Dans l'air du temps

Le chanteur Nilda Fernández, un homme profondément libre

Nilda Fernández en concert lors du festival des Francofolies de La Rochelle en juillet 1992, France.

© Getty Images/Eric Catarina/Gamma-Rapho

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Par Réal Siellez

Réal Siellez nous parle de Nilda Fernández, un musicien profondément libre.

C’est un homme qui a considéré que son métier n’était absolument pas lié à un "star-système". Nilda Fernández, un homme à la voix particulière, aiguë et matte. C’est l’histoire d’une poésie qui s’invite fin des années 80 dans une industrie de chanson francophone très fragmentée sur ce qu’est l’identité de la chanson française. Né à Barcelone dans une famille andalouse, Nilda Fernández arrive en France à l’âge de six ans, et il chante depuis tout petit. Avant de connaître son succès à lui tout seul, jeune adulte il chante déjà notamment avec sa sœur, dans un groupe qui s’appelle Les reflets.

Il enregistre en 1981 son premier album solo Le bonheur comptant sous son véritable nom Daniel Fernández et se fait remarquer pour sa voix particulière, mais… c’est un artiste en quête de liberté et appartenir à une maison de disques ne lui va pas, il se retire pour vivre différents métiers. Son premier gros succès, il l’a 6 ans plus tard au moment où il enregistre à l’Hacienda de simples singles.

Madrid, Madrid fonctionne immédiatement en francophonie et le pousse à enregistrer un album en 1991 baptisé Nilda Fernández, tout simplement. Il a retourné son prénom Daniel, pour en faire Nilda : "Je me suis aperçu que ce Daniel Fernández, c’était comme une marque sur des disques, sur des affiches… ça me dérangeait car je n’avais plus de solution de repli."

Sur le même album, la chanson Nos fiançailles devient un tube. Il remporte du même coup le grand prix de l’académie Charles Cros et la Victoire de la Musique du Meilleur Espoir masculin… Nilda Fernández dénote par sa grande générosité dans sa démarche artistique.

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Pour Nilda, la chanson va avec le voyage. En 1994, il part en Argentine pour vivre son métier, il écrit des romans, il s’installe aussi à New York où il rencontre le pianiste dominicain Michel Camilo avec qui il enregistre un album, Innu nikamu.

Une critique parlera de cet album dans ces termes : "d’une élégie amoureuse à une œillade sans fard, d’une solitude farouche à une fraternité fondante, Innu Nikamu – 'l’être humain qui chante', en indien montagnais – renoue avec le meilleur de Nilda." Et puis Nilda prend le large et part en roulotte pour chanter… et cet atome libre-là, raconte beaucoup sur comment il a dû gérer les quelques succès qui lui sont arrivés en revenant toujours à la source, la création et la rencontre du public. Admirateur de Ferré et de Barbara, ami de Nougaro, il sortira en 1999 un album hommage aux plus grands et plus grandes qui s’intitule tout simplement Mes hommages.

Puis à nouveau, n’écoutant que la beauté de ce qui s’offre à lui, il part en Russie. Là-bas, il sort deux énormes tubes et revient en France, en passant par Cuba. Il publie des livres, crée un spectacle de cirque, joue une comédie musicale… Fernández, c’est l’homme qui ne se destine qu’à vivre les choses dans lesquelles il peut exercer la sincérité de son art, et l’authenticité de la rencontre. Il fermera les yeux en 2019 à cause d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 67 ans.

Nilda Fernandez avec Madrid, Madrid en 1987 sur le single du même nom… c’était dans l’air du temps, ça l’est toujours.

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