Rencontrez le réalisateur Marc Caro samedi à Besse-sur-Issole : " Transmettre des émotions, c'est ça notre métier"

Il est le Caro de Caro et Jeunet, réalisateurs de Delicatessen et de "La Cité des enfants perdus" : Marc Caro sera samedi au cinéma le Marilyn, pour échanger avec le public et assister à la projection de la version HD remastérisée 4K de "La Cité des enfants perdus".

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Karine Michel Publié le 28/06/2023 à 13:30, mis à jour le 28/06/2023 à 13:30
Marc Caro est un habitué du cinéma Le Marilyn, où il s'assoit toujours à la même place lorsqu'il vient assister à une projection. Photo Pierre Antoine Florentin

Il savoure, Marc Caro, de voir « La cité des enfants perdus » projeté sur l’écran du cinéma Le Marylin, à Besse-sur-Issole. Besse, la commune où il s’est installé en 2020…Natif de Nantes, Marc Caro a longtemps vécu dans le Var – son petit frère est même né à Hyères – dans sa jeunesse, dans le Vaucluse également.Alors, après des années dans les régions du Nord, il a éprouvé le besoin de retrouver la lumière du Sud de la France…Samedi, il sera dans la salle, à « écouter » attentivement les réactions du public devant le film, réalisé en 1995 avec Jean-Pierre Jeunet mais réédité – en blu-ray et dvd –, en début d’année, en version HD remastérisée 4K. Le film qui avait fait l’ouverture de Cannes à l’époque, et reçu le César des meilleurs décors, marque aussi la fin de la collaboration entre Caro et Jeunet. « On avait des envies différentes », résume l’artiste, joint par téléphone pour évoquer sa carrière et ses envies.

Qu’est-ce qu’on éprouve à l’idée d’assister à la projection de son propre film ?

Je l’ai vu tellement de fois que c’est un peu une douleur, car je vois tous les petits défauts que je n’ai pas réussi à corriger… Mais c’est super aussi de regarder le public qui a les yeux sur l’écran. Un film, comme n'importe quelle œuvre d’art, c’est un échange avec quelqu’un qui va écouter, ressentir des émotions avec ce que vous proposez. Et quand on voit que cela touche le cœur de quelqu’un, c’est un des plus grands plaisirs pour un artiste.

Qu’auriez-vous aimé modifier ?

Une fois que c’est fait, c’est fait. Mais par exemple, j’ai un grand regret pour ce film c’est qu’il n’y ait pas eu de générique aussi fou que dans Delicatessen. On l‘a imaginé, j’ai fait des centaines de dessins pour un générique qui devait être fait mais nous n’avons pas eu l’argent pour le concrétiser.

Quels souvenirs avez-vous gardé du tournage ?

C’était un gros bazar ! On a quand même construit un port dans un hangar immense ! A certains moments, quand on regardait les vagues, la fumée, les mouettes... on avait vraiment le sentiment d’être dans un port. Le cinéma est, par essence, l’outil le plus parfait pour l’illusion. Meliès ne s’était pas trompé. Arriver à transmettre des émotions et faire rire des gens, c’est quand même ça notre métier, c’est incroyable, ça s’apparente à de la magie. 

La magie Caro et Jeunet fonctionnait bien…

C’est vrai. Mais à moins qu’on nous propose quelque chose que l’on ne puisse pas refuser, je ne vois pas comment on pourrait travailler à nouveau ensemble. On a pris des voies très différentes, on avait envie d’explorer des choses personnelles qui n’intéressaient pas l’autre. 

Cinéma, bande dessinée, musique. Si demain vous ne deviez plus exercer qu’une seule de ces activités, laquelle choisiriez-vous ?

Le cinéma je pense. Faire un film regroupe toutes les autres casquettes que j’aime : le dessin avec le story-board par exemple.Faire un film c’est toucher à toutes les disciplines… C’est le média le plus complet que j’ai trouvé.

Vous avez travaillé avec de nombreux réalisateurs, Jan Kounen, Gaspar Noé pour n’en citer que deux. Qui est plus « fou » que vous ?

Ça va être difficile de départager Jan et Gaspar (rires) ce sont des folies incomparables d’ailleurs, chacun a son univers… Mais c’est ce dont j’ai besoin. Je peux aussi parler d’Alejandro Jodorowsky, avec qui j’ai plusieurs fois collaboré, même si pour le moment cela ne s’est pas concrétisé.

Avec quels réalisateurs aimeriez-vous collaborer aujourd'hui ?

J’aimerais bien finaliser un jour la collaboration et l’amitié que j’ai avec Jodorowsky justement, ça fait longtemps qu’on essaye de faire des trucs ensemble. Avec le réalisateur japonais Rintaro également, je l’admire beaucoup. Il y a aussi certains réalisateurs pour qui j’ai une grande estime comme David Lynch, tout ce qu’il fait m’époustoufle. Terry Gilliam également, un grand frère... Et Aronofsky aussi. C’est très rare de trouver aujourd’hui des réalisateurs qui vous surprennent et arrivent à vous embarquer dans leur univers.

Quelles œuvres qui ne vous appartiennent pas auriez-vous aimé créer ?

Celles qui m’ont vraiment donné l’envie de faire du cinéma : 2001 L'Odyssée de Stanley Kubrick. Je devais avoir 10- 11ans et c’était un truc incroyable. Et l’autre, un film magique que je peux voir jusqu’à plus soif, c’est La Belle et la Bête de Cocteau. avec des effets spéciaux très simples, qui remontent à Méliès… ça fait aussi référence à tout une imagerie de Gustave Doré qui illustrait les contes de Perrault etc. Qui a été pour moi une grande source d’inspiration.

Le conte est un univers qui vous convient pour quelles raisons ?

Je trouve que cela part plus de la réalité que certaines choses censées être réalistes. C’est comme la poésie, des fois cela a des fulgurances, cela va toucher au plus profond de l’être humain des choses essentielles.

Quel film vous ramène en enfance immédiatement ?

Ah… (il réfléchit) soit c’est Buster Keaton, soit une de mes sources d’inspiration très fortes c’est Walt Disney. Pour beaucoup d’enfants de ma génération, ce sont les premiers films qu’on a vus. Maintenant, cela peut être un Michel Ocelot, un Pixar, un Miyasaki…à l'époque il n'y avait rien. J’ai une grande admiration pour Walt Disney, c’était un visionnaire à mon sens, comme George Lucas. Ils ont créé les outils et la technologie pour réaliser les films qu’ils avaient en tête. 

Après-midi avec Marc Caro co-réalisateur de « La Cité des enfants perdus », samedi à partir de 15h au cinéma le Marilyn, 11 place Noël Blache à Besse-sur-Issole.  Présentation, retour sur sa carrière et projection du film dans sa version HD suivie d'une collation. Tarifs : 6,50 euros. Rens. et res.  www.cinema-lemarilyn.fr

Le rêve fou du « Terrier »

Il entretient depuis de nombreuses années le rêve fou d’adapter « Le terrier » de Kafka au cinéma. « C’est mon "Petit Prince", confie l’artiste. Mais le cinéma mondial est devenu très compliqué avec le covid, et dès que vous faites un film un peu étrange, fantastique, différent, et qui n’est pas une comédie c’est compliqué à financer… » Alors en attendant, lui qui a plusieurs casquettes – cinéma, musique, BD – c’est un livre sonore qui devrait voir le jour dans les mois qui viennent à lui les illustrations et la bande-son qui habillera la voix de Jean-Pierre Kalfon à la lecture de cette adaptation. Une œuvre « complètement autobiographique », rit-il : « elle résonne d’une universalité et d’une intemporalité qui m’ont toujours touché, je suis fasciné par les contes, la mythologie que l’humanité traîne depuis la nuit des temps. Je retrouve tout cela dans cette œuvre, qui parle de ce qu’est l’être dans son essence primitive. »

Marc Caro et Pierre Leroy, du cinéma de Besse-sur-Issole, vous donnent rendez-vous samedi à partir de 15 h. (Photo Pierre-Antoine Florentin.

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Var-Matin

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