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La Correspondance de Cicéron, ad usum lectoris - Tulliana

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<strong>La</strong> <strong>Correspondance</strong> <strong>de</strong> Cicéron, <strong>ad</strong> <strong>usum</strong> <strong>lectoris</strong><br />

FRANCOIS PROST<br />

Université PARIS SORBONNE<br />

© Prost SIAC 2009<br />

Quelques points <strong>de</strong> repère pour s’y retrouver parmi les éditions<br />

mo<strong>de</strong>rnes facilement accessibles au grand public.<br />

Telle qu’elle nous a été transmise, et en ne tenant compte que <strong>de</strong>s textes d’authenticité<br />

certaine, la <strong>Correspondance</strong> est constituée <strong>de</strong> trois grands ensembles :<br />

- les lettres à son ami Atticus ;<br />

- les lettres <strong>ad</strong> familiares, c’est-à-dire la correspondance avec les proches en général ;<br />

- les lettres à son frère Quintus, auxquelles s’ajoutent les lettres à Marcus Brutus.<br />

Dans le cas <strong>de</strong>s Ad familiares, l’éditeur original ancien a choisi d’ordonner les lettres<br />

par affinité, avant tout selon l’i<strong>de</strong>ntité du correspondant, et aussi en fonction du genre ou du<br />

sujet. Ajoutons que la <strong>Correspondance</strong> comprend un certain nombre <strong>de</strong> lettres qui ont été<br />

reçues par Cicéron, et qui sont, bien souvent, les seuls textes conservés <strong>de</strong> ces personnages.<br />

Bien entendu, en dépit <strong>de</strong> son énorme importance, l’intégralité <strong>de</strong> la <strong>Correspondance</strong> n’a pas<br />

été conservée : cela vaut surtout pour les premières décennies <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> Cicéron, avant qu’il<br />

ne prenne l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> conserver systématiquement copie <strong>de</strong> ses courriers, et les hasards <strong>de</strong><br />

la transmission ont également joué : pour exemple particulièrement regrettable, l’intégralité<br />

<strong>de</strong> la correspondance avec César a disparu.<br />

Ce classement, très ancien, a imposé le système <strong>de</strong> référencement <strong>de</strong>s lettres, retenu<br />

par tous les éditeurs (Nom du recueil, numéro <strong>de</strong> livre, numéro <strong>de</strong> lettre dans le livre).<br />

Cependant, les éditions mo<strong>de</strong>rnes se partagent entre <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> classement <strong>de</strong>s textes :<br />

conventionnel (ordre <strong>de</strong>s manuscrits), ou chronologique (confondant donc les trois recueils,<br />

mais avec toujours indication marginale <strong>de</strong> la référence tr<strong>ad</strong>itionnelle, et tables <strong>de</strong><br />

concordance).<br />

Pour une consultation commo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s textes suivant l’ordre conventionnel, on se<br />

reportera à l’édition <strong>de</strong> W.S. Watt, dans la collection <strong>de</strong>s Oxford Classical Texts, d’ailleurs<br />

saluée pour sa qualité scientifique par D.R. Shackleton Bailey (cf. infra) comme « the<br />

beginning of a new era in the textual criticism and interpretation of Cicero’s<br />

correspon<strong>de</strong>nce ». Elle comprend <strong>de</strong>ux volumes pour les lettres à Atticus, un volume pour les<br />

Ad familiares, un volume pour les lettres à Quintus, les lettres à Brutus, et les reliquats.<br />

Toutefois, conformément aux canons <strong>de</strong> cette prestigieuse collection savante, elle ne propose<br />

pas <strong>de</strong> tr<strong>ad</strong>uction ni <strong>de</strong> notes explicatives, et les préfaces aux recueils, rédigées en latin,<br />

n’abor<strong>de</strong>nt que les questions d’établissement du texte : l’ensemble ne s’<strong>ad</strong>resse donc qu’au<br />

public spécialisé.<br />

En France, l’édition universitaire en 11 volumes (Collection <strong>de</strong>s Universités <strong>de</strong> France,<br />

aux Belles Lettres), est l’unique édition francophone complète aujourd’hui disponible, avec<br />

tr<strong>ad</strong>uction en regard et informations complémentaires (notes infrapaginales et en fin <strong>de</strong><br />

volume). Son principe <strong>de</strong> classement est chronologique, avec une subdivision selon les années


ou pério<strong>de</strong>s ; chaque subdivision est utilement précédée d’une notice, éclairant le contexte<br />

personnel et politique et présentant sommairement les textes. Son établissement s’étant étendu<br />

sur plusieurs décennies, les premiers volumes accusent parfois un peu leur âge, mais<br />

l’ensemble <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> très bonne qualité. L’unique reproche d’importance qui puisse lui être<br />

<strong>ad</strong>ressé est <strong>de</strong> pure présentation : les lettres dans leur ordre chronologique (certain ou<br />

hypothétique) sont référencées en chiffres romains, dans le corps <strong>de</strong> l’édition et surtout dans<br />

l’in<strong>de</strong>x – ce qui, s’agissant <strong>de</strong> près d’un millier <strong>de</strong> textes, est particulièrement mal commo<strong>de</strong> :<br />

on y perd littéralement son latin.<br />

Dans le domaine anglo-saxon, on doit au travail <strong>de</strong> longue haleine du professeur<br />

Shackleton Bailey (SB) l’édition qui s’est rapi<strong>de</strong>ment imposée comme l’édition <strong>de</strong> référence<br />

universelle ; celle-ci a connu plusieurs moutures et évolué par ajouts et corrections. A ce jour,<br />

son avatar ultime est facilement accessible et utilisable : il s’agit <strong>de</strong> la nouvelle édition <strong>de</strong> la<br />

collection Loeb Classical Library (proposant <strong>de</strong> petits volumes <strong>de</strong>nses et bon marché), avec<br />

texte latin, tr<strong>ad</strong>uction anglaise en regard, et informations complémentaires succinctes : 4<br />

volumes pour les lettres à Atticus, 3 pour les lettres Ad familiares, 1 pour les autres.<br />

(N.B. : L’édition SB remplace dans cette collection une édition plus ancienne, <strong>de</strong>venue<br />

obsolète : il faut donc faire bien attention en cas d’achat d’occasion.)<br />

L’édition est, comme celle <strong>de</strong>s Belles Lettres, chronologique – avec une numérotation<br />

en chiffres arabes. L’établissement du texte présente un certain nombre <strong>de</strong> choix originaux et<br />

d’interventions <strong>de</strong> l’éditeur, se distinguant <strong>de</strong>s éditions plus « classiques » (O.C.T., C.U.F.),<br />

mais contenus dans les limites du raisonnable, ce qui n’est pas toujours le cas <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong><br />

la philologie anglo-saxonne contemporaine favorisant volontiers l’intervention à outrance sur<br />

le texte <strong>de</strong>s manuscrits ; dans le cas présent, on est d’accord ou non avec ces choix éditoriaux,<br />

mais fort rares sont les cas où ils provoquent une altération vraiment sensible et contestable<br />

du texte.<br />

De la tr<strong>ad</strong>uction anglaise, <strong>de</strong> très haute tenue, on peut dire ce qu’un critique également<br />

anglo-saxon a dit d’un autre travail du même savant : son anglais est parfois à ce point<br />

« latinate » que la différence <strong>de</strong> langue en <strong>de</strong>vient peu sensible. 1<br />

Le principal défaut <strong>de</strong> cette édition, au <strong>de</strong>meurant excellente, tient à son histoire : en<br />

effet cette editio minor fait suite à une editio maior dans la collection érudite <strong>de</strong>s Cambridge<br />

Classical Texts and Commentaries, aux Presses Universitaires <strong>de</strong> Cambridge (textes originaux<br />

sans tr<strong>ad</strong>uction), et c’est dans cette seule édition que l’on trouve un substantiel appareil <strong>de</strong><br />

notes explicatives : l’édition Loeb en reprend (avec variations mineures) le texte latin, mais ne<br />

propose qu’une annotation extrêmement succinctes, largement insuffisante, bien souvent,<br />

pour éclairer le texte <strong>de</strong> manière satisfaisante pour le non-spécialiste.<br />

Cette lacune est comblée, en revanche, par <strong>de</strong>ux belles éditions italiennes récentes, qui<br />

reprennent le texte latin <strong>de</strong> Shackleton Bailey, avec tr<strong>ad</strong>uction italienne en regard et<br />

informations complémentaires originales :<br />

- Pour les Ad familiares : Cicerone. Lettere ai familiari, a cura di Alberto Cavarzere, 2<br />

vol., Biblioteca Universale Rizzoli (BUR), coll. Classici greci e latini, 2007 :<br />

classement selon l’ordre tr<strong>ad</strong>itionnel ;<br />

- Pour les lettres à Atticus : Cicerone. Epistole <strong>ad</strong> Attico, a cura di Carlo Spigno,<br />

Unione Tipografico-Editrice Torinese (UTET), coll. Classici latini – testo a fronte,<br />

1<br />

Cf. John Webster, compte rendu <strong>de</strong> M. T. Cicero, Six speeches upon his return : consultable<br />

en ligne : http://bmcr.brynmawr.edu/1992/03.05.20.html


1998 (réédition 2005) : classement chronologique <strong>de</strong> Shackleton Bailey.<br />

Dans les <strong>de</strong>ux cas, le texte <strong>de</strong> Shackleton Bailey fait, à l’occasion, l’objet <strong>de</strong><br />

corrections, qui sont toujours argumentées par l’éditeur italien, et l’information<br />

complémentaire propose d’utiles bibliographies récentes.<br />

L’édition <strong>de</strong>s Ad familiares, qui est le fruit d’un travail collectif, mérite une mention<br />

particulière, étant donnée la nature du recueil : en effet, les lettres sont abondamment<br />

annotées, et chaque livre est précédé d’une importante notice, qui détaille la spécificité du<br />

livre, informe en détail sur les correspondants concernés, restitue la chronologie <strong>de</strong>s pièces, et<br />

fournit, plus généralement, <strong>de</strong> très utiles commentaires.<br />

L’édition UTET est, quant à elle, la reprise avec couverture souple d’une précé<strong>de</strong>nte<br />

édition plus onéreuse avec couverture rigi<strong>de</strong> : le reste, c’est-à-dire l’essentiel, est inchangé.<br />

(Cet éditeur, jusqu’alors cantonné au public spécialisé, a en effet mis en place <strong>de</strong>puis quelques<br />

années une politique d’ouverture à un public plus large : les volumes <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux collections<br />

latine et grecque, qui sont toujours <strong>de</strong> beaux livres cousus, d’une belle impression, sont ainsi<br />

remis progressivement sur le marché avec couverture souple, à très faible prix.)<br />

Mettons que ce soit l’occasion d’inviter le lecteur français à découvrir les trésors <strong>de</strong><br />

l’édition italienne, dont <strong>de</strong> surcroît, nombre <strong>de</strong> produits, comme ceux-ci, sont très faciles à se<br />

procurer, à un prix défiant absolument toute concurrence (25,80€ pour les Ad Atticum, 32€<br />

pour les Ad familiares).<br />

Pour finir, je signale marginalement une édition, italienne elle aussi, du<br />

Commentariolum Petitionis (tr<strong>ad</strong>itionnellement considéré comme une lettre à Quintus), et que<br />

j’ai utilisée et déjà mentionnée dans mon travail sur ce texte :<br />

Quinto Tullio Cicerone. Manualetto di campagna elettorale (commentariolum petitionis), a<br />

cura di Paolo Fe<strong>de</strong>li, Salerno editrice, coll. Faville, 2006 (édition qui comprend aussi, en<br />

appendice, la lettre à Atticus I, 1 et le discours Pour Murena, ainsi qu’une bibliographie).<br />

L’édition du texte est bonne et la tr<strong>ad</strong>uction (annotée) d’une lecture tout à fait<br />

agréable ; mais la mention faite ici vaut principalement pour ce qui précè<strong>de</strong> : une brève mais<br />

réjouissante présentation <strong>de</strong> Giulio Andreotti, et surtout une longue préface (pp. 11-72) <strong>de</strong><br />

l’éditeur en forme <strong>de</strong> commentaire approfondi, <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> qualité.

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