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Le Livre d'Or de la science-fiction : Alain Dorémieux

Alain DORÉMIEUX

Textes réunis par Jean-Pierre ANDREVON


Illustration de Marcel LAVERDET

POCKET (Paris, France), coll. Le Livre d'or de la science-fiction n° 5094
Dépôt légal : 4ème trimestre 1980, Achevé d'imprimer : 30 octobre 1980
Première édition
Recueil de nouvelles, 322 pages, catégorie / prix : 4
ISBN : 2-266-00947-8
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
Alain Dorémieux, né en 1933, a été rédacteur en chef de Fiction de 1958 à 1974 et l'est redevenu en 1980. Critique, traducteur, anthologiste et directeur de collection, il a joué un rôle central dans les combats de la science-fiction française et son talent d'auteur a été rejeté au second plan. Bien à tort. Depuis plus de vingt-cinq ans, il nous livre au compte-gouttes une œuvre rare, précieuse, entièrement composée de nouvelles courtes où la qualité de l'écriture ne faiblit jamais. Ses personnages sont des romantiques, prêts à se laisser fasciner par des femmes de rêve, mystérieusement séduisantes et secrètement dangereuses. Un univers de charme et de mort.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Jean-Pierre ANDREVON, Préface à face, pages 7 à 42, préface
2 - Le Chemin sur la route, pages 43 à 49, nouvelle
3 - Le Crâne, pages 50 à 61, nouvelle
4 - Rêver un homme, pages 62 à 76, nouvelle
5 - La Nuit du Vert-Galant, pages 77 à 84, nouvelle
6 - La Vana, pages 85 à 99, nouvelle
7 - Journal d'une jeune fille du XXVe siècle, pages 100 à 117, nouvelle
8 - Fugue, pages 118 à 133, nouvelle
9 - L'Habitant des étoiles, pages 134 à 166, nouvelle
10 - Le Chemin, pages 167 à 174, nouvelle
11 - L'Autre, pages 175 à 187, nouvelle
12 - Seuls toi et moi, mon amour, pages 188 à 201, nouvelle
13 - La Femme modèle, pages 202 à 219, nouvelle
14 - L'Objet de l'amour, pages 220 à 241, nouvelle
15 - Sur un air de fête, pages 242 à 249, nouvelle
16 - Quel cataclysme ?, pages 250 à 258, nouvelle
17 - Le Temps de la vengeance, pages 259 à 265, nouvelle
18 - L'Heure du passage, pages 266 à 273, nouvelle
19 - Deux personnages dans un paysage vide, pages 274 à 290, nouvelle
20 - Prisonnier des femmes-insectes, pages 291 à 298, nouvelle
21 - (non mentionné), Bibliographie d'Alain Dorémieux, pages 299 à 309, bibliographie
Critiques
 
     Je précise, pour qu'il ne soit pas reproché à Dorémieux de s'offrir un spécial copinage, que c'est moi qui lui ai proposé ce compte rendu. Cela s'est fait au cours d'une conversation téléphonique suscitée, le soir de Noël, par ce Livre d'Or que je venais de découvrir dans mon courrier après trois mois de pénibles aventures extra-métropolitaines. La belle couverture de Laverdet, si fidèle à l'univers de l'auteur, la remarquable préface d'Andrevon, ces dix-neuf nouvelles en forme de descente dans les enfers du dedans, voilà qui redonnait vie à l'ami éloigné... auquel ne manquait plus que la parole. Bla-bla-bla... et j'apprends incidemment que le rédac'chef de Fiction n'a encore dirigé sur personne le bouquin. « Bon, je m'y colle. » Hésitation à l'autre bout du fil : « Ça va vraiment faire copinage. » Alors moi : « Eh bien, je présenterai mon papier comme écrit à ton corps défendant. » Dont acte.
     A son corps défendant, c'est ainsi qu'a dû déjà s'élaborer ce Livre d'Or, Dorémieux ayant été certainement le premier à douter de la pertinence de sa présence dans une collection où dominent les auteurs de poids. Parce que, comme le rappelle Andrevon, il « ne se considère pas comme un véritable écrivain », parce que pour lui « l'écriture est un exutoire », parce qu'il a des intransigeances quasi flaubertiennes en matière de forme, parce qu'il est prisonnier d'une dialectique rétention/expulsion, parallèle à cette autre dialectique (celle du dit et du non-dit, du cache et du dévoilement) qui sert de grille de déchiffrement à son préfacier. Mais qu'une œuvre soit mince (celle de Dorémieux ne comporte à ce jour qu'une cinquantaine de nouvelles) n'implique pas qu'elle soit mineure, et c'est le grand mérite de cette anthologie de montrer comment elle récupère en profondeur et en intensité ce qu'elle ne possède pas en étendue.
     Il serait vain de passer en revue les textes sélectionnés. Disons que ce sont en gros ceux qui s'imposaient, de La Vana, devenu un classique, aux recherches de type ballardien, en passant par ces « territoires de l'inquiétude » où se brouillent les frontières entre fantastique, insolite et SF. Ce qui compte, c'est l'ensemble qu'ils composent, le paysage intérieur qu'ils tracent. Un paysage peuplé de femmes vénéneuses, de rêveurs impénitents, de sournoises menaces et, d'une façon générale, d'angoisses archétypales retrouvées au bout (ou à l'origine ?) du vécu individuel. Bref, ce sont les noces d'Eros et de Thanatos que Dorémieux, avec un art consommé de la variation, ne cesse de célébrer.
     Une telle inspiration confère à sa production, fût-elle de science-fiction, une sorte de dimension intemporelle ; mais ce qui frappe le plus, à lire aujourd'hui ce choix de nouvelles, c'est, pour rester dans le système d'oppositions binaires adopté par Andrevon, leur modernité en même temps que leur appartenance à une longue tradition. Moderne, cette approche du sexe dans ses aspects les plus singuliers entreprise à une époque où Farmer était encore presque inconnu en France ; moderne, la personnalisation des thèmes classiques de la SF et du fantastique ; moderne, enfin, le rapport tendu, inquiet, à l'écriture. Et, par ailleurs, rien de plus typique d'un romantisme attardé que ce malaise de l'être devant une réalité où le désir ne reconnaît pas son objet, ce Pierrot et cette Colombine rencontrés au détour d'une nouvelle, cette ambiance lunaire, ce penchant pour le morbide, ces pointes d'ironie douloureuse...
     La rencontre de l'ancien et du nouveau sous le signe de Saturne : voilà ce qui fait pour l'essentiel l'originalité de Dorémieux. Raison pour laquelle, sans doute, l'anthologiste n'a pas insisté sur le côté jovial du bonhomme. Mais à trop mettre en avant sa face nocturne, à trop se fier à des confidences faites dans une période particulièrement dépressive, on risque d'occulter un autre personnage. Je veux parler du Dorémieux vous préparant avec amour une côte de bœuf au barbecue, du fin buveur, du gastronome, du promeneur attentif aux merveilles de la nature, bref, du voluptueux. C'est pourtant à lui que l'on doit ces notations des plus subtiles sensations, ces parfums, ces couleurs, ces matières précieuses qui envahissent certaines nouvelles (je pense en particulier à Journal d'une jeune fille du XXVe siècle) jusqu'à en faire, au-delà de leur propos, de véritables lieux de plaisir.
     Au fond, Dorémieux n'est peut-être hanté par la mort qu'autant qu'il est passionnément attaché aux joies de la vie.
     Salut, jouisseur !

Jacques CHAMBON
Première parution : 1/4/1981 dans Fiction 317
Mise en ligne le : 2/12/2007

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