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Incompréhension à Carnac après la destruction de menhirs pour construire un magasin

Une quarantaine de petits menhirs situés à proximité des célèbres alignements de Carnac (Morbihan) ont été détruits récemment pour permettre la construction d’un magasin, suscitant l’incompréhension des défenseurs du patrimoine.

Temps de lecture: 3 min

«Le site est déjà détruit», a déclaré mercredi à l’AFP un archéologue amateur, Christian Obeltz, qui avait lancé l’alerte vendredi dernier dans un billet de blog révélé par Ouest-France. Il y déplorait la destruction de 39 petits menhirs dont la taille, pour la plupart, était comprise entre 50 cm et un mètre.

«Plusieurs aménagements brutaux ont été réalisés, cet hiver et au printemps, aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu», expliquait l’auteur du billet.

Le dernier en date de ces «aménagements»: «un permis de construire délivré par le maire de Carnac pour la construction d’un magasin Mr.Bricolage, détruisant trente-neuf menhirs figurant sur la liste indicative Unesco», précisait-il.

Ce permis, délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac, avait été refusé une première fois en 2015.

Le terrain avait alors fait l’objet de fouilles par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui s’étaient achevées «sur un constat contradictoire».

«Seules des observations complémentaires sur les monolithes, voire une fouille, permettraient de certifier l’origine néolithique de cet ensemble», détaille l’organisme dans son rapport publié en avril 2015.

Le problème, pour Christian Obeltz, est qu’il «n’y a pas eu de fouilles archéologiques pour que l’on sache si les stèles étaient bien des menhirs ou non».

«Le site est répertorié au projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui les oblige normalement à prévenir l’Architecte des bâtiments de France et la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) avant de lancer le projet», a affirmé à l’AFP l’archéologue.

De son côté, le maire de Carnac, Olivier Lepick, atteste avoir «parfaitement respecté la législation» et invoque «la faible valeur archéologique» des objets retrouvés lors des fouilles préventives.

«Ce site n’était pas situé en zone de prescription archéologique obligatoire dans le plan local d’urbanisme», a déclaré le maire à l’AFP.

Contactée, la direction de l’enseigne «regrette sincèrement cette situation» et ajoute que «la Commission départementale d’aménagement commercial (Cdac) du Morbihan a donné son accord pour l’exploitation commerciale en janvier 2022».

La DRAC, sollicitée par l’AFP, n’avait pas répondu mercredi après-midi.

Suite à cette destruction, une association de défense du patrimoine, Koun Breizh («Mémoire bretonne», en breton), a déposé une plainte contre X, plainte qui n’a pu encore être confirmée mercredi soir auprès du parquet.

«L’objectif de cette plainte n’est pas de mettre en cause tel ou tel élu mais d’éclairer le processus de décision qui a abouti à ces destructions malgré toutes les formes de protection prévues par la loi», a expliqué à l’AFP le président de l’association, Yvon Ollivier. «Il s’agit de faire en sorte que de tels faits ne se reproduisent plus», a-t-il ajouté.

L’association Paysages des Mégalithes de Carnac et du sud Bretagne, qui regroupe 27 communes du Morbihan, entend faire inscrire le vaste ensemble des menhirs du sud du département au patrimoine mondial de l’Unesco.

Elle souhaite déposer le dossier d’ici à la fin de l’année auprès du gouvernement.

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