Couverture fascicule

Gilles Philippe, Le discours en soi : la représentation du discours intérieur dans les romans de Sartre, Honoré Champion, Paris, 1997

[compte-rendu]

Année 1998 79 pp. 56-57
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Issu d'une recherche doctorale soutenue en 1994 à l'Université de Picardie, cet ouvrage présente les qualités du genre - à commencer par une argumentation serrée, au service non d'une simple description mais d'une thèse, stricto sensu- et en évite les écueils : ni jargonneur ni pontifiant ni lourdement systématique, l'exposé permet d'apprécier pleinement la profondeur des réflexions et analyses développées, avec autant de rigueur que de circonspection, sur « l'articulation d'une philosophie du sujet et de questionnements techniques » concernant l'écriture de la fiction.

Sous le nom savant d'endophasie, la psychiatrie désigne une « formulation verbale interne de la pensée non exprimée avec représentation mentale de sa propre voix », objet qui constitue un défi à toute étude linguistique en ceci qu'il n'offre aucun corpus attesté, aucun même qui puisse jamais l'être directement. Mais le phénomène n'en demeure pas moins observable, via la médiatisation romanesque, à travers un ensemble complexe de reconstitutions fictionnelles dont l'élaboration même est censée simuler une parole proférée in petto, en toute spontanéité. D'où le réalisme des projets littéraires de ce type, et la pertinence d'une approche stylistique qui peut seule en détailler les procédés de modélisation. Conscient des limites epistemologiques de son investigation - il n'ambitionne point d'induire une vérité à partir d'une formalisation littéraire -, Gilles Philippe en mesure aussi tout l'enjeu, qui est « de voir comment, à un moment donné, une communauté culturelle a pu concevoir une réalité psycholinguistique précise ». Ainsi est-ce bien en termes de représentation textuelle que le discours en soi est défini -comme pourrait l'être le langage populaire chez un Zola ou un Céline - même si l'objectif est également d'appréhender, en perspective, l'imaginaire et d'un auteur et d'une époque.

Une substantielle introduction rappelle en premier lieu les positions théoriques de Sartre sur la subjectivité et sur la représentation, distanciée précisément pour ne pas faire leurre, de cette « vie intérieure » dans la littérature. Puis est explicité le « contrat de lecture » qui détermine l'intelligibilité (mais aussi le repérage) du discours intérieur dans le continuum textuel. Lexpression brute, constituée en génodiscours, y est conventionnellement reconstruite et signifiée au moyen d'un discours-signe (ou phénodiscours)

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