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Fortes chaleurs et précocité : la vague qui s'apprête à envahir la France va battre des records

Avec des maximales atteignant les 40°C localement et des minimales tournant autour des 20°C au nord comme au sud, Météo-France prévient que cette vague de chaleur va battre des records de température pour un mois de juin. Elle devrait aussi battre le record de précocité détenu par juin 2017. Un épisode exceptionnel que les experts n'hésitent pas à lier au changement climatique.

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Au soleil de midi, un thermomètre indique 37 degrés Celsius.

Des maximales de 35 à 39°C sont attendues entre mercredi 15 et dimanche 19 juin 2022. 

PATRICK PLEUL / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

La vague de chaleur qui se dirige actuellement vers la France et qui sévit déjà en Espagne sera l'épisode chaud le plus précoce jamais enregistré. Les premiers pics de chaleur sont attendus, dès mercredi 15 juin 2022, dans le sud-ouest de la France avec des maximales situées entre 35 et 39 °C entre la Nouvelle-Aquitaine et la vallée du Rhône. L’épisode se poursuivra le long de la côte atlantique et se propagera sur toute la France jusqu’à une nette baisse des températures dimanche avec l’installation prévue, par le nord-ouest, d’une dégradation orageuse.

D'où vient cette vague ?

Cette remontée d’air chaud est due à une dépression isolée, localisée entre les Açores et Madère (au large du Portugal). "Ces vents cycloniques (qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre), générateurs de vague de chaleur, aspirent les masses d’air sahariennes pour les propulser vers les plus hautes latitudes créant ainsi des panaches d’air chaud comme celui qui va s’étendre sur la France mercredi, explique, sur Twitter, Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au CNRS. Ce genre de dynamique de cellule advective (transport d'un air chaud et sec par les vents de Sud) est classique de la saison et de la région. "

Carte de la tentacule de chaleur remontant vers l'Espagne vers la France. Prévision pour le vendredi 17 juin. (source: PolarWx/Tomer Burg)

Point météorologique et prévision

Météo-France prévoit un pic d’intensité entre jeudi et samedi pouvant atteindre 40°C localement sur la façade ouest. “Au niveau des températures minimales, elles aussi vont progresser pour ne plus redescendre en dessous de 18 à 22°C pour la moitié sud et de 16 à 20°C pour la moitié nord, explique Christine Lac, responsable de la permanence "prévision" de Météo-France. Le sud-ouest sera particulièrement touché et voit, dès mardi, une dizaine de ses départements passer en vigilance jaune pouvant évoluer en orange durant l’épisode.”

Pour rappel, le terme " vague de chaleur" est défini, en France, par des seuils donnés par l’indicateur thermique (température moyenne à l’échelle de la France) caractérisé par Météo-France. "Il n’y a pas de définition précise du phénomène", rappelle Christine Lac. Les seuils caractéristiques d’une vague de chaleur déterminent son intensité et sa longueur tel que :

  • Doit être supérieur ou égal à 25,3°C au moins 1 jour durant l'épisode ;
  • Doit rester supérieur à 23,4 °C pendant au moins 3 jours ;
  • Ne doit pas descendre une seule fois sous 22,4°C ;

À noter que les températures fournies par Météo-France sont les températures de l’air "sous abri" et non les températures ressenties. La différence réside dans la perception physiologique de chacun, pouvant être influencée par les vents, l’humidité, l’ensoleillement, l’environnement (urbain, forêts, etc…), etc.

Record de précocité 

Comme indiqué plus haut, cette vague de chaleur va surement marquer le record de précocité jamais enregistré. "Depuis les premières mesures nationales de température, en 1947, le record de précocité était établi au 18 juin 2017. L’indicateur thermique de cet épisode 2022 atteindra probablement les 27°C dès le 15 juin, dépassant ainsi le précédent record", déplore Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France.

"Depuis 1947, ce n’est pas moins de 43 vagues de chaleur qui ont été recensées en France, révèle le climatologue. Parmi elles, 9 ont eu lieu avant 1989, le reste entre 1989 et 2020. Soit 3 fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que durant les 42 années précédentes. La dernière en date, d’août 2020, s’inscrit dans les 19 recensées depuis 2010."

Vagues de chaleur observées en France de 1947 à 2022. (source: Météo-France)

Le changement climatique, amplificateur de vagues de chaleur

Le GIEC est clair sur ce point, les épisodes de chaleur vont être de plus en plus fréquents, longs et intenses. Les prévisions climatiques du dernier rapport DRIAS, sortit fin 2020, indiquent que, peu importe le scénario RCP (pour "Representative Concentration Pathway " en anglais, "Trajectoires représentatives de concentration" en français), la longueur et l’intensité des vagues de chaleur augmenteront. Ces 4 scénarios, établis par le GIEC, se basent sur les concentrations de gaz à effet de serre pour modéliser des trajectoires climatiques.

Les 4 scénarios RCP établis par le GIEC. (source GIEC)

Le scénario prédisant une baisse drastique des gaz à effet de serre dans l’atmosphère prédit, malgré cette baisse, une multiplication par deux du nombre de jours de vagues de chaleur dans le futur. Les scénarios plus pessimistes indiquent une multiplication par un facteur 3 à 4 jusqu’à 5 à 10 du nombre de jours de vagues de chaleur, pour des émissions modérément réduites à pas du tout. Météo-France indique également que "l’épisode de juillet 2019 aurait été moins intense de 1,5°C à 3°C sans changement climatique" selon une étude de World Weather Attribution à laquelle Météo-France a participé. 

Le climatologue Christophe Cassou, auteur principal du 6e rapport du GIEC rappelle que "les extrêmes ont toujours existé mais l'influence humaine modifie leurs statistiques et favorise l’émergence de phénomènes très rares/exceptionnels, même au niveau de réchauffement planétaire actuel. Chaque incrément de degré supplémentaire augmente les risques et les souffrances. Les risques dus aux événements extrêmes sont de plus en plus complexes et difficiles a gérer."

Santé publique France, en collaboration avec Météo-France, rappelle que "les personnes à risque ne doivent pas sortir pendant les pics de chaleur journaliers, rester au frais et ne doivent pas attendre d’avoir soif pour s’hydrater. La précocité de cet épisode n'a pas encore laissé le temps à nos organismes à s'habituer aux fortes chaleur, il est donc primordial de respecter ces indications".

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