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Les Enfants de l'éternité

Juan Miguel AGUILERA & Javier REDAL

Titre original : Mundos en la Eternidad, 2001
Première parution : Equipo Sirius, 2001   ISFDB
Traduction de Sylvie MILLER

MNÉMOS , coll. Hélios n° 20
Dépôt légal : février 2015, Achevé d'imprimer : janvier 2015
Roman, 544 pages, catégorie / prix : 11,90 €
ISBN : 978-2-35408-293-2
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Illustration © Vissroid.



Quatrième de couverture
     Jonas, jeune archéobiologiste, est engagé par l’armée pour enquêter sur la destruction mystérieuse d’un Rickshaw, une navette de transport reliant les divers points de l’amas globulaire d’Akasa-Puspa. L’Empire, deuxième force importante, a déjà une équipe sur place. Alors que la tension monte entre militaires, chacun soupçonnant l’autre d’être à l’origine de l’attaque, Jonas et les autres scientifiques découvrent une étrange sphère, 1247 millions de fois supérieure à n’importe quelle planète...
 
     Mêlant à la fois aventure, réflex ion sur notre devenir et sur la manipulation des hommes à l’échelle planétaire, Les Enfants de l’éternité sont d’une étonnante richesse et d’une grande diversité dans la lignée des grands récits d’Asimov ou d’Herbert.
 
     Javier Redal symbolise à lui seul l’histoire de la SF espagnole et Juan Miguel Aguilera est le chef de file de la jeune SF ibérique : son premier roman traduit en France, La Folie de Dieu, a soulevé l’enthousiasme de la presse et obtenu, en 2002, le prix Imaginales.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Guide des Personnages, pages 5 à 6, notes, trad. Sylvie MILLER
2 - Glossaire, pages 535 à 539, lexique, trad. Sylvie MILLER
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2003)

     Au sein d'un amas globulaire, deux puissances coexistent : un Empire techno-militaire d'un côté, la Utsarpini religieuse de l'autre... L'enquête menée sur la destruction d'un « Rickshaw », une sorte de transport spatial inhabité, compromettra-t-elle l'équilibre entre ces deux forces ?
     Une nouvelle Guerre des étoiles ? On pourrait le croire à la lecture des premières pages, car cette confrontation militaires/science versus religion ne présume rien de très original... et pourtant, le lecteur ira de surprises en surprises et d'incroyables explorations en fabuleuses découvertes !

     Il est difficile au public francophone de comparer Les Enfants de l'éternité aux œuvres antérieures de Redal, non traduites en français, mais pour qui a lu La Folie de Dieu ou Rihla, du seul Aguilera, la parenté est évidente. Le même souffle épique, la même inventivité et le même sens du merveilleux animent ces trois œuvres, même si deux se situent dans un contexte historique alors que la troisième est un pur space opera. C'est bien encore dans un voyage extraordinaire que les deux espagnols nous emmènent, un périple au cours duquel nous étudierons la « faune de l'espace », comme les gigantesques juggernauts, capables de s'alimenter d'astéroïdes et de comètes, avant d'aborder un artefact sphérique aux dimensions colossales, grand comme 1 247 240 000 planètes pour être précis !
     Mieux vaut ne pas en dire davantage. Les Enfants de l'éternité sont d'une étonnante richesse et d'une grande diversité. On y parle d'astronomie avec la description de cet étonnant amas globulaire qu'est l'Akasa-Puspa, de politique avec l'analyse de cet univers en déclin, mais aussi d'exobiologie avec la découverte d'un ADN extraterrestre, ou ADXN, et des origines de ces créatures adaptées au vide interstellaire. On y déguste une hard science accessible et imagée, qui nous enchante et nous fascine avec ses voiliers solaires, ses navires à fusion inertielle alimentés par l'helium 3, ses tours de Babel réunissant le sol à un objet en orbite géostationnaire et surtout ce mystérieux artefact. On y plonge dans la mythologie et la théologie pour découvrir les origines du peuplement de l'Akasa-Puspa. On y côtoie divers aliens plus ou moins belliqueux, comme les angriffs. Bref, on n'a pas le temps de s'y ennuyer...

     Bon nombre de space opera m'accablent, lorsqu'ils se bornent à mettre en scène intrigues de palais et batailles spatiales. Rien de tel dans cette étourdissante odyssée de l'espace qui — comme les deux romans « historiques » d'Aguilera — nous émerveille et nous surprend à chaque nouveau chapitre.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/6/2003
nooSFere


Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2003)

     Il y a des livres que l'on attend avec impatience, des livres sur lesquels on fonde beaucoup d'espoir. J'avoue qu'au moment où mon rédac'chef préféré m'a proposé de critiquer Les Enfants de l'éternité, un des deux nouveaux ouvrages de l'espagnol Juan Miguel Aguilera, j'ai sauté sur l'occasion de replonger dans l'œuvre d'un auteur que j'avais tout particulièrement apprécié avec La Folie de Dieu (malgré une traduction pénible — cf. critique in Bifrost 25). L'autre, Rihla, est sorti en avril Au Diable Vauvert et aurait dû être critiqué dans ces pages... Sauf que l'éditeur n'a pas jugé bon de nous envoyer l'ouvrage 1.

     Pour ce qui est de l'action de ce roman écrit en collaboration avec Javier Redal, elle se déroule dans plusieurs millions d'années (rassurez-vous, on n'y croit pas une seconde) dans le petit amas globulaire d'Akasa-Puspa (en effet, faut pas pousser !). Là, trois forces sont en présence : l'Empire (tiens tiens), la Fraternité (un groupement de fanatiques religieux) et la Utsarpini (à vos souhaits !), une armée liée à la Fraternité. Tout le début du roman tourne autour de la destruction d'un rickshaw — mot qui vient de la contraction du japonais jin (personne), riki (force) et sha (véhicule), et qui désigne ici une grosse navette se déplaçant à un quart de la vitesse de la lumière. En enquêtant sur cette « attaque » pour le compte de la Utsarpini dans laquelle il a été enrôlé de force, Jonas Chandragupta ne va pas tarder à découvrir un fascinant objet stellaire (dixit le quatrième de couverture) et à vérifier ses thèses scientifiques considérées comme hérétiques (c'est le Darwin de son époque). Ajoutez à cela des baleines de l'espace et leurs parasites, des extraterrestres presque toujours méchants (normal, ce sont des extraterrestres), une absence totale de personnages féminins dignes de ce nom et un gourou très « chevalier Jedi constipé » : vous voici avec un tableau assez précis du contenu de ce livre.

     Bon, raconté comme ça, ça pourrait presque être séduisant... Sauf que ce roman est d'un ennui mortel, tout est cousu de fil blanc. Certains passages sont inutiles (en fait plus de la moitié des scènes des deux cents premières pages !), d'autres sont carrément ridicules, comme le voyage de Jonas à bord du Vajra, où l'on a droit à une dératisation d'ordinateur géant opérée avec les chats des cuisines, à la confection d'un thé sur un réchaud à alcool, à la présence de saucissons pendus dans les dortoirs — ce n'est pas un vaisseau spatial qui nous est décrit, mais La Amistad équipée de voiles solaires... Rien ne fait vrai, tous les petits détails jurent (ils boivent du cognac, se baladent dans des ascenseurs spatiaux appelés babels, ont des patronymes arabes et hindous et, cerise sur le gâteau, le héros a chopé la polio quand il avait quatre ans !).

     Les Enfants de l'éternité est un roman qu'on a déjà lu cent fois au bas mot, c'est Dune (sans le sable) mélangé avec le cycle « Terre des origines » d'Orson Scott Card et « Les Guerriers du silence » de Pierre Bordage. Sauf que la mayonnaise n'a pas pris, le cocktail a foiré, ne donnant aucun plaisir, juste une gueule de bois de cinq cents pages.

     Néanmoins, si on me le permet 2, je finirai sur une note positive : ce gros truc foireux qui coûte quand même 23 euros est traduit dans un français impeccable, ce qui prouve que Sylvie Miller a du talent et du courage à revendre. Autre point positif, l'objet est orné de la plus belle couverture jamais achetée par ISF — un Manchu médiocre, mais un Manchu quand même.


Notes :

1. Après avoir menacé de plastiquer les locaux du Diable, voire de lui tirer la queue, nous sommes désormais en mesure de vous proposer une critique de Rihla, mais il vous faudra patienter jusqu'au prochain Bifrost... [NDRC.]
2. Allez... si ça peut te faire plaisir... [NDRC.]

CID VICIOUS
Première parution : 1/7/2003
dans Bifrost 31
Mise en ligne le : 1/8/2004


Edition IMAGINAIRES SANS FRONTIÈRES, (2003)

     Revoici donc Juan Miguel Aguilera, dont on avait pu lire en 2001 La Folie de Dieu (Au diable vauvert), étonnante « fusion » (voir sa critique in Galaxies n°24) qui n'était pas sans rappeler la manière d'un autre latin, Valerio Evangelisti. Malheureusement, cette œuvre prometteuse était, en français, fort desservie par une traduction sans doute réalisée dans l'urgence, et que l'éditeur aurait été bien avisé de relire (entre autres « détails », le roman aurait pu concourir pour le plus grand nombre de coquilles par page). Mais le talent de l'auteur n'avait malgré tout pas échappé à la sagacité des spécialistes français : Galaxies lui avait consacré un dossier (n°22), et proposé à ses lecteurs La Forêt de glace, beau texte qui confirmait les espoirs placés en l'auteur. Sylvie Miller, en faisant à l'époque brillamment le point sur la SF espagnole, avait annoncé que La Folie de Dieu ne resterait pas sans suite dans le paysage éditorial français : qui donc était mieux placé que les éditions Imaginaires Sans Frontières pour que cette promesse ne reste pas lettre morte ?...
     Les Enfants de l'Eternité est la traduction de Mundos en la Eternidad (Sinus, 2001) : il s'agit en fait de la réédition des deux premiers romans de l'auteur (Mundos en el abismo et Hijos de la Eternidad, écrits en collaboration avec Javier Redal, autre figure de la « CF » hispanique), publiés à la fin des années 80, revisités et fondus en un seul volume. En dépit de ce qu'il en dit lui-même (interview dans Galaxies n°22), il n'est pas certain qu'Aguilera tire un grand avantage de cette écriture à quatre mains. En effet, le livre serait sans doute meilleur s'il était expurgé de digressions aussi fastidieuses qu'inutiles relevant de la hard science « confiture » (ou heavy science, qui a perdu de sa pertinence depuis quinze ans) ; or si, comme on peut en faire l'hypothèse, la contribution de Redal se situe essentiellement à ce niveau-là... Par ailleurs, les points d'exclamation dans les parties narratives (en général bizarrement caractéristiques des publications pour la jeunesse) me font bondir ; mais c'est un détail.
     Le livre est long et touffu, comme de juste dans ce genre d'explorations spatiales, et l'action, typique d'un space opera classique, ne s'emballe véritablement que dans la seconde moitié (celle qui correspond à Hijos...), nettement meilleure à mon goût que la première, dans laquelle j'avoue avoir eu des difficultés à entrer. Un guide des personnages (malheureusement peu attachants) et un glossaire sont offerts au lecteur : c'est très utile, et on y aura souvent recours pour retrouver son chemin dans cet espace encombré. Fort heureusement, le roman est, contrairement à La Folie de Dieu, servi par une bonne traduction (tout au plus relève-t-on un ou deux choix discutables par-ci par-là : c'est peu, sur 500 pages de cet acabit !). Sylvie Miller, l'infatigable exploratrice de l'imaginaire ibérique, réussit l'exploit de rendre cette potion astronomico-cosmologico-géné-tico-biochimique plus digeste.
     Alors, « chef de file de la nouvelle SF ibérique », Aguilera ? Peut-être. Mais, à mon sens, il ne peut pas (encore ?) revendiquer cette étiquette au même titre qu'Eschbach en Allemagne ou Evangelisti en Italie, ne serait-ce que parce que la « concurrence » en Espagne est nettement plus rude que chez nos autres voisins. Les lecteurs francophones ont d'ailleurs pu se faire directement une idée de cette richesse espagnole en découvrant la petite dizaine de textes ibériques publiés de ce côté-ci des Pyrénées au cours des trois dernières années : outre Aguilera, on a pu lire un excellent roman de Javier Negrete (Le Regard des Furies, L'Atalante, 2002), et plusieurs nouvelles de qualité, signées Armando Boix, Daniel Mares, Rodolfo Martinez, Eduardo Vaquerizo, ou encore Elia Barcelo (dont on peut vraiment regretter qu'elle n'ait pas encore, en France, davantage attiré l'attention sur elle et sur son dernier roman en date, El vuelo del Hipogrifo). Mais la concurrence n'explique pas tout : il se trouve aussi que Les Enfants de l'Eternité ne soutient pas plus la comparaison avec les Milliards de tapis de cheveux d'Eschbach (on penserait plutôt à Kwest, œuvre mineure de l'auteur allemand, chroniquée dans Galaxies n°26) que les aventures de Ramon Llull selon Aguilera ne pouvaient se mesurer à celles de Nicolas Eymerich selon Evangelisti.
     Cependant, les amateurs de hard science apprécieront, bien entendu, cette (chronologiquement) première incursion hispanique dans leur style de prédilection. Aux autres, Aguilera doit encore un grand roman : il en est sans doute capable, comme, en dépit de leurs faiblesses respectives, La Folie de Dieu et Les Enfants de l'Eternité le laissent entrevoir.

Bruno DELLA CHIESA
Première parution : 1/6/2003
dans Galaxies 29
Mise en ligne le : 21/1/2007

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