Couverture fascicule

Charles Perrot, Jésus (= Que sais-je ? 3300), Paris, PUF, 1998

[compte-rendu]

doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 306

Charles Perrot, Jésus (= Que sais-je ? 3300), Paris, PUF, 1998, 128 pages.

Le bref Jésus de Ch. Perrot s'inscrit sur un tout autre registre que celui de Grelot et s'avère beaucoup plus contemporain, comme l'était d'ailleurs déjà son Jésus de l'histoire. On le comprendra sans peine en écoutant P. expliquer sa démarche, et celle de l'historien en général : «L'historien n'est pas tellement celui qui déclare une vérité historique à nouveaux frais, mais celui qui apprend lentement ce que l'on ne peut plus dire sur l'objet de son désir. L'historien, et l'historien croyant y compris, désigne d'abord des portes à ne plus ouvrir (...). Dans le champ de sa spécialité, il ne peut faire que ce qu'il peut, et l'on ne saurait lui en réclamer davantage sous le prétexte d'appuyer ou d'infirmer la foi chrétienne » (p. 4). Après avoir présenté les sources, chrétiennes (canoniques ou non) et non chrétiennes, à disposition en vue d'une étude du Jésus de l'histoire, P. se place sur le plan de la méthode et fait valoir que, «en dehors du commencement de l'évangile portant sur le Baptiste et la fin sur Jésus à Jérusalem, la situation chronologique d'une parole ou d'un geste de Jésus demeure problématique » (p. 30). C'est ainsi que, entre un chapitre consacré aux commencements (p. 35-51) et les deux derniers qui traitent de la Croix (p. 89-1 15) et du matin de Pâques (p. 1 16-125), le ministère de Jésus est évoqué non pas séquentiellement mais à travers le double aspect d'«une parole nouvelle » (p. 52-61) et «des gestes libérateurs » qui l'accompagnent (p. 62-77) et au prisme de la question posée de l'identité du Nazaréen (p. 78-88). Les séquences envisagées de la sorte prennent un relief d'autant plus net que l'auteur privilégie, parmi les critères historiques habituellement utilisés, celui de la dissimilarité ou de la différence » (p. 34). Cela donne à son propos, souvent brillant, netteté et tranchant. Il faut ajouter que P. n'hésite pas à prendre de la distance par rapport à ses sources en les analysant pour en tirer le plus grand parti.

Nous illustrerons cela par deux exemples. P. souligne l'importance et la signi¬ fication du geste baptismal de Jean, le prêtre, qui propose, en marge du Temple, un rite d'eau en lien avec le pardon des péchés et qui concurrence les rites proposés au sanctuaire (p. 47). Après avoir rappelé que Jésus a selon toute vraisemblance rejoint, dans un premier temps, Jean dans son activité baptismale, il enregistre qu'il a pourtant abandonné cette pratique. Cet abandon lui apparaît hautement révélateur. C'est que, note-t-il, pour Jésus, «le pardon de Dieu, et donc aussi l'introduction aux temps derniers du salut et du règne de Dieu, ne passait plus désormais par quelque geste d'eau que ce soit mais par sa propre personne » (p. 49). P. propose aussi une exégèse tout à fait suggestive du logion de Mt 1 1,18-19 en suggérant que l'accusa¬ tion selon laquelle Jésus serait un glouton -littéralement un dévoreur de viande -et un ivrogne s'explique par le fait que, en marge du Temple où étaient distribuées les viandes des sacrifices de communion, il partage des repas de fête, mais d'«une fête hors du Temple, la fête d'un règne de Dieu en train de mûrir» (p. 51). D'aucuns hésiteront sans doute à suivre P. sur le terrain d'une interprétation aussi résolument tranchée (voir aussi l'interprétation qu'il propose, p. 88, du récit de la Transfiguration conçu en l'occurrence comme expression post-pascale du mystère de la personne de Jésus). Mais, selon nous, la liberté qu'il s'accorde de proposer des hypothèses de lecture qui, par-delà les seuls faits avérés, rendent compte de l'itiné¬ raire du Nazaréen et de son devenir dans la mémoire des disciples, relève du

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw