NATURELLEMENT
, coll. 2000.com n° (4) Dépôt légal : juillet 2000 Première édition Anthologie, 280 pages, catégorie / prix : 12,50 € ISBN : 2-910370-05-4 Format : 12,0 x 21,0 cm Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Une génération d'écrivains qui refuse de se faire caser dans une littérature hors du temps, issue du concept romantique de l'écrivain-artiste, et qui se bat avec les zones d'ombre de notre vie quotidienne y découvrant une langue encore en voie de formation qui puise, sans aucune fausse pudeur, à la source des rediffusions télévisées, de la culture de la rue, du cinéma bis, du disco. Le mouvement « Cannibale » est peut-être ce qui va révolutionner la littérature... Il est bien connu que le moralisme est cette pulsion sadique poussant ses victimes à conserver ses propres cadavres dans les armoires d'autrui. En outre, c'est la seule forme de perversion socialement admise. Mais que se passe-t-il, en revanche, quand le mal s'avère en tant que produit de l'absence, du manque total de détermination, issu d'individus sans désirs, ni conscience, qui se mette à sillonner le globe pour y répandre la douleur et la mort ? Tant que le crime est resté lié à un mobile, les faits divers s'en sont occupés, tout comme les romans policiers et leurs homologues cinématographiques. Mais, par la suite, il a fallu de nouvelles formes de récit pour représenter, à l'imaginaire collectif, la pure et simple envie de sang.
Une nouvelle génération d'écrivains italiens est en train de mettre un grand coup de latte dans les gencives de l'establishment littéraire transalpin. La jeunesse cannibale, car c'est d'elle dont il s'agit, prône un fantastique sans tabous ni retenue, noir et rouge, sombre et violent, contemporain, dérangeant.
Cette anthologie regroupe par thèmes une dizaine de nouvelles de ces iconoclastes. Il est difficile de se faire une opinion globale du livre car, comme dans tout recueil de nouvelles, le bon y côtoie le moins bon. Mais en l'occurrence, on constate avec bonheur que les textes de qualité priment sur le reste. Épinglons en quelques-uns dans l'ordre.
La palme de sang est attribuée à l'unanimité à Stefano Massaron, pour Le choc, un récit sur la cruauté de l'enfance, classique, galvaudé diront certains, mais d'une redoutable efficacité.
Le prix du jury revient à Niccolo Ammaniti et Luisa Brancaccio, pour Une p'tite virée, le récit douloureusement réaliste d'une errance nocturne désabusée. Le fantastique le plus efficace n'est pas précisément le plus sanglant.
Le prix jeunesse est partagé entre Le monde de l'amour de Aldo Nove et Chronique d'un été de Massimiliano Governi, deux nouvelles qui dépeignent une jeunesse à laquelle nous refusons de croire et qui nous font sentir d'un coup vieux et effrayés.
Le prix de l'originalité revient sans conteste à Andrea G. Pinketts pour Diamonds are for never, une histoire d'horreur gérontologique qu'il faut lire pour croire.
Enfin, Daniele Luttazzi remporte haut la main le trophée du gore avec Petit chaperon rouge sang. Assurez-vous d'avoir digéré avant de lire cette nouvelle.
On regrettera l'absence des titres originaux mais c'est un défaut minime pour cette anthologie aussi originale par son sujet que remarquable par sa qualité.