Responsabilité, entreprise, civilisation : un nouveau cycle est-il possible ?
Par Maison de la Recherche en Sciences Humainesl'activité des entreprises n'a pas seulement un impact sur les rapports sociaux ou sur l'environnement. Elle participe aussi de la dynamique des connaissances, de la détermination des modes de vie, des cultures ou des écosystèmes.
Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé Entreprise, responsabililté et civilisation : un nouveau cycle est-il possible ? qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 27 mai au 3 juin 2019, sous la direction de Kevin LEVILLAIN, Blanche SEGRESTIN et Stéphane VERNAC.
L'entreprise était jusqu'à récemment un "point aveugle du savoir", réduite à un acteur économique ou à un lieu de production et de confrontation entre capital et travail. Or, plusieurs travaux récents et le contexte contemporain conduisent à reconnaître aujourd'hui la capacité qu'a l'entreprise de transformer le monde. Cette capacité de transformation a des conséquences multiples. Ce sont le plus souvent les conséquences "négatives" qui sont discutées : pollutions, consommations excessives des ressources naturelles, inégalités sociales. Pour autant, depuis 150 ans, l'entreprise contribue aussi à construire notre culture en introduisant de nouvelles technologies, de nouvelles médecines et de nouveaux arts.
Philosophe, juriste, François Ewald est professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers où ses travaux portent plus particulièrement sur la politique du risque. Ancien assistant de Michel Foucault au Collège de France, il a créé l'Association pour le centre Michel-Foucault. François Ewald est délégué général du Comité Médicis. Sa publication la plus récente est : Aux risques d'innover : Les entreprises face au principe de précaution_, Autrement, 2009._
Responsabilité, entreprise, civilisation : un nouveau cycle est-il possible ?, par François Ewald
52 min
Nous vivons un nouveau temps de la responsabilité des entreprises : en-dehors ou au-delà d'une référence à des obligations légales, on demande aux entreprises, en raison des pouvoirs qu'elles exercent, d'expliciter ce dont elles s'estiment devoir répondre, non seulement aux apporteurs de capitaux, mais à la société. Il ne s'agit pas seulement pour elles de définir leur raison d'être ou leur mission, mais de leur vision des conséquences de leur activité pour la société. Mais cette demande est-elle si nouvelle ? Le triangle "responsabilité, entreprise, civilisation" n'accompagne-t-il pas la présence d'acteurs économiques et financiers dans la cité ? Et pour comprendre le moment contemporain, ne convient-il pas de le comparer aux figures précédentes qu'il a pu prendre ?
Références