Élection en Russie : "C’est très compliqué de jauger du soutien réel à Vladimir Poutine"

Le président russe Vladimir Poutine, le 14 mars 2024. ©AFP - Mikhail Metzel
Le président russe Vladimir Poutine, le 14 mars 2024. ©AFP - Mikhail Metzel
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Le président russe Vladimir Poutine, le 14 mars 2024. ©AFP - Mikhail Metzel
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Les Russes ont commencé à se rendre aux urnes vendredi pour voter à la présidentielle qui doit reconduire Vladimir Poutine pour un nouveau mandat sans opposition, au moment où l'Ukraine, confrontée à une offensive russe depuis deux ans, multiplie ses attaques contre la Russie.

L'élection présidentielle se tiendra sur trois jours, y compris dans les territoires occupés par la Russie en Ukraine ou encore en Transdniestrie, territoire séparatiste prorusse de Moldavie. Peu avant le début du scrutin, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 24 ans, a enjoint à ses compatriotes de ne pas se "détourner du chemin" et de faire un vote "patriotique" en ces temps "difficiles". Le chef de l'Etat sortant fait face à trois candidats sans envergure qui ne s'opposent ni à l'offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition et a culminé avec la mort en prison mi-février du principal opposant, Alexeï Navalny. Le seul opposant à avoir tenté de se présenter, Boris Nadejdine, a vu sa candidature rejetée.

Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou :

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"Cette campagne électorale n’a quasiment pas existé dans l’espace public russe. Vladimir Poutine n’a pas fait campagne. La campagne n’a pas vraiment existé. Il y a eu ces derniers jours les dernières interviews de dernières minutes que donne Vladimir Poutine, pour appeler les Russes à aller voter. Il n’y a pas d’affiches électorales du président candidat, cela n’existe pas."

Ksenia Bolchakova, journaliste à l’agence CAPA, prix Albert-Londres 2022, a réalisé "Ukraine, sur les traces des bourreaux" :

"Il y a beaucoup de Russes qui sont attachés à une Russie forte, une Russie qui aurait regagné sa place sur la place internationale après la débâcle des années 90. Cela ne veut pas dire que tous les russes sont derrières Vladimir Poutine. Il est impossible de mener des sondages d’opinion valides dans un pays qui est en guerre. La plupart des médias indépendants sont partis du pays. L’opposition est soit en exil, soit en prison, soit assassiné. Une grande partie de la population vit dans la terreur et la peur de la répression. C’est très compliqué de jauger du soutien réel à Vladimir Poutine. Le peuple russe ne marche pas au pas par adhésion, mais parce qu'il a peur, parce qu'il s'en fout parfois, parce qu'il préfère fermer les yeux et survivre."

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Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques :

"La stratégie de communication d'Emmanuel Macron vis-à-vis de la Russie est assez cohérente par rapport à ce qui marche dans la culture de négociation russe, dans la manière dont les affaires sont conduites et les conflits sont réglés. Ce qu’il a essayé de faire au début de la guerre, en jouant sur le lien personnel pour essayer de construire quelque chose. Cela fait parti des choses que l’on pratique au sommet de l’Etat comme à des niveaux plus bas. Déclarer que l’on est prêt à tenir sa position, c’est quelque chose qui est valorisé dans la culture de la négociation russe."

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