Nathan Université, 2000, 128 p.

En un temps, on a beaucoup prétendu radiographier les œuvres, puis procéder à leur analyse spectrale. Aujourd'hui, on est plus proche des fantastiques progrès d'une imagerie à résonance magnétique. Ainsi « la génétique textuelle (qui analyse les manuscrits, les classe, les déchiffre et éventuellement en publie une édition) et la critique génétique (qui interprète les résultats de cette analyse) cherchent à reconstituer la formation du texte à l'état naissant avec l'objectif d'élucider son processus de conception et de rédaction ». Les éditions génétiques, elles, ont pour objectif l'édition de manuscrits révélant le travail antérieur de l'écrivain. On est dans le domaine du virtuel, voire d'étapes, ce que d'aucuns nomment Y avant-texte. Ce sont les scénarios brefs ou développés, un arbre d'ébauches ou de brouillons dans lequel l'éditeur repérera des états dits définitifs. Dans ce dédale de haute érudition où défilent principalement les écrivains du xixe et xxe siècle, on sourit avec Pierre-Marc de Biasi de l'imposture d'André Breton et Philippe Soupault, qui jurèrent que les Champs magnétiques étaient le modèle même d'une écriture spontanée, pur fruit de leur inconscient. Or l'édition génétique de 1988 révéla de nombreuses ratures et modifications (de talent), une spontanéité sous surveillance !