Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Diffamation : une condamnation, une relaxe... et deux appels
Lors des débats, les élus villefranchois ne sont pas franchement tendres. Ils se titillent et se taquinent par des phrases assassines et une répartie mordante parfois blessante… Mais entre liberté d’expression et atteinte à l’honneur, où se situe la limite à ne pas franchir ? Hier, le tribunal correctionnel de Nice a tranché dans deux affaires en diffamation, audiencées le même jour. D’un côté, elle a condamné le leader de l’opposition villefranchoise, Jean-Pierre Mangiapan, à 2000 € d’amende, 3 000 € de préjudice moral et 2000 € de frais irrépétibles dans la querelle qui l’opposait à André Bezzina, l’actuel 1er adjoint au maire, Christophe Trojani. L’élu de la majorité reprochait à son prédécesseur de l’avoir qualifié de « pompier pyromane » dans Nice-Matin et sur France 3. Dans nos colonnes, Jean-Pierre Mangiapan avait enfoncé le clou et expliqué qu’André Bezzina était « l’auteur des dépenses non budgétisées qui engageaient la commune alors qu’il n’y a pas un radis en caisse ». L’opposant avait également utilisé l’expression de « chèques en blanc » et « de chèque en bois » à propos des dettes de la commune sur France 3.
Condamné, Mangiapan fait appel
Le tribunal a donc considéré qu’il y avait bien une atteinte à l’honneur du 1er adjoint au maire. Une décision « satisfaisante » pour Me Michel Cardix, avocat d’André Bezzina. « Le montant des dommages nous importe peu. Ce qui est essentiel, c’est que l’honneur de cet élu et homme public ait pu être rétabli après avoir été froissé. » Évidemment, c’est la douche froide pour Jean-Pierre Mangiapan. « J’ai décidé de faire appel [...]. Je me suis exprimé dans le cadre d’un débat politique. Le terme “pompier pyromane” – terme utilisé depuis Georges Clemenceau – n’est pas une injure. » Et son avocat, Me François Wagner, d’être confiant pour l’issue de l’affaire. « J’espère que la cour d’appel saura nous donner satisfaction. » Autre conflit qui secoue l’hôtel de ville : Celui qui confronte Jean-Christophe Storaï, ancien employé de la Société publique locale villefranchoise (SPLV) et Juliana Chichmanian, 7e adjointe au maire de Villefranche-surMer.
Une relaxe qui ne passe pas
Le premier reprochait à l’élue de l’avoir présenté comme un falsificateur et d’avoir dressé un tableau excessivement critique de sa gestion de la SPLV, lors d’un conseil municipal de 2014. Hier, les juges ont décidé de relaxer l’adjointe. « Le jugement est conforme au droit car Mme Chichmanian a tenu des propos mesurés et objectifs dans le cadre du conseil municipal villefranchois », commente Me Jean-Raphaël Demarchi, avocat de l’élue. De son côté, l’ancien employé de la SPLV a annoncé qu’il fera appel. « La décision n’est pas fondée », selon son avocat, François Wagner. Bientôt, les protagonistes du feuilleton villefranchois se retrouveront de nouveau à la barre. Quelle que soit l’issue, elle fera des vagues sur la rade.