Le Magazine littéraire

Abordons plutôt ce rébus dont la difficile exposition plonge le lecteur dans une hypnose communicative, sans laquelle il serait impossible de parvenir jusqu’à la fin. Hypnose qui provient de cette écriture carnivore dont Calvo possède la maîtrise. Texte incisif, gorgé d’un humour plus noir que vous ne le pensez, dont scansion, les volte-face, les ruptures de ton, la poésie acide, l’agressivité convient à suivre le fil d’une pensée en alarme, toute de tension et de doute.

Fluctuat

Plus qu’un simple roman de science-fiction, Calvo élabore avec ce texte, un hybride qui doit autant à William Gibson, à David Lynch ou à Baudrillard, qu’aux compositions numériques glacées et post-humaines de Ryoji Ikeda. Pour la forme, forcément expérimentale (insert de dialogues télévisés, poèmes, photos et dessins) on évoquera les figures tutélaires de J.G. Ballard et William S. Burroughs.

Anacréon

(…) Pendant ma lecture je ne pouvais m’empêcher de faire un parallèle avec le Lost Highway de David Lynch : un récit protéiforme qui défie l’entendement mais qui rend compte de quelque chose de plus profond qu’une histoire. Alors évidemment les thématiques sont différentes mais je pense que dans le rapport au récit la comparaison se tient. Quand je vous disais que le récit bien construit dépasse l’histoire, rend compte de quelque chose de plus profond, et bien Calvo et Lynch vont dans mon sens. Si dans le beau film de Lynch le lien de causalité est distendu au point de donner l’impression de rupture imminente, dans son texte, Calvo torture la vraisemblance, ce mince pont qui lie le récit avec la réalité du lecteur, jusqu’à lui faire décrire de nouvelles formes réalités, de nouvelles manières d’exister, toujours à la limite de la rupture. Cette capacité à suggérer une métaphysique connexe à la notre est, je crois la force majeure des deux derniers livres.

Triturer la vraisemblance tout en proposant une structure étrange, voilà un programme pour le moins réjouissant, et dans ce livre qui traite de virtualisation du monde, le procédé fonctionne pleinement. La déconstruction narrative liée à ce style à la fois beau et déroutant laissant planer le doute sur la réalité même de ce qui est décrit et donne la sensation de sentir quelque chose qui aurait trait à l’être au monde. Bref, en un mot comme en mille, ce livre est vraiment chouette. C’est une expérience littéraire que je conseille à tous les fans de D. Lynch, G. Noé et cie.

ActuSF

Lire un roman de David Calvo, c’est faire le grand saut dans l’inconnu : on ne sait jamais de quoi sera faite la page suivante. Qu’importe la destination finalement, seul compte le voyage. Mais pour cela, il faut accepter les règles du jeu. Certains apprécieront cette balade insolite, d’autres la trouveront indigeste. Intrigant, absurde, génial, confus… Minuscules flocons de neige… restera longtemps gravé dans votre esprit. N’est-ce pas finalement ce que l’on attend de tout (bon) livre ?