Quelle mouche a bien pu piquer Jean Guion ? Dans son livre «Blaise Compaoré – Réalisme et intégrité : portrait de l’homme de la rectification au Burkina Faso», paru en juin 1991, il frappe dans tous les sens, traitant Thomas Sankara de «démagogue» et affirme, catégorique, que «l’amateurisme (était) la véritable caractéristique du système Sankara, tant au plan économique, politique, social que de la politique étrangère». Et vous savez ce qu’il dit de Blaise Compaoré ?

«C’est un homme d’une stature internationale incontestable, un homme réfléchi, de dossier (…) Sa puissance de travail semble sans limites…». Dans la «tête» de Guion, Sankara semble être le démon et Blaise, l’ange, le sauveur. Mais celui que l’on qualifie de «griot de Blaise Compaoré» peut-il vraiment détruire l’image Sankara ?

Jean Guion (photo : cisab.org)

Jean Guion peint en noir les projets entrepris par la Révolution. Et il ne fait que décocher des flèches sur Thomas Sankara. Epargnant, bien sûr, Blaise Compaoré. Dans son livre, il tente, avec des analyses souvent loin de la réalité, de redorer l’image de Compaoré. Traitant, du même coup, Sankara de tous les noms d’oiseau. Morceau choisi : «Révolutionnaire ayant appris le marxisme à travers des lectures souvent superficielles, Sankara croyait avoir la science infuse». Selon Jean Guion, qui prétend être un expert de l’Afrique, «Sankara ne suivait jamais les avis de ses conseillers et de ses experts». Et il ajoute que les mesures prises par le leader de la Révolution d’Août étaient «antiéconomiques et démagogiques de surcroit». Et le voici qui met encore du joli vernis sur Blaise Compaoré, tout en diabolisant Thom Sank: «Sankara décida, dit-il, de la suppression du paiement des loyers en 1985». Evidemment, Jean Guion est contre cette mesure sociale. Car elle a eu, selon lui, «pour résultat, de faire chuter le chiffre d’affaire du bâtiment de moitié». «Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Blaise Compaoré pour que ce secteur redémarre», affirme-t-il, tout de go, dans le portrait de Blaise Compaoré, celui qu’il qualifie de «l’homme de la rectification au Burkina Faso». D’ailleurs, Jean Guion en conclut que la première cause de «l’essoufflement de la Révolution», «tient à la personnalité même de Thomas Sankara».

Le slogan «Produisons ce que nous consommons, consommons ce que nous produisons» ? Jean Guion estime que c’est l’ «exemple le plus caractéristique de démagogie». Accusant, au passage, Sankara de faire des «calculs erronés». Bref, l’auteur du livre qualifie la période révolutionnaire d’ «épisode tragique». Et met tout ce qu’il peint en noir sur la seule responsabilité de Thomas Sankara. Sacré Guion !

Mais il ne se prive pas, à toutes les occasions, d’enjoliver Blaise Compaoré. Voici un extrait : «Avec son mètre quatre-vingt cinq et son allure juvénile, le ‘beau Blaise’ comme certains, ou plutôt certaines, le surnomment souvent, a de la présence». Et il ne s’arrête pas là : «Contrairement à beaucoup d’autres dirigeants du tiers-monde, le Président Compaoré vit dans des conditions matérielles qui sont sans aucune mesure avec celles dans lesquelles se complaisent nombre de ses homologues africains. Pas de luxe ostentatoire, pas de dépenses inutiles. Les Burkinabè sont des gens pauvres, mais dignes et économes. Le premier d’entre eux se doit d’adapter son mode de vie à celui de ses concitoyens», écrit Jean Guion. Et il ajoute que Blaise Compaoré est «un homme qui a horreur des passe-droits, des privilèges et qui ne tolère pas le népotisme». Bref, arrêtons-nous là. Guion a fait son boulot : le portrait de «l’homme de la rectification au Burkina Faso». Et il a tenté, par des manœuvres multiformes, de noyer, coûte que coûte, Sankara. Mais peut-il vraiment «détruire» Thom Sank ?

Par Sandra JOLY

—-

Les «contre-vérités» de Jean Guion

Nos lecteurs ont été très nombreux à réagir suite à la sortie fracassante de Jean Guion. Voici un extrait qui résume l’ensemble des réactions que nous avons reçues.

Monsieur le Directeur de Courrier confidentiel,

Cette note fait suite à votre article sur «L’autre enfant du Président… » paru le 10 septembre 2013. Je n’ai pas lu le livre de Jean Guion en question, mais je suis resté incrédule après la lecture des extraits que vous avez soulignés. Ces quelques extraits me convainquent que l’auteur en question est un vrai griot des temps modernes. J’ai le devoir de relever l’incongruité de ces passages qui mettent à nu le fait que certains de ces intellectuels dit «éclairés», cultivent à dessein, le mythe d’Homme providentiel qu’incarnerait le président Blaise Compaoré. Ces intellectuels travestissent l’image de l’homme Compaoré que j’ai connu et qui se caractérise par les traits suivants : la modestie, la discrétion et l’humilité. Je n’occulte pas ses défauts, car il en a comme toute créature de Dieu. Ce qui est sûr, il n’est pas un «vantard». Je suis donc surpris que l’auteur du livre lui attribue certaines déclarations qui, s’il s’avérait qu’elles viennent effectivement de lui, alors je serais convaincu une bonne fois pour toutes, que le Pouvoir l’a changé ou a révélé sa vraie nature.

Par exemple, il lui fait dire ceci : lorsqu’il entre au collège St-Joseph de Fada, «il essaya chaque année au CE1, au CE2 puis en 3e et en terminale de s’engager dans l’armée». Comment peut-il être au collège (6e à la 3e) et essayer chaque année au CE1, au CE2 et en terminale de s’engager dans l’armée ? Ces trois niveaux d’enseignement existent-ils dans un collège ? (…)

Concernant ce passage : «C’était en 1966, à l’occasion de la fête nationale du 5 août, un défilé était prévu pour les collégiens. Alors que le collège public allait fournir des tenues kaki à ses élèves, les missionnaires voulaient habiller leurs élèves avec de la percale».Ces derniers se sont révoltés. «Et qui s’imposa à leur tête ? Blaise». Invraisemblable !!! En 1966, Blaise Compaoré était en 5e. Comment a-t-il pu s’imposer à la tête de ses aînés de 4e et 3e ? En 1966, la culture d’écriture sur les murs n’était pas encore ancrée dans les habitudes des élèves.

Autre contre-vérité : le 5 août correspond à la période des vacances, les élèves sont tous rentrés chez eux; comment peuvent-ils participer au défilé pendant les vacances ? Le défilé était plutôt organisé le 11 décembre.

Le seul mouvement d’envergure au collège St-Joseph fut la grève pour protester contre le fait qu’on y préparait trop fréquemment du tô, ce met national. Cette grève, bien suivie, a valu l’exclusion des élèves meneurs et Blaise n’y figurait nullement ! Je peux citer quelques noms d’élèves exclus: Soalla Louis, actuellement ingénieur à l’ONEA, le regretté gendarme Bancé Alexis et j’en passe. D’où nous vient le rôle de meneur de Blaise Compaoré ? A l’Ecole normale de Ouagadougou, Blaise s’est fait surnommer du nom «Jubal», personnage célèbre de films western, défenseur des pauvres et des faibles. Le surnom de «baroudeur» n’est qu’une invention de l’auteur. Le livre est certainement truffé d’autres flatteries saugrenues

Bref. Voilà pour la postérité (…)”

Zémossé

Source : http://www.courrierconfidentiel.net/index.php/decryptage/575-portrait-de-blaise-compaore-l-homme-de-la-rectification

LAISSER UN COMMENTAIRE

Saisissez votre commentaire svp!
SVP saisissez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.