes", tel il se décrit, introduit la genèse de son spectacle (ndlr : co-écrit avec Paul-Marie Debrie) qui provoque des rires du public "toutes les 10 secondes".

"Je ne me suis pas raconté dans les premiers spectacles. Je parle très peu de mes 40 ans, ce thème m'a permis d'aller ailleurs. J’ai une vie formidable, mais banale. Si j’écris un livre sur ma vie, je ne dépasse pas l’intro. J’ai trois enfants, je suis mariée depuis 13 ans, j’habite à Paris depuis 20 ans… Ma vie en tant que telle n’a aucun intérêt. Et ce n'est pas grave. Ou alors il faudrait que je me mette totalement à nu et je n’en ai pas envie. Par éducation déjà, mais aussi pour ne pas avoir à exposer mes proches pour un désir de spectacle". Mais alors, qui se cache derrière les petits Jean-Socrate et Surimi, "les enfants" évoqués à plusieurs reprises dans les sketchs du comique ?

A la ville, Olivier de Benoist, 43 ans aujourd'hui, est le papa accompli de trois enfants : Maëlle, 12 ans, Raphaël, 11 ans, et Roman, 7 ans. Une fille, deux garçons et trois prénoms mixtes "Je ne sais pas comment on s'est débrouillés". Si l'humoriste passe en revue son enfance, son adolescence, les magnétophones, ses bulletins..., il n'évoque pas sur scène sa vie de papa qui le comble hors de la lumière des projecteurs. Nous lui avons demandé le bilan de sa vie de père.

"Etre père, c'est prendre plaisir à passer du temps en tribu"

"J'ai de la chance de pouvoir profiter beaucoup de mes enfants. Je pense que tous les parents sont frustrés de ne pas en faire assez, ne pas être assez disponibles. Au niveau de l'organisation, pendant les tournées, j'ai 3 à 5 mois assez compliqués, mais après ça va. J’ai pris conscience assez tôt que plus on s’occupe des enfants, plus on a envie de continuer à le faire. Un peu comme une drogue. Un père absent n'a pas conscience de ce qu’il manque. On prend autant de plaisir à faire quelque chose avec son enfant que de faire rire une salle de 1000 personnes. Il faut nourrir le lien très fort parent-enfant, au quotidien, en racontant une histoire, il faut des choses qui nous rassemblent : des loisirs, des vacances, des occupations ensemble. On peut beaucoup s’amuser avec ses enfants. A les voir s’éveiller, avancer, réussir. Il ne suffit pas seulement de les emmener à l'école.

La paternité vous a-t-elle changé ?

La paternité m’a changé en tant qu’homme. On découvre qu’on est mortels, qu’il y a un cycle, quand voit ses enfants grandir et qu'on avance. J'ai ce sentiment de plénitude. Quand on a une famille, je ressens le sentiment qu’on se recadre. Le plus important, c’est l’épanouissement de ses enfants, ça passe avant tout. Je suis heureux s’ils sont heureux. C'est ça, le bonheur. J’ai de la chance qu’ils soient en bonne santé. Ils ont des copains, travaillent bien à l’école. Tout roule. Le reste, c’est accessoire.

Que faites-vous avec vos enfants ?

On part en vacances (près d'un mois l'été), on fait du sport ensemble (du foot avec les garçons), je m'occupe de leurs devoirs, on se balade dans Paris... Quand je suis avec eux, c'est à 100%. On reproduit souvent ce qu’on a vécu. Avec mes frères, on a vécu beaucoup de choses ensemble, on a une riche histoire commune familiale.

Quel style de papa êtes-vous ?

Angoissé. A la naissance, je les réveillais pour être sûr qu’ils dormaient bien. Je suis effrayé par ce qui peut leur arriver. Ma fille a un portable. Quand elle ne répond pas, je suis persuadé qu’il lui est arrivé quelque chose alors qu’elle regarde tranquillement la télé. On est tous comme ça. Je suis pas trop chiant.

Je voulais sortir de l’image de papa drôle, je ne fais pas 25 vannes quand je rentre chez moi, mais c’est assez léger. J’ai eu une enfance plutôt stricte par rapport à l'éducation que je donne aujourd'hui à mes enfants. Notre génération tient davantage compte de l’avis, des émotions de l’enfant. Nous sommes moins 'militaires'. Je suis pas dans le côté copain. C’est une erreur sur le long terme. Je suis intransigeant sur bonjour/au revoir/merci et sur la façon dont on doit se tenir à table.

Parlez-nous de vos enfants

Ma fille Maëlle est très responsable, facile à vivre. Avec ma femme, on s’appuie beaucoup sur elle. Quand je ne suis pas là, c’est une deuxième maman à la maison. Comme je n’ai pas eu de sœur, je découvre avec elle tout un univers féminin.

Plus on avance vers l'adolescence, plus je suis rassuré. Il y a une prime à l’éducation. Quand vous êtes là, présent, l’enfant ne vrille pas. Il n’est pas livré à lui-même, sans pour aurant être dépendant de vous. Ce n'est pas une période compliquée. Vous allez m’interviewer dans 4 ans, on va la retrouver droguée avec son petit copain à 15 ans, là je vous dirai qu’on a manqué une étape (rires).

Mes enfants m’inspirent même si je ne puise pas mes idées dans ma vie privée. Ils me font beaucoup rire malgré eux, ils ont des réactions surprenantes car on ne voit pas toujours venir la chute. Quand j'ai demandé à mon fils de 6 ans quel parfum de glace il voulait, il a répondu : 'parfum cake-savane'. Je n’aurai jamais pensé un jour que cela puisse me faire rire. Mes enfants ont de l’humour, ils sont assez attachants. Quand je pars, le quotidien me manque. Les tout petits plaisirs de la vie sont les plus jouissifs. J’appelle ma fille pour un oui ou pour un non. Je lui envoie des SMS avec des emoji. Mais eux n'ont pas forcément le temps de me parler.

Vos enfants ont-ils vu votre spectacle ?

Oui, les trois. Ils comprennent bien que c’est de l’humour sur scène. Le sketch sur "mes" enfants ne leur a pas parlé. Ce n'est pas les mêmes prénoms. Il n'associe pas la belle-mère, moult fois citée, à leur grand-mère, par exemple. L'aînée se marre car elle a compris que c’était un personnage. On en rigole aussi avec ma belle-mère (l'unique).

Ils sont de plus en plus contents de venir me voir. Puis c’est magique d’aller au théâtre. Ça me fait plaisir de leur montrer mon métier. Ils visualisent ce que je fais quand je ne suis pas à la maison, cela créé un lien supplémentaire. Ma fille fait de la comédie musicale, elle danse. Je trouve bien que les enfants développent un sens artistique, qu’ils s’ouvrent aux autres.

Participent-ils à l'écriture de vos sketchs ?

Je sollicite maintenant ma fille aînée pour avoir un avis sur un sketch. Ou je lui demande de me faire réciter. Elle me donne la réplique. Quant aux garçons, je leur demande de temps en temps s’ils n’ont pas des blagues. Le plus petit m'en a donnée une : 'C’est l’histoire d’un têtard qui croyait qu’il était tôt et en fait il était tard'. Pour l’instant, aucune de leurs proposition n’est rentrée dans le spectacle (rires). Ma femme aussi me donne son avis, même si elle n'a plus le recul nécessaire.

Après, ils font des concours de vannes à base de Toto. Ils sont hyper avisés. A 10,11 ans, ils ont vu autant de films que moi en 25 ans. Comme tous les enfants de leur âge, ils regardent les youtubeurs. Je suis un enfant de la télé, sorti de l’anonymat grâce à ça. Parfois, je demande à mes enfants de stopper la tablette. La tablette isole, la télé paraît moins nuisible. Le comble.

Avez-vous un conseil à donner aux parents ?

Les meilleurs parents que j’ai rencontrés sont ceux qui n’ont pas changé leur vie d’avant les enfants. Il ne faut pas lésiner sur le baby-sitting, se garder des moments à deux lorsque c'est possible. C’est compliqué d’avoir des enfants quand on pense que c’est compliqué. Ça peut être tout aussi simple. Il ne faut pas trop couver ses enfants, ça ne rend pas forcément service. Il ne faut pas avoir peur de gronder ses enfants. Je n'ai jamais mis de claque, ni de fessée, c’est complètement contre-productif. 

Pour finir, une petite blague pour Magicmaman ?

Extraits de mes sketchs :

-Lors de l'accouchement, le bébé n’arrivait pas à sortir. J’ai dit au gynéco : faites-lui une césarienne ! Au bureau, quand il y a un bourrage papier dans l’imprimante, je l’ouvre.

-Quand Jean-Socrate est né, Surimi était jaloux. Pour le rassurer, je lui ai dit qu'on comptait bientôt avoir un troisième enfant, et que bientôt, Jean-Socrate, on l'oubliera aussi. 

ODB Affiche

Olivier de Benoist, date de la tournée 0/40 en France sur son site officiel. 3 nouvelles dates exceptionnelles aux Folies Bergères les 9, 10, 11 novembre 2017.