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Vasectomie : en quoi consiste cette opération à visée contraceptive ?

Publié par Manon Duran  |  Mis à jour le par Sylvie Gotlibowicz

La contraception est encore souvent malheureusement une affaire de femmes. Mais la vasectomie permet de renverser la vapeur. Longtemps marginalisée en France car considérée comme mutilante, cette méthode définitive de contraception masculine séduit désormais de plus en plus. En quoi consiste-t-elle ? Qui peut y prétendre ? Quels sont les avantages et les inconvénients ? Comment se déroule-t-elle ?

La vasectomie est une méthode de stérilisation masculine. Cette opération, qui consiste à sectionner les canaux déférents transportant les spermatozoïdes, a longtemps été délaissée en France. Pour cause ? La première loi de bioéthique (1994) l’interdisait. Elle a longtemps été considérée comme une mutilation corporelle, mais a finalement été autorisée en 2001.

Depuis, l’idée d’une contraception masculine a fait son chemin. Meilleure information, partage de la charge contraceptive, économies… de plus en plus d’hommes s’intéressent désormais à cette opération, et y ont recours. Entre 2010 et 2022, selon une étude conjointe de l’Assurance maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le nombre de Français ayant eu recours à une vasectomie a été multiplié par 15 (source 1) : 30 288 vasectomies ont été réalisées en 2022, contre 1 940 en 2010.

Définition : qu’est-ce que la vasectomie ?

La vasectomie est une brève opération chirurgicale qui consiste à ligaturer les canaux déférents pour empêcher les spermatozoïdes de se mélanger au liquide séminal. Elle engendre une stérilisation définitive : le liquide séminal ne contient plus de spermatozoïdes (azoospermie).

En France, sa réalisation est encadrée par la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception (source 2). Un délai de réflexion de 4 mois est nécessaire entre la première consultation et la réalisation de la stérilisation. Un consentement écrit doit également être signé avant l’intervention (article L.2123-1 du Code de la santé publique).

Pour rappel, la stérilisation masculine ne protège pas contre les infections sexuellement transmissibles.

Pour qui ? À partir de quel âge chez l’homme ?

La vasectomie s’adresse aux hommes qui souhaitent une contraception permanente. Selon la loi, « elle ne peut être pratiquée que si la personne majeure intéressée a exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une information claire et complète sur ses conséquences ». Les mineurs et les « personnes majeures dont l’altération des facultés mentales constitue un handicap » ne peuvent pas en bénéficier.

Aucune condition d'âge (au-delà de 18 ans), de nombre d'enfants ou de statut marital n'est exigée. (source 3).

Comment faire une vasectomie ?

Il existe deux techniques d’intervention. Le principe reste le même - sectionner les canaux déférents - mais la manière d’accéder aux canaux diffère. On distingue :

  • la vasectomie dite « classique ». Elle consiste en deux petites incisions dans le scrotum (l’enveloppe contenant les testicules). Les canaux déférents sont coupés et une petite partie peut être retirée ;
  • et la vasectomie « sans bistouri », ou « sans scalpel ». Elle consiste à réaliser une seule petite incision au milieu du scrotum, pour sectionner les canaux. L’ouverture est réalisée à partir d’outils spéciaux. Elle est si fine que les points de suture ne sont pas nécessaires. Selon l’Association française d’urologie (AFU), cette technique est aussi efficace que la technique classique et diminue le risque d’hématome (source 4).

Une conservation du sperme peut être réalisée sur demande avant l’opération : le matériel génétique est stocké par cryopréservation dans une banque du sperme.

Quelle que soit la méthode utilisée, l’intervention est généralement réalisée sous anesthésie locale, en ambulatoire. Elle ne dure pas plus d’une quinzaine de minutes.

À savoir : après une vasectomie, les spermatozoïdes produits chaque jour restent dans les testicules et sont détruits, puis réabsorbés par l’organisme, quelques jours après leur production.

Vasectomie : quel suivi après l’opération ?

Après l’opération, le patient peut avoir mal pendant quelques jours en raison d’un œdème ou de meurtrissures au niveau de la peau au niveau des incisions. « Ces désagréments sont généralement bénins et disparaissent spontanément au bout d’une à deux semaines », précise l’AFU.

L’application d’une poche de glace, le port d’un suspensoir ou l’utilisation d’un analgésique léger peuvent soulager les douleurs modérées. Il est conseillé d’éviter l’activité physique intense et les relations sexuelles (même protégées), tant que la douleur ne s’est pas atténuée. Un arrêt de travail de quelques jours peut être prescrit.

Vasectomie : efficace après combien de temps ?

La vasectomie n’est pas efficace immédiatement. Il faut compter entre 8 à 16 semaines et environ 20 éjaculations pour que le sperme soit exempt de spermatozoïdes, rappelle la Haute Autorité de Santé (source 5). Aussi, l’AFU recommande un premier contrôle 3 mois après l’opération (au moyen d’un spermogramme), puis un second, espacé d’un mois.

Il convient donc d’utiliser une méthode de contraception supplémentaire jusqu’à ce que ces deux examens confirment l’absence de spermatozoïdes vivants.

Vasectomie : quelles complications possibles ?

Dans la grande majorité des cas, l’intervention se déroule sans complication et n’engendre pas d’effets secondaires.

Les complications les plus fréquentes sont :

  • hématome ;
  • saignements ;
  • infection temporaire ;
  • douleur aiguë ou chronique ;
  • et épididymite congestive (inflammation au niveau des testicules).

« Les complications précoces (hématome, infection, granulome, orchiépididymite, épididymite congestive) surviennent dans 1 à 6 % des cas, avec moins de 3 % de cas nécessitant une consultation médicale », indique l’AFU.

À quel point l’intervention est-elle efficace ?

La vasectomie est l’une des méthodes de stérilisation les plus fiables (99 %). « L’échec de la vasectomie (absence d’azoospermie ou survenue d’une grossesse) survient dans moins de 1 % des cas », confirme l’AFU. Elle liste trois causes principales d’échec :

  • des rapports sexuels non protégés avant que le sperme n’ait été stérilisé ;
  • le non-respect de la procédure chirurgicale. « Les taux d’échec sont généralement plus bas quand la vasectomie est réalisée par un chirurgien expérimenté », précise-t-elle ;
  • dans de très rares cas : la reperméabilisalisation spontanée, précoce ou tardive, d’un canal déférent.

En cas d’échec de l’intervention, un examen anatomo-pathologique permet d’attester que les deux canaux déférents ont bien été sectionnés.

Érection, éjaculation… Quelles sont les conséquences ?

La vasectomie ne modifie pas la libido ou la qualité de l’érection et de l’éjaculation : le sperme conserve son apparence, sa texture, et même goût !

Elle ne modifie pas non plus la production de testostérone et n’a pas d’influence sur le poids des patients.

Cette opération est extrêmement efficace. Elle ne diminue en rien la puissance sexuelle ni la virilité. AFU (Association française d'urologie.

Par ailleurs, les risques de cancer (notamment de cancer de la prostate) n’augmentent pas suite à une vasectomie.

La vasectomie est-elle réversible ou irréversible ?

La vasectomie est considérée comme une méthode de contraception irréversible - d’où les nombreuses précautions en amont de l’opération.

Mais il est possible de revenir sur sa décision en pratiquant une vasovasostomie. Cette opération de microchirurgie consiste à relier les canaux sectionnés. Elle est complexe, coûteuse, et sans aucune garantie (son succès varie de 30 à 40 %).

L’autre option qui s’offre au patient après une vasectomie est une biopsie testiculaire associée à une injection intracytoplasmique d’un spermatozoïde (ICSI). Concrètement, il s’agit de prélever les spermatozoïdes « à la source », avant de les injecter directement dans un ovocyte, par procréation médicalement assistée (PMA).

Combien coûte une vasectomie ? Quel remboursement ?

La vasectomie bénéficie d’une prise en charge par l’Assurance maladie, à condition bien sûr de respecter les dispositions prévues par la loi de 2001. En 2023, le remboursement est de 60,27 euros pour une vasectomie sans bistouri et de 65,23 euros pour une vasectomie classique.

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