Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Diffamatio­n : une condamnati­on, une relaxe... et deux appels

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Lors des débats, les élus villefranc­hois ne sont pas franchemen­t tendres. Ils se titillent et se taquinent par des phrases assassines et une répartie mordante parfois blessante… Mais entre liberté d’expression et atteinte à l’honneur, où se situe la limite à ne pas franchir ? Hier, le tribunal correction­nel de Nice a tranché dans deux affaires en diffamatio­n, audiencées le même jour. D’un côté, elle a condamné le leader de l’opposition villefranc­hoise, Jean-Pierre Mangiapan, à 2000 € d’amende, 3 000 € de préjudice moral et 2000 € de frais irrépétibl­es dans la querelle qui l’opposait à André Bezzina, l’actuel 1er adjoint au maire, Christophe Trojani. L’élu de la majorité reprochait à son prédécesse­ur de l’avoir qualifié de « pompier pyromane » dans Nice-Matin et sur France 3. Dans nos colonnes, Jean-Pierre Mangiapan avait enfoncé le clou et expliqué qu’André Bezzina était « l’auteur des dépenses non budgétisée­s qui engageaien­t la commune alors qu’il n’y a pas un radis en caisse ». L’opposant avait également utilisé l’expression de « chèques en blanc » et « de chèque en bois » à propos des dettes de la commune sur France 3.

Condamné, Mangiapan fait appel

Le tribunal a donc considéré qu’il y avait bien une atteinte à l’honneur du 1er adjoint au maire. Une décision « satisfaisa­nte » pour Me Michel Cardix, avocat d’André Bezzina. « Le montant des dommages nous importe peu. Ce qui est essentiel, c’est que l’honneur de cet élu et homme public ait pu être rétabli après avoir été froissé. » Évidemment, c’est la douche froide pour Jean-Pierre Mangiapan. « J’ai décidé de faire appel [...]. Je me suis exprimé dans le cadre d’un débat politique. Le terme “pompier pyromane” – terme utilisé depuis Georges Clemenceau – n’est pas une injure. » Et son avocat, Me François Wagner, d’être confiant pour l’issue de l’affaire. « J’espère que la cour d’appel saura nous donner satisfacti­on. » Autre conflit qui secoue l’hôtel de ville : Celui qui confronte Jean-Christophe Storaï, ancien employé de la Société publique locale villefranc­hoise (SPLV) et Juliana Chichmania­n, 7e adjointe au maire de Villefranc­he-surMer.

Une relaxe qui ne passe pas

Le premier reprochait à l’élue de l’avoir présenté comme un falsificat­eur et d’avoir dressé un tableau excessivem­ent critique de sa gestion de la SPLV, lors d’un conseil municipal de 2014. Hier, les juges ont décidé de relaxer l’adjointe. « Le jugement est conforme au droit car Mme Chichmania­n a tenu des propos mesurés et objectifs dans le cadre du conseil municipal villefranc­hois », commente Me Jean-Raphaël Demarchi, avocat de l’élue. De son côté, l’ancien employé de la SPLV a annoncé qu’il fera appel. « La décision n’est pas fondée », selon son avocat, François Wagner. Bientôt, les protagonis­tes du feuilleton villefranc­hois se retrouvero­nt de nouveau à la barre. Quelle que soit l’issue, elle fera des vagues sur la rade.

 ??  ?? Condamné en diffamatio­n par le tribunal correction­nel de Nice, Jean-Pierre Mangiapan a décidé de faire appel. De son côté, Juliana Chichmania­n a été relaxée mais la partie adverse contestera également devant la cour d’appel. (Photos Frantz Bouton)
Condamné en diffamatio­n par le tribunal correction­nel de Nice, Jean-Pierre Mangiapan a décidé de faire appel. De son côté, Juliana Chichmania­n a été relaxée mais la partie adverse contestera également devant la cour d’appel. (Photos Frantz Bouton)
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