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La Machine à remonter les rêves

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Richard COMBALLOT & Johan HELIOT


Illustration de Gil FORMOSA

MNÉMOS , coll. Icares SF
Dépôt légal : avril 2005
Première édition
Anthologie, 352 pages, catégorie / prix : 19 €
ISBN : 2-915159-40-8
Genre : Science-Fiction

Sous-titré : "Les enfants de Jules Verne".



Quatrième de couverture
     Père du roman de science-fiction tel qu'il s'est ensuite développé en France, Jules Verne est devenu un classique. Aujourd'hui, la France entière et tout le milieu de la science-fiction reconnaissant célèbrent le centenaire de la mort du grand maître.
     Deux anthologistes, Richard Comballot (Les Ombres de Peter Pan, Mission Alice), et Johan Heliot, auteur du roman steampunk désormais culte, La Lune seule le sait (Jules Verne y enquêtait sur la lune) lui rendent un vibrant hommage :
     « Sans ce vieux Jules, bien malin qui pourrait dire où nous en serions tous, à commencer par nos auteurs, puis vous, lecteurs, enfin nous, modestes passeurs, le temps d'un livre. Certainement quelque part où le goût des aventures nous paraîtrait frelaté. Où il manquerait à la jouissance de l'amateur d'anticipations scientifiques la part — belle, n'en doutons pas — de nostalgie qui amalgame dans le plaisir passé et présent. »

En route pour de nouveaux voyages extraordinaires
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Richard COMBALLOT & Johan HELIOT, Pourquoi nous ressuscitons Jules Verne, pages 5 à 8, préface
2 - Xavier MAUMÉJEAN, Cuit dur, pages 9 à 29, nouvelle
3 - Pierre STOLZE, La Guerre des Mondes a bien eu lieu, pages 31 à 39, nouvelle
4 - Christian VILÀ, La Mystérieuse Antarctide, pages 41 à 64, nouvelle
5 - Daniel WALTHER, Le Retour de Wilhelm Storitz, pages 65 à 78, nouvelle
6 - Pierre PEVEL, Magicis in Mobile, pages 79 à 102, nouvelle
7 - Hervé JUBERT, On a volé le pôle magnétique !, pages 103 à 120, nouvelle
8 - Richard CANAL, Le Dieu mécanique, pages 121 à 142, nouvelle
9 - Michel LAMART, Blanc partout, pages 143 à 152, nouvelle
10 - Philippe CURVAL, Décalage temporal, pages 153 à 170, nouvelle
11 - Ugo BELLAGAMBA, Non-absinthe, pages 171 à 186, nouvelle
12 - Michel PAGEL, Le Véritable secret de Wilhelm Storitz, pages 187 à 199, nouvelle
13 - Jean-Pierre HUBERT & Serge RAMEZ, La Journée d'un écrivain français en 2889, pages 201 à 223, nouvelle
14 - Michel JEURY, Ève, à tout jamais, pages 225 à 244, nouvelle
15 - Jean-Jacques GIRARDOT, Une visite au pavillon Jules Verne, pages 245 à 251, nouvelle
16 - Jean-Pierre VERNAY, 20 000 lieues dans l'espace, pages 253 à 273, nouvelle
17 - Fabrice COLIN, Intervention forcée en milieu crépusculaire, pages 275 à 298, nouvelle
18 - Serge LEHMAN, Le Gouffre aux chimères, pages 299 à 316, nouvelle
19 - Jacques BARBÉRI, The Incredible Dream Machine (La Machine à remonter les rêves), pages 317 à 337, nouvelle
20 - François ANGELIER, La Fête à Jules, pages 339 à 342, postface
21 - Luc DUTOUR, Le Fondement de la SF, pages 343 à 344, chronique
22 - (non mentionné), À propos des auteurs, pages 345 à 349, dictionnaire d'auteurs
Critiques
     Les enfants de Jules Verne

     En ce centenaire de la mort de Jules Verne, les hommages se multiplient. Plusieurs écrivains de science-fiction, qui savent bien ce qu'ils lui doivent, se sont réunis pour dire, en dix-huit récits, leur attachement à ce patriarche.
     Pas toujours facile, au XXIe siècle, de respecter tant l'esprit que la lettre d'un écrivain aussi typé que Jules Verne. Certains auteurs ne parviennent pas à replonger le lecteur dans la magie du XIXe siècle finissant, à l'époque de l'industrialisme triomphant et des aventures extraordinaires d'un imaginaire mêlant science et littérature.
     D'autres, en revanche, se montrent habiles dans cet exercice. C'est le cas de Christan Vilà, dans La mystérieuse Antarctide. On goûtera particulièrement la manière dont Jules Verne décrit pudiquement la nudité d'une amante. Pierre Pevel, utilise pour sa part un univers de fantasy dans Magicis in Mobile, mais réussit à rendre parfaitement l'atmosphère vernienne dans un récit subtil, drôle et astucieux. Le Dieu mécanique, de Richard Canal, est un manuscrit inédit de Jules Verne qui fait rater une intéressante expérience. Non-Absinthe, d'Uga Bellagamba, jolie histoire qui joue sur l'empathie ou Une visite au pavillon Jules Verne, de Jean-Jacques Girardot sont d'autres raisons de lire ce livre. La palme revient cependant à Jean-Pierre Vernay qui, par un somptueux tour de force, réussit à transposer l'intrigue de 20'000 lieues sous les mers dans l'espace !

Jean-François THOMAS (lui écrire)
Première parution : 4/7/2005 24 heures
Mise en ligne le : 3/1/2009


     Les lecteurs habituels des éditions Mnemos connaissent l'amour que Johan Héliot voue à Jules Verne, dont il a fait l'un des personnages principaux de son roman La Lune seule le sait, peut-être ignorent-ils qu'Héliot a aussi commis un petit livre pour enfants, Opération Némo, qui voit les personnages de Vingt mille lieues sous les mers se faire avaler par un mystérieux Gobe-mots. Sachant cela, on ne s'étonnera pas qu'il se soit allié à Richard Comballot, dont on connaît l'expérience en tant qu'anthologiste, pour diriger La Machine à remonter les Rêves, anthologie sous-titrée Les Enfants de Jules Verne.

     Pour la plupart, les auteurs réunis ici se sont plus inspirés de Jules Verne que des personnages qu'il a créé, à l'exception de Wilhelm Storitz que trois d'entre eux font revivre. Daniel Walther, dans Le retour de Wilhelm Storitz, raconte les véritables événements ayant conduit Verne à parler de l'Homme invisible. Michel Pagel, dans Le véritable secret de Wilhelm Storitz, décrit la façon dont Storitz rentra en possession de la recette de la potion d'invisibilité. Fabrice Colin, quant à lui, tente d'innover en écrivant une nouvelle à la seconde personne — mais il faut s'appeler Nicole de Buron pour que le « vous » fonctionne.

     C'est Jules Verne, l'écrivain, tel que le connaissent ou le fantasment les auteurs de cette anthologie, qui est le véritable héros. Détective privé dans une très bonne comédie policière uchronique, Cuit dur, de Xavier Mauméjean, ressuscité grâce à un manuscrit inédit et à une étrange machine dans Le dieu mécanique, autre uchronie — très colorée steampunk, bien que se passant en 2005 — de Richard Canal, cloné pour servir la recherche en archéo-anthropologie spéculative dans La journée d'un écrivain français en 2889, nouvelle co-signée par Jean-Pierre Hubert et Serge Ramez, ou d'une façon plus terrible, exposé — comme nous le faisons ? — pour des visites touristiques Une visite au pavillon Jules Verne, de Jean-Jacques Girardot.

     Il est aussi d'autres Verne, ceux qui vivent dans d'autres univers comme l'a démontré le professeur Julian Verne, grâce à sa théorie de la Variation des probabilités, dans la très émouvante Ève, à tout jamais de Michel Jeury, une des deux histoires d'amour — mais pas seulement — de l'anthologie, l'autre étant Non-absinthe, d'Ugo Bellagamba. Là encore, il s'agit d'une uchronie, ce qui n'étonnera pas de la part de cet auteur, mais aussi d'un ode aux livres et à leur pouvoir. Pour retrouver le souvenir de sa bien-aimée, le narrateur part à la recherche du rayon vert dont Verne avait rapporté la légende.

     Le pouvoir des livres, l'amour que l'on peut leur vouer, sont aussi les thèmes essentiels des nouvelles de Pierre Pevel ou Hervé Jubert. Le premier, avec Magicis in Mobile, une délicieuse fantasy urbaine qui donne envie d'explorer les autres œuvres de l'auteur, met en scène une terrible crue de la Seine qui inonde le Paris des Merveilles. Le cinémagicien Méliès semble en connaître la cause... Le second, avec On a volé le pôle magnétique !, voit un conservateur de musée s'affoler parce que les écrits de Verne disparaissent, comme s'ils n'avaient jamais existé. Il va falloir aller dans la Réalité, pousser le jeune auteur hésitant à embrasser la carrière d'écrivain qu'on lui connaît, et pour cela, l'entraîner dans une folle aventure autour du monde. On a la situation inverse avec Philippe Curval qui raconte, dans Décalage temporel, comment un scientifique s'aperçoit que chacune de ses découvertes a été précédemment racontée dans une fiction de Verne, tout comme avec Blanc partout, de Michel Lamart, court texte regorgeant de jeux de mots et d'anagrammes.

     Il est difficile de parler du Gouffre aux Chimères, tant la nouvelle de Serge Lehman est à la fois originale et profondément belle. C'est un texte à lire et à relire, pour mieux en goûter toutes les saveurs, mais dont il ne faut pas dévoiler l'intrigue sous peine d'en gâcher tout le sel. Le recueil aurait pu s'achever là, laissant le lecteur dans un état de bienheureuse rêverie, mais les anthologistes ont choisi de placer à la fin la nouvelle de Jacques Barbéri qui donne son titre au livre : The incredible dream machine (la machine à remonter les rêves). Jules Verne y rencontre les docteurs Freud et Caligari, de doctes Martiens, qui lui proposent une thérapie basée sur la plongée dans le cours de ses rêves et dans celui du temps. Mais que se passe-t-il si on plonge trop profondément ? On obtient une de ces histoires étranges comme sait les concocter Barbéri, à la fois drôle et tragique... et très éloignée de l'œuvre de Jules Verne !

     Cet éloignement est sans doute ce qui surprend le plus dans l'anthologie. Il ne faut pas l'aborder comme une série de « fan-fictions », mais au contraire comme un recueil d'œuvres profondément originales d'auteurs très divers que réunissent la science-fiction et les romans de Jules Verne. On aura peut-être envie de se replonger dans les romans de Verne, mais plus encore d'approfondir sa connaissance des œuvres des auteurs présents qu'on découvrirait ici pour la première fois.

Lucie CHENU
Première parution : 1/6/2005 dans Galaxies 37
Mise en ligne le : 13/7/2006


     Après l'excellent Mission Alice, anthologie conçue autour de Lewis Carroll, après Les Ombres de Peter Pan, hommage au lutin malicieux créé par J. M. Barrie, Richard Comballot, ici aidé de Johan Heliot, salue le centenaire de la mort de Jules Verne avec ce choix de dix-huit récits. Son vaste univers est moins facile à cerner que celui de Carroll ou de Barrie puisqu'il concerne les voyages autant que les inventions extraordinaires ; on trouvera donc là aussi bien des uchronies que du steampunk ou des récits de science-fiction que Verne aurait pu écrire s'il avait vécu à une autre époque. La large palette de possibilités n'entraîne cependant pas une trop grande dispersion.

     Dans le registre de l'aventure, Verne vit la plupart de ses voyages, cherchant le sphinx des glaces (« La Mystérieuse Antarctide » de Christian Vilà), contrant des personnages de ses œuvres : le Dr Ox (« On A Volé Le Pôle magnétique », d'Hervé Jubert), Wilhelm Storitz (« Le Retour de Wilhelm Storitz » de Daniel Walther), Phileas Fogg dans « Cuit dur » de Xavier Mauméjean, délirant récit multipliant les références, jusqu'à inclure la recherche d'un faucon solaire qui inspirera à Verne journaliste une aventure de Philippe Marelaut ! C'est aussi l'occasion d'aborder les thèmes que Verne n'a pas traités : les univers parallèles (« Eve, à tout jamais », de Michel Jeury qui signe là son retour à la S-F), les extraterrestres, le voyage dans le temps, la mécanique quantique (dans « Le Gouffre aux chimères » de Serge Lehman, un autre revenant, Verne est le père de la résurgence quantique) mais aussi l'élixir de mémoire qui aide le personnage du récit d'Ugo Bellagamba, s'inspirant du rayon vert, à retrouver un amour perdu (« Non-absinthe »). Les personnages les plus fréquents sont le capitaine Némo, devenu un conquérant de Mars (« 20000 lieues dans l'espace », de Jean-Pierre Vernay) et Wilhelm Storitz, dont le machiavélisme a été source d'inspiration. Outre l'invisibilité, il serait également capable, pour Michel Pagel, de voyager dans le temps (« Le Véritable Secret de Wilhelm Storitz »).

     Parmi les personnages réels mis en scène, Hetzel est moins souvent évoqué qu'on ne pouvait le penser alors que le fils est beaucoup plus présent : à Michel Verne, qui a considérablement remanié certaines de ses œuvres, Jules écrit des lettres relatant des épisodes inconnus de sa vie ou des projets de roman. Parmi ses contemporains, son concurrent Wells est considéré comme un plagiaire (« La Guerre des mondes a bien eu lieu » de Pierre Stolze) auquel l'auteur lègue d'ailleurs les romans qu'il n'aura pas le temps d'écrire, Méliès et Nadar, dont les images magiques permettent de rendre réelle la fiction (« Magicis in Mobile » de Pierre Pevel) ou au contraire de retirer de l'âme aux personnages réels : Ardan, le personnage de Verne, anagramme de Nadar, est-il impressionnable sur la pellicule (« Blanc partout » de Michel Lamart) ?

     La fascination qu'exerce son œuvre incite plusieurs auteurs à le ressusciter avec des aléas divers : Richard Canal le recrée à partir d'une machine analysant ses textes mais c'est Michel qui apparaît (« Le Dieu mécanique »), Jean-Pierre Hubert et Serge Ramez le clonent mais obtiennent soit le fils, soit le père et Hetzel, un père très priapique, d'ailleurs (« La Journée d'un écrivain français en 2889 ») ; quant au triste exemplaire de Jean-Jacques Girardot, il sert de guide aux élèves du futur (« Une Visite au pavillon Jules Verne »). Cette œuvre est si complète qu'elle est un univers en soi et que pour bien des auteurs, il s'est forcément mis à exister ; outre les nouvelles de Pevel et Lamart traitant du rapport entre le rêve et la réalité, les récits de Philippe Curval (où un personnage de « La Chasse au météore » s'introduit dans l'esprit de Verne pour changer ses écrits) et Jacques Barbéri (« La Machine à remonter les rêves ») exploitent des idées similaires, la plus belle étant sans conteste celle de Fabrice Colin qui peuple le néant de pensées : Michel Verne enferme le lecteur dans l'univers de son père où s'affrontent deux personnages, mélanges des héros de Verne et symbolisant le conflit irrésolu de l'auteur entre l'Imaginaire et la Science (« Intervention forcée en milieu crépusculaire »).

     L'anthologie se clôt par une postface de François Angelier sur l'auteur et son œuvre et par une anecdote rapportée par Luc Dutour, dont on cherche l'intérêt.

     A lire ces récits de bonne tenue, il est clair que, comme l'affirment Comballot et Heliot, Jules Verne n'a pas fini de faire rêver.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/4/2005 dans Bifrost 38
Mise en ligne le : 4/8/2006

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