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Stéphane Guillon n’arrête pas de jaser

Stéphane Guilllon
Stéphane Guilllon © Vincent Capman
Par La Rédaction

Au théâtre Déjazet, le plus mordant des humoristes croque à pleines dents les travers de notre époque. Un nouveau spectacle certifié anticonformiste

Pour son retour au one-man-show après une pause de trois ans, Stéphane Guillon n’aurait pas voulu se produire ailleurs qu’au Déjazet, théâtre au passé mythique où fut tourné « Les enfants du paradis ». L’affaire était pourtant mal engagée : toute la promo du spectacle a été annulée en raison des attentats, la première a été repoussée de trois semaines et les locations ont démarré très timidement. « Pour une fois, je n’ai eu que des bonnes critiques », se réjouit-il. Pour une fois ? Serait-il quelqu’un qu’on aime dézinguer ? « Oui, c’est le plaisir de flinguer le flingueur. Je ne me suis pas fait que des amis et j’ai senti que c’était marrant de se faire Guillon. J’aurais mauvaise grâce de m’en offusquer et j’ai appris à encaisser. Quand on donne des coups, on doit s’attendre à en recevoir. »

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Les coups, oui, ça fait mal ! Le passé radiophonique et télévisuel de Stéphane Guillon n’est pas près d’être oublié, et les portraits vitriolés qu’il fit de ses invités sont loin d’être pardonnés par ses victimes. Il le sait, le comprend, le regrette, mais rejette le qualificatif de « méchant » dont il est souvent affublé. « La méchanceté, ça veut dire que je me lèverais le matin avec le désir de faire du mal, de blesser. Qu’on dise de moi que je suis insolent, outrancier, sale gosse, je n’ai aucun problème. Mais c’est crétin de dire que je suis méchant. » Il regrette toujours, cependant, d’avoir un jour blessé Jacques Villeret et de n’avoir pas pu s’excuser auprès de lui par la suite. Démarche qu’il a eu l’occasion de faire auprès de Michel Delpech, il y a un an et demi. « Je lui ai dit que le portrait que j’avais écrit sur lui était con, bête, indigne, et que je ne le réécrirais pas aujourd’hui. Il m’a regardé et m’a dit : “Merci beaucoup.” C’était un exercice particulier que je ne referais plus. En 2003, c’était nouveau. Il fallait écrire un truc drôle sur l’invité et ça me faisait marrer d’aller chercher des casseroles. Je me suis mis à dos quelques acteurs et chanteurs. Je me suis fait la réputation du sale petit con qui allumait tout le monde. »

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S’il devient partisan, un humoriste ne fait plus son métier, il est éditorialiste, militant

Désormais, les cibles de Guillon sont les hommes politiques, avec une préférence pour ceux qui sont au pouvoir. Son spectacle démarre très fort avec une hilarante séance des Hollande Anonymes où se réunissent des gens de gauche qui viennent confesser leurs pulsions de droite. « Je suis détesté par les gens de droite et par ceux de gauche parce que, justement, j’ai à coeur de faire mon métier et de ne jamais défendre une chapelle en particulier. J’ai été étiqueté antisarkozyste, les gens de gauche venaient à mon spectacle en se frottant les mains, mais quand la gauche est arrivée au pouvoir, j’ai fait le même boulot et, là, certains n’ont pas compris. S’il devient partisan, un humoriste ne fait plus son métier, il est éditorialiste, militant. Les humoristes sont des humanistes qui ont envie que la société aille mieux et qui placent un miroir grossissant sur ses dérives. »

Après des débuts difficiles – vingt-trois ans de vaches maigres, de salles vides et d’auditions infructueuses –, il est aujourd’hui un acteur à qui l’on propose des projets de qualité dans de grands théâtres. Et, chaque semaine, dans « Salut les Terriens ! » de Thierry Ardisson, il signe la rubrique la plus attendue de l’émission. Il n’y a qu’au cinéma que rien ne se déclenche pour lui. « C’est dû à mon caractère, analyse-t-il, je ne fais pas du one-man-show par hasard. Le cinéma, c’est un métier de bande, de copains. Je suis un solitaire. Je mène une vie monacale, j’écris, je fais mon spectacle, mon billet chez Ardisson et je rentre chez moi. » Il y est attendu par son épouse et collaboratrice Muriel Cousin et leurs sept enfants, six nés de précédents mariages et leur petite dernière, Violette. La solitude de Stéphane Guillon est très relative… 

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« Certifié conforme », théâtre Déjazet, Paris IIIe. Jusqu’au 30 avril. Loc. : 01 48 87 52 55.

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