Trabant, la voiture mythique de la RDA

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Publié le: 15/06/2023 - Mis à jour le: 23/06/2023

En 1954, le présidium du conseil des ministres est-allemand décide de faire fabriquer une petite automobile économique. Pour la RDA il s'agit de lancer sa propre "voiture du peuple". C'est la naissance de la Trabant.

Trabant, la voiture mythique de la RDA
Trabant la caisse à savon devenue un mythe de l'automobile - Trabant 601

Le premier exemplaire de la Trabant ou Trabi, comme la surnomment les Allemands, est sorti des usines de Zwickau, en ex-Allemagne de l'Est, le 7 novembre 1957. Et depuis ce jour, près de 3 millions de Trabant ont été vendues en Allemagne de l'Est entre 1957 et 1991.

La voiture du peuple ex-Allemand, pensée pour le plus grand nombre, n'était pas du tout confortable. Produite dans un contexte économique difficile, elle vivra pourtant plus de 40 ans !

Le 9 novembre 1989, quand le mur de Berlin est tombé, sa production s'est arrêtée rapidement car elle était trop chère au vu de ses qualités techniques et surtout, le temps d'attente pour la livraison d'une Trabant neuve était de près de 10 ans !

Trabant, la voiture mythique de la RDA

 

De plus l’ouverture des marchés à la concurrence va permetre aux Allemands de l’Est de s'acheter des Volkswagen, Opel et autres BMW d’occasion fabriquées à l’Ouest.

L’ultime Trabant 1.1 quitte l’usine de Zwickau le 30 avril 1991 à 14 h 51, sous les applaudissements des ouvriers. Il s’agit d’un break de couleur rose.

La dernière Trabant 601 est produite le 25 juillet 1990 à Zwickau.

Depuis, la Trabant est devenue une voiture culte en Allemagne, au même titre que la Coccinelle de Volkswagen, la 2 cv Citroën ou la Fiat 500.

J'ai testé la Trabant voiture mythique de la RDA

A peine sortie de son garage dans la campagne de Mézidon-Canon (Calvados), entre Caen et Lisieux, la petite voiture au toit bleu azur fait presque peine à voir. En cette matinée brumeuse, on aurait aimé laisser cette Trabant dormir sans lui faire avaler des kilomètres.

Trabant, la voiture mythique de la RDA

 

Je fais le tour de l'engin avec son propriétaire, Charles Heyser, qui l'a achetée en 1991, à Berlin, où il a travaillé plusieurs années. « Elle est de 1976. C'est le symbole d'une certaine Allemagne. » Une voiture aussi populaire que la Coccinelle. « À l'époque, il fallait attendre dix ans pour en avoir une. » Trois millions d'exemplaires ont été construits jusqu'en 1991. Il en reste 50 000.

Le moteur crachote

Pour moi, la petite voiture aux allures de Daf (vieille voiture des Pays-Bas) respire la fragilité. Côté tôle, je reste dubitatif. Elle a une drôle de mine : « La carrosserie est un mélange de résine et de fibre de coton », me rassure son maître qui garde le sourire du connaisseur. Le moteur tousse, crachote et semble même s'emballer. Mais non, c'est le moteur deux-temps, à entraînement direct, qui prend son rythme avec une pétarade, un bruit qu'on ose à peine qualifier de casserole. Le propriétaire ne se vexe pas :« Cette voiture de 26 cv roule au mélange ! »

On s'installe au volant. Un volant ? Il est noir, très fin, en bakélite. Il ne faudra pas se cramponner de crainte de le casser. Le tableau de bord, comme l'intérieur, est simplissime. Il y a un compteur à main pour l'essence. Une toute petite boîte à gants. Un rétroviseur de Mobylette. Les vitesses se passent au volant et « dans un ordre inversé ».
 

Trabant, la voiture mythique de la RDA

 

Première vitesse passée, j'appuie légèrement sur l'accélérateur. Les 600 kg de la Trabant s'ébrouent gentiment. J'ai serré ce qui me sert de ceinture, mais je n'ai pas pu régler le siège. C'est donc de la pointe du pied que j'accélère. Pas grave. La voiture obéit mais il est hors de question que j'atteigne ses 110 km/h sur cette route de campagne.

« Il faut que je freine »

Une descente, un carrefour à 200 m ! Il faut que je freine. J'appuie mais rien ne se passe. « Il faut appuyer avec les deux pieds », me lance le propriétaire dont je devine le sourire en coin. Je pompe alors plus vite tout en descendant (dans le sens inverse) les vitesses. Je m'arrête. Ou plutôt, on s'arrête. Juste sur la bande blanche.

Trabant, la voiture mythique de la RDA
 

Clignotant à droite, on s'engage sur la départementale. Là, un bruit de frottement sourd se fait entendre. Les tambours de frein grippés ? L'explication semble bonne. Nouveau carrefour et demi-tour. La Trabant, avec ses chromes piqués et sa plaque « DDR » , ne passe pas inaperçue. Je m'arrête devant le garage. Soubresaut du moteur qui semblait ne plus vouloir s'arrêter. Increvable, la Trabant !

Ouestfrance-auto.com et Éric Aupoix, Ouest-France