MA
, coll. Le Monde de n° 39 Dépôt légal : juin 1987 Première édition Encyclopédie / Dictionnaire, 288 pages, catégorie / prix : 69 FF ISBN : 2-86-676-278-9 Genre : Science-Fiction
L'article "L'Uchronie" est une version courte d'un article de Denis Guiot paru précédemment dans "Mouvance - le Temps".
Quatrième de couverture
La science-fiction. Pour certains, elle est la seule littérature du XXe siècle, car la seule capable de réfléter et d'analyser la fascinante complexité de notre monde moderne. Pour d'autres, elle est qu'une sous-littérature toute encombrée d'une quicaillerie de bazar (susée, robots) et extra-terrestres à la peau verdâtre. Sous la direction de Denis Guiot, cet ouvrage, lucide et plaisant, fait la point pour tous ceux qui désirent apprendre la science-fiction, la comprendre et surtour l'aimer.
Denis Guiot. Né en 1948. Études d'ingénieur, puis choisit l'enseignement. Anthologiste (Pardonnez-nous vos enfances chez Dencel, le Livre d'Or de John Wyndham en coll. avec P. Duvic), secrétaire du jury du Grand Prix de la SF française, critique depuis 1974. Tient actuellement les rubriques SF de Phosphore et L'étudiant.
Jean-Pierre Andrevon. Né en 1937, a été peintre et professeur de dessin avant de publier son premier texte dans la revue Fiction en mai 1968. Il est à ce jour l'auteur d'une quarantaine de romans et recueils de nouvelles, en SF ou en fantastique, principalement chez Denoël et au Fleuve Noir.
George W. Barlow. Né en 1936 au Havre. E.N.S.-Ulm (1955), agrégation d'anglais (1959). Critique de SF, auteur d'une quinzaine de nouvelles, anthologiste (Livres d'Or de Brunner, Clarke et Harrison) et traducteur.
Avec l'aide de JP. Andrevon, G. Barlow et de quelques porteurs, le dernier explorateur Denis Guiot, est entré avec une hache dans la vaste « jungle des genres » de la SF. Il rapporte de ce voyage dans les touffeurs équat/édit/oriales ce cadeau du guide, une « encyclopédie de poche ».
Le panorama est intéressant : ordre alphabétique des auteurs, des thèmes, des histoires de SF nationales, quelques incursions bienvenues ailleurs, chez Borges par exemple. On nous présente un auteur par une brève biobibliographie, avec quelques idées sur son œuvre pour en dégager la tonalité, et des « à Lire » de / sur lui. Ajoutons-y, et c'est une bonne chose, un index très pratique, portant sur les auteurs, les auteurs, les œuvres et les thèmes traités. Difficile de faire plus maniable en 186 pages serrées, impossible de mieux donner en une préface de quelques pages autant de perspectives sur l'ampleur de la tâche, l'importance du phénomène et le côté multiforme de l'objet et du monde à étudier. Cela dit, il y avait eu le Stan Barets, qui avait ses mérites. Font-ils vraiment double emploi ? Contrairement à ce que soutient Comballot, je les vois assez complémentaires. Tout est-il donc parfait ?
Certes j'en vois qui vont faire la fine bouche (ou carrément la gueule !!) car Denis Guiot a ses idées sur la SF française — non pas moderne (il y en a si peu !!) mais actuelle — et la dent dure. Il tire quelques portraits de pseudo-auteurs, où un Jouanne se reconnaîtra sûrement (mais comme il se reconnaît partout, et jamais en assez admirable à son goût, ce n'est pas dramatique !!!). Les lecteurs francophones seront déçus par la faible place accordée au Québec et à ses auteurs. On y trouve bien E. Vonarburg, mais c'est à peu près tout. Ce qui est bien dommage (d'autant que le Canada de la SF s'éveille : le numéro 75 de Solaris en particulier présente une analyse de 180 textes québécois, on aimerait en lire autant et si bien fait sur la SF française). D'autres parce que les auteurs étrangers sont surtout des anglo-saxons, et que, pour une encyclopédie c'est un point gênant.
Mais l'ouvrage propose aussi, et c'est une excellente idée, un hit parade des auteurs et des titres, sans se vouloir pour autant la première pierre d'un futur Lagarde et Michard de la culture SF. Joie !! Dick se retrouve en tête, devant Ballard et Silverberg. Et pour les œuvres, c'est d'Ubik qui se place premier devant Le monde inverti de Priest et Tous à Zanzibar de Brunner. Et les auteurs français ? Quand Dick atteint 226 voix, ils en obtiennent 3 pour les premiers (Brussolo, Rosny ainé, S. Wul, et Curval). Le premier titre français cité est Le Monde incertain, de Michel Jeury, en 110° position.
Encyclopédie-digest, hit-parade, anecdotes, ton léger : en somme, Guiot s'est adapté à un marché nouveau où les gens qui abordent la SF ont besoin de ce type de guide pour s'y retrouver, mais où les curieux de la SF trouveront dans des détails de quoi alimenter leur désir de savoir, et les fans de quoi alimenter leurs querelles, qu'on souhaite sanglantes.
II ne se passe pas une année sans que paraisse un essai supplémentaire sur la SF et, cette fois, un dictionnaire de poche dans le genre du Catalogue des Ames et Cycles de la Science-Fiction de Stan Barets (Denoël), nous est offert aux éditions MA, par Denis Guiot, George W. Barlow et notre collaborateur, Jean-Pierre Andrevon. Après une courte préface, on découvre une série de vignettes écrites à tour de rôle par les précités, sur les grands du genre, les thèmes principaux, ainsi que sur les revues, les collections, les prix spécialisés... Les grands classiques sont abordés, passés au crible et cela devrait constituer un point de départ intéressant, une base solide pour le profane. Encore que les auteurs partent du principe que leurs lecteurs connaissent déjà un minimum le sujet, ce qui est loin d'être évident... Mais pour les autres ? Là où l'ouvrage de Barets était susceptible d'intéresser, voire de passionner le connaisseur par de courts paragraphes consacrés aux ouvrages majeurs de chaque écrivain ou relatifs à un thème donné, celui-ci nous livre une somme d'informations en vrac, difficilement appréciable pour le non-spécialiste. Une présentation plus claire et aérée eut été préférable. Et puis quel classicisme ! Car ce qui ressort de ces quelque deux cent soixante cinq pages tassées, c'est tout simplement que, sauf exceptions, l'on n'a pas fait mieux depuis l'âge d'or et les années soixante. On y lit même, sous la plume de D. Guiot, que, côté français, Présence du Futur est « ...squattée par une SF d'avant-garde (...) peu préoccupée de lisibilité (...), anti-romanesque (...) et qui, malgré des qualités littéraires évidentes, s'abîme — aux deux sens du terme — dans les délices élitistes de la littérature expérimentale... » : une des multiples erreurs d'appréciation monstrueuses et autres contradictions du volume, soulignant le manque de discernement des auteurs et le fait que l'arrière-garde meurt mais ne se rend pas !