Jérôme Lindon : "Si les librairies les plus fragiles disparaissaient, on ne publierait pas certains livres" : épisode • 4/4 du podcast Nuits magnétiques - Les libraires

 La librairie "Les Sandales d'Empédocle" à Besançon (Doubs), 29 avril 2020. ©Radio France - Jean-François Fernandez
La librairie "Les Sandales d'Empédocle" à Besançon (Doubs), 29 avril 2020. ©Radio France - Jean-François Fernandez
La librairie "Les Sandales d'Empédocle" à Besançon (Doubs), 29 avril 2020. ©Radio France - Jean-François Fernandez
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Dernier épisode de la série de "Nuits magnétiques" consacrée aux librairies en 1988. A Paris, Quimper, Aix, Toulouse, Grenoble, des libraires racontent ce qui les a attirés et dévoilent la réalité de leur métier. Certains sont devenus éditeurs, comme François Maspero et Gérard Bourgadier.

Avec
  • Francois Maspero
  • Jérôme Lindon Editeur, président des Editions de Minuit
  • Bernard Wallet Fondateur des éditions Verticales, écrivain
  • Françoise Prunair Libraire, de la librairie de l'Université à Grenoble
  • Michelle Ferradou Libraire de "La Terrasse de Gutenberg" à Paris
  • Simone Mussard Responsable des librairies Fnac
  • Gilles Thomas Fonctionnaire à la Ville de Paris et spécialiste des sous-sols parisiens
  • Valérie Martin Libraire, de la librairie "Voyelles" à Paris
  • Bernard Guillemot Libraire à Quimper, poète et éditeur
  • Sidney Habib Libraire à Aix
  • Christian Thorel Co-fondateur de la librairie Ombres Blanches à Toulouse
  • Gérard Bourgadier

En 1988, Laure Adler rencontre ceux qui, par hasard ou pour l'amour des livres le plus souvent, ont choisi de devenir libraires, une profession qui leur garantissait de ne jamais devoir faire fortune. Parmi eux, François Maspero, qui confiait qu'avant de l'exercer, il pensait que c'était un métier tranquille dans lequel il ne lui arriverait jamais rien. Comme on va l'entendre le dire : "Ça s'est passé un peu différemment".

Des grandes librairies parisiennes aux petites librairies de quartier, un seul credo : susciter la lecture

Dans des grandes librairies parisiennes ou des petites librairies de quartier, on y entend le rôle essentiel des libraires et leur capacité à vendre par centaines le même livre, le même roman, simplement parce qu'ils l'aiment et savent en recommander la lecture à leurs clients. Il est aussi question de la disparition progressive des librairies, de la place de la FNAC dans les années 80 et du manque de communication entre les libraires et les maisons d'édition.

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Gérard Bourgadier, directeur des éditions Denoël, évoque son travail dans la librairie place Clichy qui appartenait à Jean-Jacques Pauvert et Régine Deforges. Il y découvre rapidement "le rôle essentiel du libraire qui est de susciter de la lecture. Un libraire peut à lui tout seul, même dans une petite librairie, vendre trente exemplaires d’un livre dont on ne parle pas. Simplement par le contact, par la persuasion. Vous savez il y a des gens qui rentrent en disant : "Qu’est-ce qu’il y a de bien ?" Alors à ce moment-là le libraire a un rôle incroyable".

François Maspero se souvient de ses débuts en 1956 et de sa découverte du quotidien d'un libraire : "Les gens vous disent toujours : 'C’est merveilleux vous vivez au milieu des livres'. Mais c’est comme dans tous les métiers où on a affaire aux livres, on a très peu de temps pour les lire, ça concerne aussi bien les libraires, les journalistes, les éditeurs (…) On vit au milieu des livres, c’est épuisant physiquement On manipule des cartons, on a toujours les mains sales, sauf dans une librairie de luxe.
Un métier moins tranquille que prévu mais qui reste unique : "L’intérêt c’est s’ouvrir sur le monde et pas seulement faire entrer des petits morceaux de monde dans sa librairie".

Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit, convaincu du rôle des libraires, raconte le succès de La Salle de bains de Jean-Philippe Toussaint, vendu à 50 000 exemplaires en France, après avoir été déposés et vendus majoritairement dans des petites librairies. Un rôle de prescripteur essentiel, relayé ensuite par les grandes librairies et la FNAC : "Si les librairies les plus fragiles disparaissaient on ne publierait pas certains livres".

Retrouvez l'ensemble du programme d'archives "Vive les libraires !", proposé par Albane Penaranda.

  • Par Laure Adler
  • Textes d’Armand Robin "Le temps qu'il fait"
  • Réalisation : Jean Couturier
  • Nuits magnétiques - Les libraires 4/4 : Le radeau des libraires (1ère diffusion : 22/04/1988)
  • Edition web : Véronique Vecten, Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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