En mai dernier, à l’œil nu derrière des lunettes ad hoc, on a pu observer une tache exceptionnelle à la surface de notre étoile. De la taille de quatre Terre, pour vous donner une idée. Le Soleil est un géant dont on ausculte les moindres tressaillements, notamment pour en mieux prévoir les colères. Ses taches, par exemple. Des zones froides – environ 3 500 degrés, tout de même – qui indiquent, lorsqu’elles se multiplient, un regain d’activité magnétique. Ce que l’on appelle un « maximum solaire ». Le prochain est annoncé pour 2025.
Insensiblement, l’image du Soleil évolue
Faut-il s’en inquiéter ? Les météorologues de l’espace ont l’air détendu : il s’agira d’un maximum… modeste, nous gratifiant surtout d’élégantes aurores boréales, nées de bouffées de particules émises à 150 millions de kilomètres. Pas de bug planétaire ni même d’affolement des GPS. Encore moins de souffle brûlant carbonisant tout sur son passage – notre étoile n’a qu’une influence infime sur le climat d’ici-bas. Une information rafraîchissante, alors que j’écris ces lignes tous volets fermés pour tenir l’astre à distance. La météo bégaie. Sécheresses et canicules se répètent, grillant les cultures et siphonnant les nappes phréatiques. Insensiblement, l’image du Soleil évolue. On se surprend à le regarder de travers – pas plus tard qu’hier, je me suis réjoui du spectacle matinal d’un ciel ennuagé. En un temps pourtant pas si lointain, c’est de sa présence qu’on se délectait. Mieux, on allait le chercher, toujours plus au sud. On le redoute désormais, alors qu’il n’y est pour rien. Bonne étoile fidèle au poste, dispensant ses bienfaits sans compter. Sans lui, pas de vie sur Terre, rappelle notre journaliste Loïc Chauveau. Pas de nuages ni de vent, encore moins de faune ou de flore. Pas même d’énergies fossiles…
Le Soleil, notre premier bien commun
Il est le premier bien commun : la quantité que vous en recevez n’enlève rien à celle que je reçois. Il brille pour tout le monde, éclaire et réchauffe de toute éternité. Adorer le Soleil n’était donc pas si absurde. Égyptiens, Incas et Japonais ont respectivement placé Râ, Inti et Amaterasu au premier rang de leurs divinités, alors même qu’ils ignoraient sa position dans notre système planétaire. À propos de mythologie… Avec Iter, le dernier grand rêve technoscientifique en date, c’est bien Prométhée qui semble avoir élu domicile dans le midi de la France.
Pour mémoire, il s’agit de reproduire les phénomènes de fusion nucléaire à l’œuvre au cœur du Soleil. Un projet toujours au conditionnel puisque, année après année, tout explose : les coûts, les délais… Le chemin semble encore long de Cadarache à ma lampe de chevet. En attendant, continuons à tirer profit de l’énergie solaire, en exploitant l’effet photovoltaïque, découvert par Becquerel en… 1839. Transformer la lumière en électricité : en voilà un grand pas pour l’humanité ! Nous vous souhaitons de belles vacances, avec en mains ce numéro estival dans lequel vous trouverez tout cela, et plus encore. Peut-être le lirez-vous entre deux bains de soleil. Un plaisir, vous l’apprendrez, auquel s’adonnait déjà Pline l’Ancien, et que nous partageons avec bon nombre d’animaux. Ne dit-on pas lézarder ?