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Avec Christophe Maé en tournée au Québec : une classe folk

De notre envoyé spécial au Québec Benjamin Locoge , Mis à jour le

Ses chansons font un malheur avec le bonheur. Christophe Maé, le fils spirituel de Francis Cabrel a rodé au Québec les titres de son nouvel album.

SC SC SM ChristopheMae
SC SC SM ChristopheMae © Sébastien Micke / Paris Match
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Echauffement dans la loge de Valleyfield, le 14 septembre. Sur la table, ses harmonicas.
Echauffement dans la loge de Valleyfield, le 14 septembre. Sur la table, ses harmonicas. © Sébastien Micke / Paris Match
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 A l’hôtel Monville de Montréal le 15 septembre, lendemain de son premier concert
A l’hôtel Monville de Montréal le 15 septembre, lendemain de son premier concert © Sébastien Micke / Paris Match
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Juste avant d’entrer sur scène à Valleyfield.
Juste avant d’entrer sur scène à Valleyfield. © Sébastien Micke / Paris Match
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Standing ovation pour « Il est où le bonheur » à Québec, le 15 septembre.
Standing ovation pour « Il est où le bonheur » à Québec, le 15 septembre. © Sébastien Micke / Paris Match
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Fast-food avec Julien Goret, son assistant, entre Montréal et Québec, le 15 septembre
Fast-food avec Julien Goret, son assistant, entre Montréal et Québec, le 15 septembre © Sébastien Micke / Paris Match
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La troupe à Trois-Rivières
La troupe à Trois-Rivières © Sébastien Micke / Paris Match
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Avec des enfants dans le public du Capitole, à Québec, le 15 septembre
Avec des enfants dans le public du Capitole, à Québec, le 15 septembre © Sébastien Micke / Paris Match
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SC SC SM ChristopheMae
SC SC SM ChristopheMae © Sébastien Micke / Paris Match
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Echauffement dans la loge de Valleyfield, le 14 septembre. Sur la table, ses harmonicas.
Echauffement dans la loge de Valleyfield, le 14 septembre. Sur la table, ses harmonicas. © Sébastien Micke / Paris Match
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 A l’hôtel Monville de Montréal le 15 septembre, lendemain de son premier concert
A l’hôtel Monville de Montréal le 15 septembre, lendemain de son premier concert © Sébastien Micke / Paris Match
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Juste avant d’entrer sur scène à Valleyfield.
Juste avant d’entrer sur scène à Valleyfield. © Sébastien Micke / Paris Match
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Standing ovation pour « Il est où le bonheur » à Québec, le 15 septembre.
Standing ovation pour « Il est où le bonheur » à Québec, le 15 septembre. © Sébastien Micke / Paris Match
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Fast-food avec Julien Goret, son assistant, entre Montréal et Québec, le 15 septembre
Fast-food avec Julien Goret, son assistant, entre Montréal et Québec, le 15 septembre © Sébastien Micke / Paris Match
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La troupe à Trois-Rivières
La troupe à Trois-Rivières © Sébastien Micke / Paris Match
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Avec des enfants dans le public du Capitole, à Québec, le 15 septembre
Avec des enfants dans le public du Capitole, à Québec, le 15 septembre © Sébastien Micke / Paris Match
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Christophe Maé aurait dû arriver le vendredi 13. Mais, à la dernière minute, il a renoncé. Pas par superstition, explique-t-il en souriant. « Juste pour passer un peu plus de temps avec ma femme et mes enfants. » Il débarque finalement à Montréal le 14 septembre, en provenance de Marseille. Direction Valleyfield, « la Venise du Québec ». Rien à voir avec la cité lacustre italienne. Ici, à 17 heures, toutes les boutiques sont fermées. Dans l’unique pub proche de l’université, en revanche, la fête bat son plein. Quand les locaux nous interrogent sur la raison de notre visite, ils s’étonnent. « Vous êtes venus voir Christophe Maé ? Le Français qui chante “Il est où le bonheur ”? On ne savait pas qu’il était in town. »

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Effectivement, les autochtones ne sont pas au courant de sa présence, ni même de son concert prévu à la salle Albert-Dumouchel : les 1 200 places sont vendues depuis des semaines. « Alors on vous souhaite un bon show dans notre bourgade », lance la bairmaid, encore surprise. Et on retrouve enfin Maé vers 20 heures. Il est pressé de monter sur scène. « Il est quand même 2 heures du matin chez nous », sourit-il, totalement détendu. Depuis sa dernière venue, au mois de mars, il a eu le temps d’enregistrer son cinquième album. Un mois avant la sortie du disque, deux mois avant de repartir sur les routes de France, cette petite tournée québécoise va lui permettre de roder quelques-unes de ses nouvelles chansons.

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Maé n’est pas du genre à s’enfermer dans sa loge pendant des heures, ou à exiger le silence pour sa concentration. Non, il tape dans les mains de ses musiciens, met sa guitare en bandoulière et entre dans la lumière. Pendant 1 heure 40, Maé se balade dans son répertoire. Certains titres sont étirés au maximum, chaque musicien s’offre son solo. On note dans la troupe la présence de deux anciens compagnons de route de Johnny, mais aussi de Bruno Dandrimont, son guitariste historique, et Julien Goret, le pote d’enfance, qui est de tous les voyages, de toutes les tournées, homme de confiance et de confidences. « Il est où le bonheur » récolte une ovation qui étonne Christophe. « En France, les spectateurs deviennent hystériques sur les chansons de mes débuts. Ici, ils ne les connaissent pas. Cette différence d’appréciation te permet de relativiser. »

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Car voilà bientôt quinze ans que « le petit Maé » a conquis le cœur du public. Quand Dove Attia et Albert Cohen lancent leur comédie musicale « Le Roi-Soleil », le 22 septembre 2005, ils savent dès la première que la future star, c’est lui. Dove Attia a repéré « le gamin » dans un bar de Bonifacio. Il y reprenait les tubes du moment avec Albert, son pote bassiste – toujours à ses côtés. Dove avait été captivé par l’énergie du jeune homme. Et quand toute l’équipe du « Roi-Soleil » s’évertua à lui trouver des défauts, remettant sans cesse en cause sa participation, Dove l’imposa, presque seul contre tous. Aventure qui a inspiré à Christophe « Casting » : « Il s’est battu pour moi », philosophe-t-il dans un hôtel branché de Montréal. Malgré le décalage horaire et le concert de la veille, il n’a pas beaucoup dormi. Et a foncé à la salle de sport pour « se décrasser ».

Christophe Maé entouré de ses musiciens. De g. à dr., en haut : Stefan Filey et Mickaël Désir. En bas : Allen Hoist, Albert Marolany et Bruno Dandrimont
Christophe Maé entouré de ses musiciens. De g. à dr., en haut : Stefan Filey et Mickaël Désir. En bas : Allen Hoist, Albert Marolany et Bruno Dandrimont © Sébastien Micke / Paris Match

A 13 heures, tout le monde part pour Québec. Sur l’autoroute, Christophe raconte en rigolant : « La première fois où j’ai profité vraiment de mon succès, c’est ici en emmenant mes parents, Nadège, ma femme, et Jules, mon premier fils. Un magnifique voyage tous ensemble. On s’est juste fait avoir par les baleines. On a eu beau naviguer sur le Saint-Laurent, aucune n’a daigné sortir de l’eau. »

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La seule personne qui puisse me dire si je me trompe ou pas, c’est ma femme

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Pendant la répétition, Maé s’attache à faire et refaire « Les gens », son nouveau single, qui marque aussi une nouvelle direction musicale. Avec « La vie d’artiste », il entend s’imposer dans le paysage de la chanson française à l’ancienne, faite de belles mélodies et de textes profonds. Quand on lui glisse qu’il se place désormais dans les pas de Francis Cabrel, Maé en rougirait presque. « Ah ! C’est vrai qu’il a beaucoup compté pour moi. J’aime son opiniâtreté, son exigence. » L’exigence, justement, il en fait preuve avec ses musiciens. Car la clé de la réussite de la soirée tient dans la nuance : un final approximatif ne lui va pas. Il faut que ce soit parfait, il faut trouver le groove de la chanson, l’installer non pas dans le confort mais dans une zone dangereuse qui permet de rester tous ensemble concentrés. Christophe ne s’énerve pas, un regard suffit à faire passer son mécontentement. Mais, une fois encore, quand les lumières s’éteignent et qu’il apparaît face aux 1 500 spectateurs, toute la tension de la fin d’après-midi disparaît. Maé est connu dans le monde de la musique comme une tête brûlée. Le genre de mec qui se passe de directeur artistique et accorde difficilement sa confiance.

« La seule personne qui puisse me dire si je me trompe ou pas, c’est ma femme. Nadège était là avant le succès. Elle vit toute l’année à Aix, alors que moi je suis au moins deux jours par semaine à Paris. Elle a plus de recul que moi. Quand ça ne va pas, elle me le dit direct. » Nadège veille sur Jules et Marcel, leurs deux enfants, dans leur grande maison à l’écart du centre-ville. Mais cela ne fait pas pour autant de Christophe un père absent. Dès qu’il a un peu de temps off, il s’empare de son téléphone pour parler, via FaceTime, avec sa famille. Ensemble, ils évoquent l’école, les cours de danse de Nadège, la famille, les amis. On sent bien, à les voir discuter, que Christophe est loin du showbiz. Les rumeurs et les qu’en-dira-t-on ne l’intéressent pas. « Tu sais, raconte-t-il dans un bar de Trois-Rivières, la musique m’a sauvé. Chaque minute où je fais ce métier, je la savoure pleinement. Mais je sais aussi que tout aurait pu se passer autrement. Est-ce que j’aurais été malheureux ? Probablement. »

Pause pour échanger avec sa femme sur le trajet de Montréal à Québec.
Pause pour échanger avec sa femme sur le trajet de Montréal à Québec. © Sébastien Micke / Paris Match

En effet, Christophe n’était pas fait pour les études. A Carpentras, ses parents, les Martichon, tiennent une pâtisserie. Quand Christophe est orienté vers une filière professionnelle, son père le prend sous son aile. Peut-être estime-t-il qu’il arrivera à le convaincre de reprendre l’entreprise familiale… « Ça a été la pire période de ma vie, raconte-t-il, encore ému. Mais je sais ce que je dois à mes parents, ils m’ont fait confiance alors que le système ne voulait plus de moi. A 14 ans, je me levais à 4 heures pour apprendre le métier avec mon père. C’était très physique. J’étais triste. Puis, à 7 heures, une heure avant l’ouverture de la boutique, on se posait dans une petite pièce et il mettait un disque de jazz. Là, j’ai compris ce que la musique pouvait provoquer. Elle nous faisait du bien et elle me donnait de l’espoir. Je savais que, si j’obtenais mon CAP, mes parents me permettraient de faire de la musique. »

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Franchement, qui a envie d’entendre l’avis d’un chanteur sur le gouvernement ?

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Et c’est ce qui arriva. Christophe laisse son frère, Frédéric, rependre les rênes de la pâtisserie. Il chante du Tracy Chapman dans un restaurant de Saint-Tropez. Il a 17 ans, une énergie folle. Bruno Dandrimont, un musicien confirmé, l’entend et lui propose de venir jouer une semaine sur un voilier du Club Med. « Dès le premier soir, se souvient-il, il a tout déchiré. Sa place était sur scène. » Maé s’est tellement accroché à son rêve qu’il a réussi à décrocher la lune.

« Malgré les salles pleines, malgré les réservations rassurantes pour la tournée de 2020, je sais que tout cela est fragile. On voit bien que le public peut déserter un artiste du jour au lendemain. Moi, je construis les choses petit à petit, mais avec la même passion, la même hargne. » Johnny Hallyday n’aurait pas dit mieux. Seul hic, Maé refuse, comme beaucoup de gens de sa génération, de prendre parti et de s’engager. Si ses chansons célèbrent l’amour ou bouleversent avec un simple « Bouquet de roses », jamais il n’ira sur le terrain d’un Léo Ferré ou d’un Renaud. « La politique à la maison, d’accord. Et c’est même quelque chose dont on parle beaucoup. Mais, franchement, qui a envie d’entendre l’avis d’un chanteur sur le gouvernement ? L’époque nous montre bien que chacun doit savoir rester à sa place. » Maé a compris que c’est en creusant son sillon qu’il parviendrait à durer. La musique lui a sauvé la vie et, promis, juré, craché, il fera tout pour lui rendre ce qu’elle lui a apporté. Car oui, au fond, il est là, le bonheur…

« La vie d’artiste » (Parlophone/Warner). En tournée à partir du 14 novembre, le 4 décembre 2020 à Paris (AccorHotels Arena).

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