Vivants sous terre
Communications, n° 105
« Vivants sous terre »
Numéro dirigé par Monique Peyrière et Évelyne Ribert
Seuil, 2019
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DESCRIPTION :
Le numéro que la revue Communications consacre à ceux, humains et non-humains, qui vivent sous terre, prend Alice, l’héroïne de Lewis Carroll pour guide et s’attache au moment inaugural où, à la poursuite du Lapin Blanc, elle s’engouffre innocemment dans un large terrier. Si ce tunnel se révèle, in fine, la porte d’entrée d’un rêve, il conduit cependant Alice à faire l’apprentissage du jeu, avec le langage autant qu’avec le corps, au cours de ses rencontres successives avec les « mirabilia » de l’underground, étrangement « vivants» dans ces lieux hostiles.
Dans le sillage des expérimentations d’Alice, les auteurs de ce numéro s’orientent dans ces lieux inédits en faisant description des manières de penser, de vivre, de faire, et d’acquérir un sens du souterrain, pour le mineur et l’écrivain, et, parmi d’autres, le combattant et le cinéaste, l’urbaniste, le biologiste et la personne qui trouve abri dans les sous-sols d’une métropole. Ils montrent comment l’on fait pour y entrer, y travailler, y habiter. Comment certains savoirs y prennent racines et comment s’inventent gestes techniques et espaces à vivre dans les interstices du sol. Comment, dans cette matière si particulière, constituée d’une profusion d’organismes vivants, des apparentements subtils se créent, des relations s’agencent, qu’il faut cartographier, dans ces bordures redéployées entre le dessous et le dessus, entre l’inerte et le vivant.
Sommaire :
Monique Peyrière
Nous, Terrestres
Johannes Mattes
Entre nature et culture : les grottes, cabinets de curiosités naturelles à l’époque moderne
Laurence Gossart
Inventer la racine, une poésie souterraine
Pénélope Patrix
Descentes fictionnelles dans les sous-mondes de Paris et de Lisbonne
Thomas Conrad
Les souterrains au XIXe siècle : des images du temps
Réjane Hamus-Vallée
Un tourisme particulier. Voyage au centre de la Terre, une aventure cinématographique ?
Patrick Cingolani
Aimer sous la terre. Retours sur une histoire future de Gabriel Tarde
Bertrand Bartz et Marion Thiba
L’esprit du mineur de fond
Anne Monjaret
« On vit avec les rats ». Expériences ouvrières des dessous de l’hôpital
Céline Rosselin-Bareille
« Pas envie d’être enterré vivant ! »
Florian Dauphin
Habiter clandestinement les carrières souterraines de Paris
Germain Meulemans
Fonder les villes : comment les terrassiers comprennent le sol
Chantal Lasbats
Dans les entrailles de New York
Marie-Caroline Meur
« Au revoir là-haut »
Franck Leibovici
sheol
Bruno Barroca
Espaces souterrains et synergies spatiales
Marc-André Selosse, Bernard Paillard et Monique Peyrière
Sous terre : bactéries et champignons en action
Anne Simon
Creuser la terre, creuser la langue. Zoopoétique de la vermine
Yoann Moreau
La terre et les rêveries de la volonté, à Fukushima
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Namio Harukawa RIP
Namio Harukawa (春川ナミオ, Harukawa Namio?), né en 1947 à Osaka et mort le 24 avril 2020, est un artiste japonais dans le domaine du dessin érotique. Namio Harukawa est un nom de plume : Namio est l’anagramme de Naomi, prénom de l’héroïne du roman Un amour insensé de Jun’ichirō Tanizaki, et Harukawa est issu du nom de l’actrice japonaise Masumi Harukawa. Son art, qui s’inscrit dans le registre du fétichisme et du sado-masochisme, dépeint des femmes rondes callipyges dominant et humiliant des hommes minces, généralement à travers la pratique du facesitting.
Si les productions nées de sa plume ont longtemps été réservées aux amateurs du genre et aux magazines spécialisés, celles-ci ont néanmoins inspiré bon nombre de dessinateurs par la suite. En 2013, 71 dessins ont d’ailleurs été exposés au musée de l’érotisme à Paris, issus pour la plupart de son ouvrage “Le Jardin de Domina”, l’histoire de la dirigeante d’une boîte de cosmétiques dominant sexuellement ses employés.
Cette pratique sexuelle, autrefois peu connue de par les non-dits de la censure, est aujourd’hui bien présente dans nos sociétés et sur les plates-formes spécialisées. Dénommée “queening” outre-Atlantique, celle-ci est devenue l’un des symboles sexuels de la domination féminine et du fantasme de l’homme soumis.
Depuis les années soixante, Harukawa Namio fait preuve d’une constance admirable dans la thématique qu’il aborde. Cela fait environ cinquante que le dessinateur japonais s’amuse à représenter un aspect particulier du fétichisme masochiste masculin, à savoir le facesitting. Il dessine sans relâche des hommes dans de multiples positions dont le visage est écrasé sous les imposantes fesses de femmes aussi belles qu’opulentes. L’exposition Garden of Domina, présente jusqu’au mois d’octobre au Musée de l’Érotisme à Paris dans le quartier de Pigalle, est la toute première exposition hors du Japon d’Harukawa Namio. L’artiste a confié au musée, dédié aux arts sensuels, plus de soixante-dix œuvres dont cinquante-neuf dessins issus de son dernier ouvrage, Le Jardin de Domina, ainsi que quatre groupes de trois images formant chacun une histoire. Une sorte de mini bande dessinée en somme, mais sans les bulles ! Car si les dessins d’Harukawa sont un prétexte pour reproduire de plantureuses femmes nues exerçant leur domination sur de petits hommes étouffés par le postérieur de leurs maîtresses, ils racontent bien une histoire. Celle d’Ôhara Kana, une ancienne joueuse de volley-ball devenue mannequin, qui s’est donnée pour mission d’éveiller les hommes « aux joies de la servitude. »
Qu’on ne s’y trompe pas, Namio Harukawa est avant tout un grand artiste au style précis et affirmé. Le dessinateur fétichiste, né à Osaka en 1947, commence à dessiner dès sa plus tendre enfance et voue très tôt une admiration pour des femmes dotées, pour le moins, d’un caractère bien trempé. Son nom de plume est un pseudonyme reprenant deux noms de femmes. Harukawa est le nom de famille d’une actrice japonaise, Masumi Harukawa, connue pour son rôle dans Désir Meurtrier d’Imamura Shôhei, sorti en 1964, qui retrace l’histoire d’une femme entièrement dévouée à son mari et qui change de vie après son viol. Namio étant l’anagramme de Naomi, l’héroïne du roman de Tanizaki Junichirô sorti en 1924, Un amour insensé, qui dépeint la vie d’un homme mûr entièrement dominé par une jeune adolescente. Le thème de la domination féminine est omniprésent dans l’œuvre de Namio Harukawa, ce thème le fascine depuis l’école primaire, période à laquelle il commence à griffonner. En véritable autodidacte, il parfait sa technique en reproduisant le style des magazines pulp japonais, des magazines peu onéreux destinés aux adolescents. Tout au long de sa carrière, il dessinera invariablement des arrière-trains triomphants pour en devenir la star. Après de nombreuses années à avoir œuvré dans la discrétion pour des revues SM sans apparaître en public, Harukawa a publié des dessins et exposé son travail dans de nombreux lieux au Japon.
H.P. Lovecraft : Fantastique, mythe et modernité
H.P. Lovecraft : Fantastique, mythe et modernité
ANTHOLOGIE Textes réunis par Jean MARIGNY & Gilles MÉNÉGALDO
Illustration de Philippe DRUILLET DERVY ,
coll. Cahiers de l’Hermétisme
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Ménage à trois
Nedjib Sidi Moussa annonce la publication dans Le Monde diplomatique de sa note de lecture au sujet de l’essai de Bruno Astarian et Robert Ferro, Le ménage à trois de la lutte des classes. Classe moyenne salariée, prolétariat et capital.
G. Magniont, Guerre civile des français sur le genre
Gilles Magniont, Guerre civile des français sur le genre,
On verra bien éd., 2020.
Les gardiens du dogme grammatical face aux bataillons de libération de la langue : voilà les apparences inévitables de la Guerre civile des Français sur le genre. Prêter main forte au « masculin qui l’emporte » ou ouvrir les bras à l’écriture inclusive ? On peut aussi, comme dans ces pages, sortir de l’alternative désormais consacrée. Et apercevoir au fil des siècles, derrière nos débats en trompe-l’œil, toute l’agitation d’un monde tour à tour irrésolu et péremptoire : des érudits empêtrés dans leurs règles d’accord, le soleil et la lune qui cherchent leur raison d’être, les salons d’Ancien Régime occupés à « féminiser les mots », des chartes qui circonviennent les fantasmes et des signes de ponctuation où affleure l’égalité.
Le genre n’est certes pas le sexe. Mais il y ressemble assez pour stimuler l’imagination des uns et les réformes vertueuses des autres, dans une guerre qui n’est pas celle que l’on croit.
Gilles Magniont enseigne l’histoire de la langue française à l’université Bordeaux Montaigne.
À commander en libraire ou directement chez l’éditeur (pas de vente sur internet).